Un chemin vaut l'autre
De l'autre côté du miroir
L'Asile
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Jamais plus jamais

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Message Lun 21 Fév 2011 | 12:02  Répondre en citant

Après t'être extirpée par une drôle d'ouverture en hauteur que ta curiosité t'a poussée à tester avant les autres possibilités que te laissaient les vastes plages encore blanches sur ta feuille, te voilà dans un drôle d'endroit, Sophie-la-pluie, un bien drôle d'endroit, syndrome DADA, ducon lajoie. Sans pouvoir affirmer que tu n'étais plus dans les caves, tu le sentais pourtant nettement, et ton angoisse trouva sa confirmation dans une démonstration magistrale en deux temps.

— Premier temps : un claquement sec retentit qui te fit sursauter, survoltée, dur rocher, plus toucher.

— Deuxième temps : tandis que tu te retournais et avant que tu n'aies eu le temps de comprendre qu'il s'agissait du bruit causé par la fermeture de la sorte de trappe par laquelle tu t'étais difficilement extirpée des galeries souterraines qui t'occupaient tant, reprends ton souffle Sophie-pas-de-bruit, un ricanement sibyllin, nasal, haut perché, pas grinçant mais presque, qui faisait grincer les nerfs davantage que les tympans aurait-on pu dire, se fit entendre au loin, comme en écho du claquement dû à la fermeture de la trappe, occlusion létale, repli fœtal, oubli fatal, cloison nasale.

Que faire sinon lever les yeux de la source du claquement vers celle du ricanement ? Pour que tes mirettes perplexes se heurtassent à un plafond opaque et étanche, surplombant des murs tout aussi lisses et nus.

Pardon ? Oui Sophie, sol, murs plafonds, et c'était bien tout. Ni frigo ni télé. Oh, et pas de porte non plus, j'allais oublier de t'avertir. A tout à l'heure, Sophie !
_____________
La mort est le plus profond souvenir.
Ernst Jünger
Sophie Lefèbvre
Mélancolique


Message Lun 21 Fév 2011 | 21:39  Répondre en citant

Un endroit parfait oui, sur un parchemin secret trouvé au pied d'une marche. Silence. Ordre. Pureté. Pas d'objets empilés dans tous les sens, chacun pouvant dissimuler l'un de leurs espions, l'une de leurs surprise déplaisante. Ici tout était visible, pas de recoin dans lequel quelqu'un pourrait se cacher. Tout était visible même ses pensées étalées sous ses yeux. Douloureuses pensées ; mais pensées connues. Idéal.

Puis un claquement. Une porte quelque part se referme. Porte invisible.

Toutes ses pensées étalées sous les yeux des murs, sentinelles immobiles et immuables.
Toutes leurs oreilles pour pour percevoir un gémissement

Sortir, rejoindre Celeste et leur paradis de brume.

- Je veux sortir !

Un couloir apparait, comme dans les caves, un couloir bordé d'yeux mais un couloir tout de même qui apparait quand on le veut. Il court dans le couloir et celui-ci ne s'arrête pas. Toujours plus d'yeux. Des yeux gigantesques qui se moquent, qui scrutent, qui guettent. Des yeux verts, des yeux bleus, des yeux rouges autour du grand oeil noir du bout du chemin qui n'en fini pas.

Le grand oeil noir s'ouvre brusquement

Et avant qu'il n'ait pu s'arrêter, une femme, là, devant lui

Derrière : un mur,
au dessus : un mur
en dessous...

Un mur

Et d'autres personnes qui en sortent d'endroits différents, mais plus d'yeux
_____________
Comment ne pas craindre ceux qui nous touchent le plus
Fallom Tenk
Paranoïaque


Message Mar 22 Fév 2011 | 21:58  Répondre en citant

Apparition ex nihilo, elle est là, en a conscience et même avec des vêtements cette fois. C'est agréable ; on est moins sensible aux coups de vents. Habillé de rouge et de noir, l'œil du cyclone cherche à rejoindre celui de l'architecte pour crever celui du cyclope. Et si c'était le sien ? Alors cela voudrait dire qu'elle et lui ne font qu'un. Cette essence dont elle connais l'existence sans même en avoir entendu parlé (bien que cela ne la choque pas le moins du monde), l'essence du directeur, complexe du créateur, la clé de ces lieux ; la clé de toute chose - ou de rien justement. Mais où cela pourrait-il se trouver sinon au sommet ? Alors elle se suggère à elle même d'aller voir. Après tout, il n'y a rien à faire d'autre.

