Un chemin vaut l'autre
De l'autre côté du miroir
L'Asile
FAQFAQ  RechercherRechercher  FamillesFamilles  DossiersDossiers  S'inscrireS'inscrire
ProfilProfil  Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés  Enfiler sa camisoleEnfiler sa camisole

Les sentiers de la gloire

Ouvrir un nouveau dossier  Ce dossier est clos.   L'Asile > Le cimetière
Message Lun 09 Juil 2007 | 19:04  Répondre en citant

Elle n'était tout de même pas en train de se faire draguer en plein milieu d'un cimetière ? La situation était d'un romantisme abyssal.

Ce Valérian était quand même sacrément bizarre. Ses excuses surtout laissaient Manara perplexe. Les pensait-il seulement ? Ou s'excusait-il comme lorsqu'il l'envoyait paître pour s'asseoir quand même au final ? Ah, les hommes… Incapables de faire preuve d'imagination, incapables de faire montre d'humilité. Il fallait leur souffler tout leur texte, mais qu'ils aient quand même l'impression qu'il soit d'eux.

Tout ça pour une déclaration au pied d'une tombe…

Et voilà que maintenant qu'elle lui avait dicté sa partie, Monsieur s'estimait satisfait de ses services et voulait la prendre pour souffleuse officielle, l'épouser et s'allouer ses services ad vitam ! Trop facile. Tous les mêmes ! Elle secoua la tête. Et pourquoi pas ? s'entendit-elle sussurer. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ?! Ses cheveux étaient tout de même loin des réalités. On voyait bien que ce n'était pas eux qui allaient laver les assiettes sales et repasser les costumes tristes du zigoto… Et puis ce type était du genre à battre sa femme. Le bleu qui ne tarderait pas à apparaître sur son bras en était la preuve. Il pourrait toujours s'excuser après ça… Trop facile ! Tous les mêmes !

Tandis qu'elle penchait la tête pour évaluer les dégâts infligés à ses attraits, un autre murmure lui parvint : …sortir…

Quoi ? Quoi sortir ?

Elle tilta.

S'approcha : Oui, je suis seule. Posa une main sur son épaule. Vous vous sentez mieux ? On parlera en marchant si vous voulez.

_____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents...
Stéphane Mellino
Manara Bergmann
Hystérique


Message Lun 16 Juil 2007 | 23:09  Répondre en citant

Elle ne faisait que ça. Questionner, s'agiter, le toucher. C'était une bien piètre femme pour s'abaisser si aisément à de telles inepties.

Et lui, qui était-il pour juger ?

Il était le meilleur et le plus misérable d'entre tous ; il était au-dessus, bien en dessous… Il était à part dans tous les cas. Et elle, elle, elle était commune, elle n'avait rien à dire, elle se pliait, gentiment, elle s'accommodait de la situation alors qu'il l'avait brutalisée et non, rien de rien, elle voulait marcher, elle voulait juste sortir.

Avec d'infinies délicatesses, il retira la main de Manara. La serra entre ses doigts. La trouva méprisable, insipide, mais la garda.

— Tout le monde est seul.

Il marcha d'un pas raide, mais rapide. Et il parla, car il n'y avait rien d'autre à faire.

— Je me sens mal.

Un angelot fracassé, rongé par la brume, le toisa d'un air réprobateur. Il n'en avait cure. Au fond pouvait-on dire cela avec sincérité, quand on adoptait un ton si froid, si inhumain ? Pouvait-on prononcer ces mots et rester crédible ? Le mal était-il dicible ?

— Mais ça ne fait rien.

Une vieille pierre cabossée pointa son doigt ratatiné vers ses yeux trompeurs.

— Au fond… Ça ne change rien.

Il avala sa salive, un peu de cette vapeur épaisse dans laquelle il était englué, et serra plus douloureusement la main de l'hystérique, tandis qu'ils arrivaient à la sortie du cimetière.

— Retournez donc à votre solitude, et moi à la mienne.

Et malgré cette sentence monocorde, il ne lâchait toujours pas cette paume. Ce petit fruit, il l'avait trouvé, il y tenait comme un enfant qui aurait recueilli un oisillon : il ne voudrait jamais lui rendre sa liberté mais finirait par s'en désintéresser complètement, le laisser mourir, comprenant alors que sa vie ne serait toujours qu'une suite de futilités inachevées et de déceptions amères.

