|
Dim 05 Aoû 2007 | 22:52 |
|
|
Valéria avait suivi l'autre. Elle avait visité ce qu'il fallait. Maintenant, assise sur son lit dans l'obscurité de la chambre merdique qui semblait être la sienne, elle attendait.
Attendait quoi ?
Toutes ses affaires avaient été transférées ici. Par sa famille d'accueuil ? Sans doute. Ces connards étaient dans le coup, elle savait bien qu'on ne pouvait pas leur faire confiance ! Elle aurait simplement dû fuguer dans une autre direction. Mais cela aurait-il vraiment changé quelque chose ?
En tailleur, tête légèrement baissée, écouteurs d'un lecteur MP3 sur les oreilles, elle leva les yeux.
Quelque chose n'allait pas.
Un courant d'air. Il y avait un putain de courant d'air, et c'était anormal : ce foutu endroit était censé être mort. Sans personne. Comme… Comme s'il se débrouillait tout seul. Dans cette optique, un foutu courant d'air ne pouvait pas être considéré comme anodin. Non, c'était un coup fourré, un message, un signal. De quoi ?
Valéria se leva, doucement, en chercha la source. La garde-robe. Elle était légèrement éloignée du mur, et on pouvait voir un accès dans celui-ci. Douteux. Trop sombre pour être honnête. Trop mystérieux pour ne pas être attirant.
Elle s'arqua, poussa le meuble pour créer une ouverture suffisament grande pour s'y glisser. S'accroupit devant, et jeta un regard en bas. Rien que de l'ombre.
C'était louche. Immensément louche. Malgré ça, elle s'accrocha aux barreaux d'échelle rouillés fixés à même l'intérieur du mur. Intérieur qui semblait beaucoup plus large que le mur lui-même dans son entièreté, chose illogique en soi, mais on n'était plus à ça près.
Deux minutes passèrent, au cours desquelles elle descendit, échelon par échelon. La température baissait. Puis, sentant un vide en-dessous d'elle, elle y passa sa lampe de poche sortie du sac, pour voir que presque deux mètres la séparaient du sol. Hésitation : d'un côté, en se lançant comme ça, elle ne pourrait sans doute pas remonter par là.
De l'autre… Une sensation étrange l'envahissait. Une idée de déjà-vu, de déjà connu, d'appartenance obscure. Ouais. Il n'y avait pas de doute : elle sut, l'espace d'un instant, qu'elle ne se perdrait pas.
Et donc, elle se lâcha.
Pour atterir sur le sol d'un couloir voûté.
Et le pire dans tout ça, c'est que même si elle se méfiait, elle ne regrettait pas le geste. Puis, elle trouverait peut-être un moyen de s'enfuir en passant sous ces saloperies de grilles… _____________ Just because you're paranoid doesn't mean they aren't after you.
Kurt Cobain |
|
Valéria Rowntree Paranoïaque

|
 |
Dim 05 Aoû 2007 | 23:37 |
|
|
Comme ils étaient heureux. Comme il était beau. Comme il était gentil. Comme elle était naïve. Mais au moins, elle ne le savait pas, pas encore.
La pièce dans laquelle elle se trouvait avait tout d'ordinaire. C'était sa chambre et elle y passait la plupart de son temps. Or, sa réalité était toute autre.
La spacieuse chambre était magnifiquement décorée. Avec des airs champêtres à penchant romantique, le lit baldaquin, les fleurs, les anges… tout le tralala quoi. Tout était blanc. Différentes variantes de blanc oui, mais tout était blanc. Blanc cassé, blanc d'œuf, vanille, beige… Ça en devenait étourdissant. Et dans toute cette lumière, étalé sur le lit, reposait le plus beau des anges. Alexandre, l'homme de sa vie, l'homme de ses rêves les plus fous, était là, souriant. Elle était si près qu'elle pouvait presque glisser sa main dans ses cheveux. Assise à ces côtés, elle l'admirait, dans toute sa splendeur. C'était calme, c'était serein. Ils étaient ensemble, c'était tout ce qui comptait.
Mais, étaient-ils vraiment ensemble ?
Soudain, ce fameux courant d'air. Le genre de courant d'air vicieux, tenace et mystérieux. On ne sait d'où il vient ni où il va. Il ne fait que passer, toujours pressé, ne criant jamais gare. Et c'était ce méchant courant d'air qui avait fait fuir son futur mari. Le voilà qui fuyait vers le fond de la pièce. Une ouverture au sol et un petit escalier. Il allait s'enfuir ? La quitter, maintenant ? Déjà ? Non, non, non. Elle ne le laisserait pas partir, il n'en était pas question.
Elle courut vers ce trou dans le sol et s'y engouffra. Où était-il passé ? Il avait bien passé par-là pourtant ? Elle n'y comprenait rien. Elle continuait sa descente vertigineuse quand elle perdit pied sur la dernière marche ou, si vous préférez, le dernier barreau de l'échelle. À combien de mètres était-elle du sol? Comment fit-elle pour retomber sur ses pieds? Tant de questions sans réponses.
Voilà qu'elle aboutissait dans ce merveilleux jardin au décor enchanteur. Des arbres majestueux, des oiseaux ricaneurs, des fleurs, oui, des fleurs par milliers. De toutes les couleurs. Mais, dans toute cette végétation, elle ne retrouverait jamais Alexandre !
Elle tomba sur les genoux et, la tête dans les mains, sanglotait de nouveau. Elle l'avait encore perdu. |
|
Désirée Forester Schizophrène