En bon archétype d'anti-déterminisme, elle avance, les yeux de l'esprit clos, les jambes errants comme des chiens. Mais plus elle avance, plus les alentours rétrécissent. Les murs sont de chaume, de bois, de béton, des poutres des charpentes vieillottes, des parquets usagés par le temps ; un chaos d'inutilité et de vétusté. Ça tourne à gauche, ça tourne à droite, cette trappe conduit en dessous, cette pente, cette cheminée... puis enfin, la sortie des boyaux tortueux. Une grande salle nue et pure. Rien, des murs, un pavé silencieux. Elle avait envie de mettre quelque chose dans ce vide ; elle voulait mettre un canari en plastique jaune au hasard dans la pièce mais elle renonça : rien qui ne fut autre qu'un hasard scientifique n'aurait été possible et le vrai chaos n'a rien qui soit parfaitement chaotique puisque sa propre valeur est tout à fait indifférente, puisque son excellence n'importe en rien.

Mais la salle n'était finalement pas vide ; ils étaient trois. La première fut la gravité : elle l'arracha toute entière de l'évacuation quasi-organique dans laquelle elle était encore à moitié enfouie et l'écrasa au sol. Cela lui fit très mal aux hanches, c'était toujours bizarre d'avoir mal mais cela ne l'intéressait pas forcément. La seconde était un pantin bellâtre et insipide ; paradigme de neutralité. Une pâleur d'émotion. En face se trouvait la pâleur tout court : troglodyte myasthénique dont les yeux semblaient vouloir quitter le corps, dont le corps semblait vouloir quitter le corps, dont le corps ne semblait plus rien vouloir.

c'était la première fois qu'elle voyait autant de gens en même temps. Elle avait faim ; de quoi, elle ne le savait pas encore. Mais, avec la langue d'une catin elle lécha la perle rouge sur ses lèvres et avec les mains d'un martyr elle se releva. il ne lui restait plus grand chose de son voyage à travers les méandres vestibulaires mais elle entrait dans le territoire de Möbius ; à moitié dans sa tête, à moitié dans celle des autres. Elle avait hâte de voir la dynamique s'activer ; que les mouvements des uns entraîne les réactions des autres, que les rebonds de l'aliénation se fassent sentir de leur odeurs dionysiaques. Et comme elle avait peur qu'aucun élan n'ai déjà huilé la mécanique, elle ne voulut plus seulement regarder :
On est là pour jouer ?
Ruby
Autiste


Message Ven 25 Fév 2011 | 0:06  Répondre en citant

Un torrent se coulait dans son terrier de pierre. Ses griffes élémentaires, amorphes et versatiles, glissèrent sur les parois tandis que celui-ci se rapprochait de l'ouverture.
Encore un petit effort …


Un visage pâle s'encadra dans le conduit duquel Ruby venait de naître. Un sourire passa comme une brise sur la surface de marbre. Ballotée par les vents de l'oubli, l'entité apocryphe avait pourtant réussi à remonter l'odeur sanguine à la source : l'humaine de rubis était à sa portée, elle allait pouvoir …

Deux autres paires d'yeux se trouvaient avec elle.


Immédiatement les pupilles longilignes de Lys se contractèrent, tentant en vain de parer à cet éblouissement inattendu. Tant de possibilités … Tant de regards … Est-ce que ce qu'elle faisait était la bonne … Que faisait-elle déjà ?

La pauvre créature battit nerveusement des paupières comme un hibou éveillé en plein jour, et se tassa dans son réduit, comme espérant que personne ne l'ai vu.