_____________
La tyrannie est une habitude.
Valerian Pouchkine
Paranoïaque


Message Jeu 26 Juil 2007 | 3:03  Répondre en citant

Ah, les hommes, les hommes, les hommes.

Je me sens mal, mais ça va bien. Je suis fort, je suis puissant, je n'ai besoin de personne, je suis un mâle. Hahaha ! Les hommes. Va-t'en, mais ne pars pas. Laisse-moi, mais laisse-moi ta main. Je m'en vais, retiens-moi. Incohérents, sans aucune ligne directrice, sans aucune bravoure, sans aucun panache enfin ! Jamais ils ne s'abaisseraient à livrer le fond de leur pensée, l'exprimer, ou, au moins, agir en adéquation avec.

Car au final, c'était à elle qu'on laissait le soin de tout faire. De tout entendre, de tout deviner, mais surtout de jouer la cruche, de faire semblant de ne rien voir, mais de les satisfaire tout de même, car elle voyait tout, évidemment ! C'est si limpide, un homme !

Mais si charmant, aussi.

Malgré le peu de franchise qu'on peut imaginer au sourire qu'arbora Manara à cet instant, elle se vit pourtant rechigner à abandonner la silhouette spectrale et engoncée. Sa main restait obstinément au creux de celle de Valérian.

Mais qu'est-ce qu'elle lui trouvait ?

Il fallait qu'elle reprenne le contrôle de la situation, le contrôle d'elle-même. Elle pencha doucement la tête — tel est prise qui croyait prendre, lui glissa-t'on au passage. Ah, ça suffit, hein ! s'offusqua-t'elle, sans remarquer qu'elle avait parlé à voix haute. Elle ne voulait pas rester seule, elle avait besoin d'un peu de compagnie, voilà.

Les joues légèrement empourprées, elle se surprit pourtant une nouvelle fois en proposant à son Charon avec candeur : Où allez-vous ? C'est à mon tour d'être votre guide.

_____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents...
Stéphane Mellino
Manara Bergmann
Hystérique


Message Mar 07 Aoû 2007 | 14:22  Répondre en citant

Il l'observa avec étonnement : elle s'était offusquée, et se proposait désormais comme guide… Le rose aux joues, les cheveux ternes, les yeux brillants, elle s'offrait à lui.

Cette offre était mince, fragile ; décisive néanmoins. De quelle Famille était-elle au juste ? Il était curieux que cette question ne lui vint qu'à ce moment précis.

Il soupira. Feignit se perdre dans la contemplation d'une herbe malade, rampant entre deux tombes. Les sourcils froncés, la lèvre inférieure frémissante, il observa Manara de biais, l'air suspicieux… ou séducteur ? Non, un être tel que lui n'était pas en mesure d'amadouer, de creuser avec douceur les couches futiles de l'orgueil féminin pour s'immiscer dans leur intimité.

Il était conquérant ou il n'était rien. Il ravageait les âmes et les jetait au loin, à l'occasion. Avant de souffrir, péniblement souffrir, non pas par remords, mais par regret que la source tarie ait été si insuffisante pour combler ses attentes démesurées…

Brusquement, Valerian se souvint qu'il tenait une petite main dans la sienne ; il scruta l'enchevêtrement des doigts avec attention, comme si l'enjeu de toute la situation résidait dans ce contact d'épidermes tièdes.

— Où vais-je ? demanda-t-il d'une voix sourde, comme s'il avait à peine conscience que sa bouche et sa langue laissaient échapper quelques sons audibles.

Avec une lenteur presque insupportable, il releva la tête, et plongea ses yeux noirs dans ceux de la jeune femme.

— Où vous voudrez, répondit finalement le Paranoïaque avec une douceur inquiétante, tandis qu'un rictus amer balafrait sa bouche pâle.

_____________
La tyrannie est une habitude.
Valerian Pouchkine
Paranoïaque


Ouvrir un nouveau dossier  Ce dossier est clos.   L'Asile > Le cimetière Page 2 sur 2

 
Aller à la page Précédente  1, 2


Développement : phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Environnement et design : La Direction © Crédits et remerciements
Traduction : phpBB-fr.com