|
 |
Lun 06 Aoû 2007 | 18:06 |
|
|
Pas de fleurs chez Valéria. Pas d'oiseaux. Pas d'arbres, pas de décor enchanteur. Rien que des murs gris, l'obscurité léchée et à peine dissoute par le faisceau solitaire de sa lampe de poche. L'un dans l'autre, ce décor lui allait bien : c'est effectivement ce qu'on était censé trouver dans un sous-sol.
Un jardin, ça l'aurait foutue sur le cul, pour peu qu'elle puisse encore être étonnée par quoi que ce soit.
La jeune fille s'arrêta au coin d'un couloir, son ouïe se tendit. Elle avait entendu quelque chose. Quelque chose qui ressemblait à des sanglots. En bref, on l'avait devancée. Elle n'en fut pas étonnée : les passages devaient être extrêmement nombreux, comme le suggérait la configuration totalement labyrinthique du lieu qui, comme le reste du bâtiment, semblait vivre.
Mais il n'y avait pas que ça. Ce serait trop simple. En arrière-plan, les murs semblaient gronder, la pierre lointaine se déplacer au fil de ses pas sans que rien n'en soit visible. Un son grave, traînant, qui, elle en était certaine, la suivait. Et, comme d'habitude, Valéria se rendait compte que le monde était contre elle, que tout ceci n'était une fois de plus qu'une sombre embrouille intriguante jusqu'à l'obsession et définitivement malsaine.
Sa lampe-torche chercha la source des bruits dans le couloir d'en face, puis se braqua sans ambages sur une femme à genoux dans une sorte d'habit de carnaval, qui était effectivement en train de chialer. Prudemment, doucement, elle s'avança sans rien dire. L'autre la verrait arriver, à moins qu'en plus d'être dingue, elle ne soit aussi aveugle et sourde.
En tous cas, une seule chose était sûre : elle ne partagerait sa possibilité de s'enfuir avec personne, si possibilité il y avait. Les autres pourraient bien pourrir ici, pour ce qu'ils valaient… _____________ Just because you're paranoid doesn't mean they aren't after you.
Kurt Cobain |
|
Valéria Rowntree Paranoïaque