Là, Lise n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était.


Bien sûr, ça ne durerait pas. Ça ne durait jamais.
_____________
Si je suis
Ce que j'ai fait
De ce que les autres ont fait
De ce que je suis
Alors
Je ne suis pas
Lise Errandi
Hystérique


Message Sam 26 Fév 2011 | 13:28  Répondre en citant

En marchant vers nulle part... Le long du couloir... A tâtons, elle rencontre un mur.
Le bout du monde est semblable au reste de son univers réduit : encore une salle vide et nue, où le néant grouille de vies parallèles et muettes. Un sas entre deux états d'esprit.
Une porte claque derrière elle.

Puisqu'elle ne sait pas par où reculer, Céleste avance, le ventre droit devant comme un bouclier, l'être qui s'y cache saura la protéger. Autour d'elle, des souffles désaccordés, des crissements légers sur le sol froid : qui est là ?

A mesure qu'elle avance, sa phobie la devance : le son de son propre cœur, du sang qui circule dans ses veines, qui nourrit celles de son bébé, le son de ces vies qui grouillent dans l'obscurité... Ennemis, alliés ? Ou pire, d'autres Céleste ?

Une silhouette qu'elle reconnait sans la voir, à l'odeur, à la chaleur humaine qui s'en dégage. Les pieds nus claquent sur les dalles, dans le silence parfait de ses respirations qui s'entrechoquent, fluides, vivantes, présences invisibles et envahissantes. Céleste se colle à Fallom et chuchote :

- C'est ici, alors, le refuge idéal...?

_____________
La violence sucrée de l'imaginaire console tant bien que mal de la violence amère du réel.
Céleste
Schizophrène


Message Sam 26 Fév 2011 | 14:16  Répondre en citant

Tadadiiiiiiiiiiiiiiiii ti-tadi-tada…

C'est un air désormais bien connu de nos challengers, fredonné distraitement par une voix nasillarde non mois familière, qui précéda l'apparition d'un gigantesque bourrelet rose en haut d'un des murs, lequel se déploya sur les côtés avec toute l'élasticité et la vigueur dont aurait pu faire preuve une gigantesque baudruche trop longtemps comprimée. Maintenant défrustré, le boudin fluo se déroula dans un gigantesque SLURP, si sonore qu'on aurait cru le voir apparaître en toutes lettres dans les airs, phylactère holographique.

Une langue rose géante, donc.

Entrez dans la danse…

Au milieu de laquelle, par à-coups, dans un bruit périodique caractéristique et pneumatique (non sinusoïdal non amorti de période T=3s), comme gonflé par de larges poumons décidés, un crantage tout aussi rose et tout autant baudruchamment luisant fit son son apparition.

Voyez comme on danse…

Emergea sans tarder, de la même manière brusque et ballottante que le rouleau lingual rose minutieusement décrit plus haut et qui lui servait donc de support, un sublime rouage violet, si distendu qu'on aurait pu s'y mirer, si grand qu'on aurait difficilement pu en toucher le sommet, même en tendant haut, haut le bras, même sur la pointe des pieds, même en se faisant la courte échelle, encore que, personne n'avait encore essayé. Mais qu'attendaient-ils, tas de fainéants !?

Sautez, dansez !

Dans un énorme CLANG parfaitement métallique et mécanique, hallucination onomatopéenne offerte, le rouage se logea dans les rainures de la langue murale (ou du mur lingual, à vous de voir) et la pièce, plancher, plafond, murs compris, ah non, finalement, pas les murs sinon ça marche pas, tout donc ou presque, même nos petits oiseaux, se mit en branle vers le sommet à une allure tranquille mais déterminée, mais tranquille. Mais déterminée. CLANG encore (hallucination non mycogéniquement induite ter) : Premier étaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacheuuuuuuuuuuuuuuuuh !

Dans la pièce hexagonale (ah bon, la base du beffroi est octogonale ? Vue du dehors, peut-être…?) : une langue toujours aussi rose et gonflée à bloc, le rouage violet toujours fiché à sa base, cinq miroirs aux cadres roses tarabiscotés qui semblaient glouglouter, onduler, rouler sur eux-mêmes comme de la gelée mal figée. Exercice : sachant que la pièce compte six murs et six éléments, combien d'éléments seront placées par mur sachant que leur répartition doit être homogène ?

Embrassez qui vous voudrez…!


[Lorsque vous vous approcherez des miroirs, le cadre se figera dans un motif qui vous corresponde. Vous contemplerez dans la glace le reflet le plus craint ou détestable de votre personnage : tout ce que vous voudriez ne pas y voir, justement.

Etant donné que nous sommes dans un défi, donc une passation aux mains des internés mais dont la destination reste à déterminer, je me suis dit qu'il serait logique et amusant de vous laisser disposer durant le défi de vos pouvoirs de résidence respectifs. Ne vous sentez pas obligés de les utiliser mais si votre inspiration passe par là, c'est permis !

Les mecs, je sais pas où je suis allé chercher tout ça, j'ai pourtant juste mangé une crêpe salée à midi ! Bon courage !!!]
Le Chat



Message Dim 27 Fév 2011 | 16:53  Répondre en citant

Une pièce vide avec des murs vides et un plafond vide et… un, deux, trois, quatre autres prisonniers, dont le visage ne lui disait rien, et l'allure, rien qui vaille. Qui valût, Sophie. Concordance des temps, s'il-te-plaît. De plus en plus à l'étroit, Sophie se recroquevilla comme elle put sur elle-même, tâchant de compresser l'espace autour d'elle comme pour paraître moins visible, moins remarquable, comme le flou que peut provoquer l'air chaud, comme si elle se trouvait derrière un écran de verre dépoli. Enfin ça, c'était dans l'idéal. Ç'aurait été, Sophie. Le tout, tient à préciser Sophie, sans jamais toucher les murs ni trop s'en approcher. On ne sait jamais. Savait, Sophie-la-pluie, fais un effort, je ne vais pas tout faire à ta place !

Aux diverses interjections, et ce malgré leur rareté, Sophie préféra ne pas répondre. Il n'y avait clairement aucun jeu ici, pas plus qu'ailleurs, motte de beurre, et comme refuge idéal, on aurait imaginé mieux, poil aux yeux. Ce décor évoquait davantage à Sophie un huis clos, bibelot, gris fauve, qu'un havre de paix et de repos, bibelot, tu l'as déjà dit Sophie-ben-oui.

L'étrange apparition des mécanismes laissa Sophie indifférente, elle savait quel destin l'attendait et peu lui importait qu'il fût (merci, Sophie) rose bonbon ou vert anis. La mise en place du manège obscène ne réussit qu'à lui faire rentrer la tête dans les épaules des quelques millimètres supplémentaires que sa souplesse pouvait encore lui permettre. Lorsque l'ascenseur, si l'on pouvait l'appeler ainsi, se mit en branle, Sophie aurait souhaité en traverser le plancher et qu'il monte sans elle, c'était évident. Qu'il montât, Sophie ! Mais elle ne savait pas encore à quel point elle allait regretter de ne pas s'être vue offrir cette option, à vrai dire, la suite des événements l'accaparerait tellement qu'elle ne penserait même pas à le regretter. C'est qu'une drôle de surprise l'attendait au premier étaaaaaaaaaache : des cinq miroirs disponibles, des cinq affreux cadres aux couleurs trop intenses pour être vraies, un seul lui renvoyait une image nette, celui face à elle. Manque de chance, Sophie s'étant par prudence insensiblement placée dos au mur (mais sans toucher, surtout, ne pas prendre de risque, on vous l'a déjà expliqué), le miroir qui lui faisait face était à l'autre bout de la pièce. Traverser et prendre le risque de rompre le charme qui peut-être détournait l'attention des autres prisonniers de sa personne ? Elle le connaissait très bien, son reflet, qu'aurait-elle eu besoin d'aller le contempler une fois supplémentaire, pour ce qu'il avait de remarquable, ça ne valait même pas l'énergie nécessaire pour faire les quelques pas qui l'en séparaient. De toute façon, c'était un piège, c'était forcément un piège, c'était toujours un piège : pourquoi les miroirs ne lui renvoyaient pas tous un reflet net ? Pourquoi n'y voyait-elle que son propre reflet ? Pourquoi les murs derrière elle ne s'y trouvaient pas ? Pourquoi était-elle couverte de sang ?