|
 |
Lun 06 Aoû 2007 | 21:39 |
|
|
Désirée avait arrêté ses sanglots. Elle était de retour sur terre… mais pour combien de temps ? Quand elle releva la tête, le beau jardin avait complètement disparu. Plus de fleurs. Toute la magie s'était envolée, la laissant à nouveau seule avec sa tête.
L'environnement donnait mal au cœur. Que des murs gris et sales. De la rouille sur les barreaux de métal, de la boue sur le sol. Un rat probablement lui frôla la jambe.. à moins que ce soit une petite coquerelle. Elle se releva avec hâte en époussetant sa robe blanche. Elle ne la quittait plus depuis l'incident. Elle se disait que quand son amour reviendrait la chercher, elle serait prête à se marier. Elle était magnifique, cette robe. À son image, à l'image de leur amour.
Elle replaça une mèche derrière ses oreilles quand elle aperçut soudain un individu dans l'ombre. Encore une hallucination? De toute façon, quelle différence… La réalité, comme ses hallucinations, était tout à fait tangible. Elle ne pourrait différencier les deux. À la vue de l'inconnue, elle sursauta et recula nerveusement. Elle avait l'air d'une revenante. Que faisait-elle ici ? Peut-être n'était-elle même pas un humain qui plus était. Elle tremblotait à mesure que la femme s'approchait. Si elle la touchait de ses mains sales, elle partirait sans doute au pas de course. Cet endroit devenait de plus en plus insupportable. Elle devait retourner dans sa chambre. Son futur mari était peut-être déjà rentré. Il l'attendait s'était certain. Mais, comment partait-on de cet endroit ? |
|
Désirée Forester Schizophrène

|
 |
Mer 08 Aoû 2007 | 11:58 |
|
|
D'accord. Valéria faisait peur. L'un dans l'autre, ce n'était pas la première fois. Elle s'était habituée à un monde où tout semblait contre elle. Qu'il s'agisse de rejet, de peur, d'hypocrisie, aucun ne valait vraiment mieux que l'autre et n'était étonnant. Tout en gardant sa lampe droit sur les yeux de la princesse machin, elle avança encore d'un pas, doucement. Tendit sa main droite sans agressivité.
— Tout va bien. Je… ne vous veux pas de mal.
Une jeune de dix-neuf ans qui disait ça. Ca semblait si contre-nature, si… décalé. Comme toute sa vie. Mais Valéria n'avait jamais vraiment été un enfant, et jamais vraiment été une jeune. Elle n'était qu'un produit de tout ce qu'il y avait de plus mauvais dans ce monde pourri. Quelque part, bien qu'elle n'aimait pas cette pensée, elle n'était qu'une forme de victime. Une victime retournée contre l'agresseur, un animal acculé prêt à foncer et qui rendait au centuple ce qu'on lui faisait subir. Jamais elle ne pleurnicherait comme l'autre, à genoux dans une foutue cave à attendre de crever. Jamais elle ne s'arrêterait et ne se lamenterait. Non. C'était pas pour elle. Elle, elle mordait et se battait, attaquait et blessait plus qu'on ne tentait de la blesser… Et pourtant, c'était mérité. Largement. _____________ Just because you're paranoid doesn't mean they aren't after you.
Kurt Cobain |
|
Valéria Rowntree Paranoïaque

|
 |
Lun 08 Oct 2007 | 22:46 |
|
|
Désirée, quand elle vit l'autre s'approcher et tendre la main, recula contre le mur avec une telle force qu'elle fut prise de soubresauts. Incapable de dire pourquoi, cette femme représentait une phobie incompréhensible pour elle, malgré les efforts pour sympathiser tentés par l'inconnue. Soudain, son cœur se mit à battre très vite et très fort. Sa peur se transformait maintenant en colère noire… Gare à ceux sur son passage…
— Au contraire, rien ne va ma chère ! Qui me dit que je peux vous faire confiance ? Comment puis-je vous croire quand vous me dites que vous ne me voulez aucun mal ? C'est d'une telle absurdité ! Une absurdité révoltante et terrifiante. On ne peut faire confiance à personne. Surtout pas à quelqu'un de votre espèce. Ce genre d'êtres putrides qui traîne dans les égouts et les caves seulement pour faire peur et nuire aux gens civilisés !
Et voilà… Elle était partie dans ses beaux discours. Discours d'une dame de la noblesse. Trop perchée du haut de ses principes pour voir qu'il peut exister quelque chose de bien en dehors de son petit monde. Tout était méchant et mauvais en dehors de son château, voilà ses conclusions.
Elle releva le bas de sa jupe et se mit en marche, droit devant elle, passant au côté de la créature sans lui adresser un mot de plus. Ses chaussures martelaient sans relâche le sol de ciment. Vers où se dirigeait-elle ? Elle n'arriverait sans doute pas à sortir de son pétrin toute seule. Or, elle était beaucoup trop orgueilleuse pour l'admettre… |
|
Désirée Forester Schizophrène

|
 |
|