Sophie n'y réfléchit pas à deux fois, elle en avait désormais pris l'habitude : avant que le flot d'images tant redouté ne déferle derrière ses mirettes, avant que la honte, la culpabilité et les souvenirs ne la submergent, Sophie leva le bras vers elle-même et figea son image dans le miroir. Elle avait trouvé par hasard, dans des circonstances qu'on eût pu qualifier d'analogues, ce remède miracle : était-ce parce que son reflet était étroitement lié à l'original ou bien parce que la surface des miroirs renvoyait les sorts, toujours est-il que Sophie avait découvert qu'elle pouvait se figer elle-même. Un KO parfait, une perte de conscience absolue, ni rêve ni respiration, ni même quelque chose qui pulsait encore en vous pour vous dire, quelque part, vous suggérer, vous laisser comprendre si vous le vouliez, que vous étiez inconscient. Inconscience de l'inconscience, oubli de l'oubli, un OFF impeccable. Comme mort mais en mieux. Si Sophie avait déjà subi une anesthésie générale, elle aurait probablement fait le rapprochement entre les deux sensations. Lorsqu'elle se ranimerait, Sophie n'aurait pas oublié, mais aurait, par un miracle dont elle jugeait plus prudent de ne pas s'interroger trop sur les mécanismes, la paix.

Pendant ce temps, le cadre s'était lui aussi figé, sous l'action de Sophie peut-être, en un magnifique motif composé de milliers de petites plumes. A tout à l'heure, Sophie !

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La mort est le plus profond souvenir.
Ernst Jünger
Sophie Lefèbvre
Mélancolique


Message Mar 08 Mar 2011 | 23:28  Répondre en citant

Faire le brave devant l'être aimé et vouloir se cacher dans son ventre arrondi auprès d'une petite créature à venir. C'est compatible ?

- Pas un refuge, non. Un idéal peut-être. C'est réel ?

Il sert Celeste contre lui à vouloir se fondre en elle, disparaitre devant les grands yeux qui projettent directement l'image de la réalité. Une image cruelle. Petite créature faible perdue au milieu de trois autres êtres et laissant monter de plus en plus la petite idée méchante. S'ils approchent je les mords. Qui c'est ces gens d'abord ?

Puis qu'est ce qu'elle fout là cette grosse langue ? Elle dit que des conneries en plus, et il l'a vue, elle n'a pas tourné sept fois avant de parler. En plus elle n'a même pas de bouche. Na ! A quoi ça sert une langue sans bouche ?

Alors il regarde de plus près, la salle, avec ses grandes dents miroitantes. Être emprisonné, c'est un peu comme être mangé sans jamais être digéré en fait. On se ballade dans le tube digestif et le corps sait qu'on est là il nous observe de l'extérieur et le seul moyen de lui échapper c'est de le forcer à nous recracher. Il faut être recraché d'ailleurs, sinon c'est un peu ne servir à rien dans un estomac qui ne digère pas. Mais comment ?

Son coeur cogne trop fort contre sa poitrine et les idées ne viennent pas. Il regarde les autres d'un air désespéré. Il regarde Celeste et la sert encore un peu plus fort
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Fallom Tenk
Paranoïaque


Message Ven 11 Mar 2011 | 1:29  Répondre en citant

Le fantôme l'avait suivit, c'était comme un jeu ; elle semblait... perdu ? Pourquoi être perdu ? On n'est perdu que lorsque l'on cherche un chemin ; inutile d'être perdu, impossible. Puis encore une autre personne, ça commençait à faire du monde pour jouer dans une si petite grande salle. Amer enfant croissant, baignant dans sa tête, comme un écho ; il naît et meurt instantanément, sa pensé est un holocauste. Étrange endroit, fermé de tout part, un sens unique, un piège à corbeaux. Et si finalement elle était venu là pour mourir ? Peut être. Alors elle goûterait à la mort : ça contrecarrerait ses plans mais elle devait bien avouer vouloir céder à la sucrerie.
Le sang coulera sur toi.
Une pelote incuba instantanément dans les airs, bourgeron, moumoute. c'était rose, ça avait l'air tout doux. Et dire qu'elle ne pouvait même pas constater le double sens de sa pensée. Elle avait envie de le prendre, le serrer, pour la sensation, pour le velours. Elle sautait en dessous de la chose, tendait les bras. Mais sa petite taille ne le lui permettait pas. Aurait-il un goût de chewing-gum ? Chose sacrée, sans doute, invoquant le mouvement.
Le sang coulera sur toi.
Ainsi l'antichambre se mit en branle, tout le monde montait. Des miroirs apparurent. Ils étaient cabossés. Un miroir devait être sale pour mieux refléter, sinon comment voir la crasse population de l'exégèse photonique ? Mais celui-ci avait décider de se moquer d'elle. Elle avança d'un pas puis d'un autre ; l'orchestre jouait des rapsodes ténébreux. Un dragon la regardait, un non elle. Face à elle, une immonde chose ; une vile propreté. Se tenait une petite fille à la droiture émétiquement irréprochable, une formalisation pure et parfaite d'elle même. Que sa jupe était lisse, que ses mains étaient bien rangées, que ses souliers brillaient. Elle étaient ordonnée à la nausée. Ruby refusa de penser qu'il s'agisse d'un reflet ; elle lui parla comme à un étranger :
Pourquoi tu me ressemble comme ça ?
Et comme ses lèvres bougeaient en même temps, elle singea devant son reflet pour déjouer la ribaude. Mais ses mouvements étaient d'une agaçante synchronisation. Voulait-elle dire qu'elles ne faisaient qu'un ? C'était impossible. Ruby donna des coups dans le miroir. Elle n'aurait le droit de ne faire qu'un avec elle que lorsqu'elle serait chienne au sol, que lorsqu'elle aurait déchu, souillure d'étant. Elle crachait sur la froide surface, elle la griffait, ses ongles glissant sur le verre, ses pieds réussissant à peine à faire trembler le tout.
Salope ! T'as pas le droit ! On est rien, on est rien !
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A la colère succéda la peur. Et si elle était vraiment comme cela ? Et si son reflet était fidèlement restitué ? De panique le perdant rage, dépité ; elle griffait son visage, arrachait des haillons de ses vêtements et étalait sur ses tissus un peu de son sang tout en continuant de jurer devant son reflet qui, décidément, ne voulait se salir et restait aussi aseptisé qu'à l'initiale. Elle ne coulera pas en larmes mais s'en retournera vers la peluche volante. Mais elle était désespérément trop petite pour l'attraper, lui qui était bien sur le seuil de son possible. Elle voulait l'avoir encore, mais cette fois pas pour le câliner. Elle l'interpela d'un retentissant et puérile "toi !".
C'est toi qui l'a fait venir, dis lui de partir ou je te mange les oreilles !
Ruby
Autiste


Message Jeu 17 Mar 2011 | 22:34  Répondre en citant

Lise resta un moment secouée : le Chat avait ce genre d'effet sur elle. La malheureuse Hystérique avait passé sa vie à tenter de voir le monde par l'intermédiaire des yeux d'autrui, dans le but d'occuper les premières places … mais bien malin qui aurait pu dire ce qu'un félin fêlé, démon dément ou chat fou chafouin pouvait bien avoir derrière la tête quand il faisait émerger du néant crantage, rouage et bavardage, le tout en rose fluorescent s'il-vous-plait. La bestiole était une surprise perpétuelle, une singularité qui n'avait aucune place dans l'univers de Lise, et qui avait sur sa pensée un effet proche du chloroforme (mais en rose).

Mais voilà que l'engrenage s'activa, que la salle se mit à monter. Quatre personnes et une anomalie quittaient la simulatrice, la laissait seule - le sort en fut jeté, le corps de Lise, sans consultation inutile de son esprit informe, se jeta sur le sol, imitation timide d'un héros de film d'action. Chat ou pas, Lise était incapable de survivre à son abandon. Elle relevait le défi, quel qu'il soit, malgré elle. Alea jacta est.
Elle ne sut jamais que de toute façon, indépendamment de ses actions, la galerie se serait repliée juste à temps pour la cracher sur scène, avant de se transformer en … mais déjà le plancher dépassa le boyau goguenard, et s'envola.


Elle se releva de sa cascade du plus rapidement qu'elle le put et passa nerveusement en revue son public –le Chat ne comptait plus, il fallait survivre d'abord. Il y avait une … la fille sanglante … Ruby, étonnamment ; mais le reste du groupe n’était constitué que d'inconnus. Une fille effrayante au physique effacé ; un individu rachitique, prostré sous sa tignasse velue ; à son côté, une boule de cicatrice forme une figure surplombant un pyjama d'hôpital. Ils se collent l'un contre l'autre, se murmurent quelque chose. Ils se connaissent ?
Qui sont ces gens ?
Qu'est-ce qui pourrait bien vivre à travers ces regards croisés ?

L'ascenseur improvisé s'arrêta. Lise s'apprêtait à dire quelque chose, n'importe quoi, quand son corps soudain fit demi-tour, la plaquant contre son miroir. Peine perdue, effort dérisoire pour épargner à sa propriétaire la vue de tous les autres …
Car le miroir de Lise montrait exactement la même chose que ceux des autres Internés, juste sous un angle différent. Ou plutôt –montrait exactement la même non-chose.
À présent Lise sait, elle se tourne comme un derviche vers ses autres modèles, pleinement consciente de l'horreur ; mais l'image n'a pas changé.
Quelle que soit la direction choisie, aucune des images ne montrait de Lise. Pas même la moindre trace blanchâtre. Nul ne prête attention à elle.


La sanglante martelait le silence de ses cris de rage contre le reflet rouge (son reflet rouge), contre la vision rose ; elle avait oublié le spectre blanc.
Le jeune homme courbé, d'allure si maladivement attentif à autrui, cherche craintivement quelqu'un des yeux. Son regard traverse Lise, sans s'arrêter. Sa compagne n'est qu'un masque de mutisme, elle et lui forment un seul petit monde hostile et autarcique.
Et la fille effacée est morte : transparente elle aussi, on a cessé de lui faire attention, et déjà elle adopte la raideur cadavérique du décor.

Lise regarde ses mains ; elle ne sait pas si elle tremble, abrite encore un souffle de vie, ou si ce sont ses larmes qui la bercent de cette illusion.


C'est pire que tout. Lise a déjà connu la mort bien des fois, mais en ayant toujours l'occasion de revenir sur scène dans la peau d'un autre personnage. De come-back en come-back, elle a trop souvent paniqué, perdu pied, été prise dans les pièges de ses propres contradictions –mais n'a jamais, au plus profond d'elle-même, perdu l'espoir ténu, indéfini, que … qu'un jour elle pourrait exposer son vrai visage à la lumière, sans avoir besoin d'un masque pour cacher son vide intérieur.
Mais à présent le masque même est devenu indécelable, et elle ne peut même plus appeler à l'aide dans son langage des signes. Sa chance est passée, et la joueuse a perdu. Poursuivre ses efforts désespérés n'a plus le moindre sens à présent : il ne lui reste plus qu’à attendre et mourir.


Lise s'effondre, en sanglots. Le spectacle est fini, rideau.
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Si je suis
Ce que j'ai fait
De ce que les autres ont fait
De ce que je suis
Alors
Je ne suis pas
Lise Errandi
Hystérique


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