Un chemin vaut l'autre
De l'autre côté du miroir
L'Asile
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Ennui Mortel

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Message Sam 10 Oct 2009 | 23:40  Répondre en citant

La journée était fraîche, mais néanmoins particulièrement belle. Le vent chuchotait sa frissonnante mélodie dans les feuilles aux couleurs chamarrées des arbres du cimetière. Les yeux vissés sur le ciel, un homme en redingote et haut de forme semblait trouver un intérêt certain aux nuances d'orange, de jaune, de pourpre et d'ocre qui avaient peu à peu pris le pas sur le vert. Ici et là on pouvait observer quelques rares survivantes au teint pâle, vacillant dangereusement sur leur branche, usées par leur combat contre l'automne. Entre les espaces de plus en plus nombreux dans la voûte végétale, quelques rayons d'un soleil lui aussi blafard faisaient descendre quelques raies de lumière évanescente, l'ensemble avait quelque chose d'irréel.
Et cette homme à redingote et haut de forme restait couché là, sur une tombe de pierre grise, les bras derrières la tête pour soutenir sa nuque, et le regard ailleurs bien que fermement agrippé aux feuilles.
Un interné qui serait passé à bon pas ne l'aurais même pas remarqué tant il ne faisait aucun mouvement, et un observateur discret aurait probablement pu se poser des question sur sa condition de vivant tant il restait figé. Certes, un regard un peu plus appuyé laissait voir quelques respirations timides, mais d'une façon générale, on aurait pu croire Angus mort.

Or mort, il ne l'était que d'ennui. A vrai dire cela faisait plusieurs jour qu'il ne trouvait plus goût à rien, la présence de ses congénères parfois trop atteints pour lui, avait fini par lui porter sur les nerfs, et il ne trouvait aucune distraction qui lui fasse correctement passer le temps. Car tel était les choses au sein de l'Asile, un temps incroyablement long, qui ne semblait passer que si on lui forçait la main. L'Ecossais s'était même surpris à garder les yeux fixé sur les horloges pour vérifier que les aiguilles suivaient bien leur parcours. Il aurait juré que certaines avait leur propre conception bien à elle du temps qui passe, il aurait même mis sa main au feu qu'il avait vue une aiguille ou deux faire un retour en arrière avant de repartir. Mais allez savoir si ce sont les horloges ou le temps qui est défaillant? Tout ici n'était que mystères et aberrations scientifiques, à croire que toutes les vérités inébranlables s'était donné rendez-vous pour prouver au monde qu'elles n'étaient après tout pas si inébranlables que ça.

Alors celui que l'on surnommait le Croquemitaine s'était réfugié loin du bruit des autres internés, et loin des horloges qui faisaient passer le temps comme bon leur semblaient. Et quel endroit plus calme qu'un cimetière? Par bonheur l'Asile n'en comptait qu'un, ce qui arrangeait bien Angus, qui n'avait absolument aucune envie de faire un choix. Il avait passé les grilles du lieu de repos éternel, et s'était baladé quelques instant entre les stalles de pierre et de marbre, enfonçant à chaque pas le bout de sa canne dans les chemins de terre battues. Puis finalement, lassé de marcher, il s'était assis sur une tombe, et avait levé les yeux, pour les plonger dans les feuilles d'un chêne probablement pluri-millénaire. Et afin de ne pas se faire de torticoli, il avait décidé de s'allonger, pour que sa contemplation soit plus agréable.

La pierre était froide, l'air autour de lui était froid, lui même commençait à avoir les extrémités fraîches, mais il avait décidé de ne plus bouger. L'espace d'un instant, difficile de dire combien de temps cela dura, il s'imagina mort. Comment les morts voyaient-ils la vie? Puis il pensa qu'à part les quatres planches de leur cercueil ou les paroi du pot où leurs cendres avaient été déposées, il ne devaient pas voir grand chose. Il se demanda également si les morts pouvaient être claustrophobes, et sourit intérieurement. Lui-même n'aurait pas aimé être un mort claustrophobe, mais il fallait bien avoué que l'idée était l'ironie dans toute sa splendeur.

D'une nature cavalière, le Croquemitaine eut envie de tenter une expérience: se laisser mourir de froid. De toute façon, ça ne pouvait être que plus intéressant que le simulacre de vie auquel il avait droit en ce moment. Il s'étonnait d'ailleurs que le véritable Croquemitaine n'ait plus donné signe de vie depuis si longtemps. Il avait pour habitude de l'entendre jacasser toute la journée, occupant le moindre écho, le moindre recoin sombre, le moindre couloir vide, sa voix était partout. Et puis il s'était arrêté, pour une raison inconnue. En fait, Angus s'en rendait compte seulement maintenant, mais cela devait bien faire plusieurs jours. La question était de savoir où il avait bien pu aller, ou ce qui lui était arrivé. Une question qu'il se promit de poser au Directeur avant qu'on le mette en terre.

En fait, il n'était même pas certain que l'on puisse mourir au sein de cet Asile. Il suspectait même les tombes et les cadavres qui les habitaient d'être une vaste supercherie.
Encore une question à débattre, décidément, il avait beaucoup de question à poser au Directeur. Encore fallait-il réussir à coincer cet homme, probablement aussi palpable que le vent.

Tiens... Il venait de se rendre compte qu'il ne sentait plus le bout de ses doigts...

_____________
Au-delà du reflet, Il attend son heure, patient et déterminé...
Le Croquemitaine
Schizophrène


Message Sam 31 Oct 2009 | 11:07  Répondre en citant

Comme à son habitude, Stanley marchait d'un pas pressé. Il marmonnait des choses incompréhensibles et grattait sa barbe avec énergie comme pour en arracher des idées novatrices. Il lui fallait de l'inspiration, du renouveau, quelque chose de mieux, il fallait toujours mieux faire. Il s'était dit qu'il devait tourner quelque chose dans le cimetière, une scène improbable, il devait capturer une image unique dans sa caméra, cela captiverait le spectateur, il pénétrerait dans son subconscient et le marquerait à jamais. Avec un simple film ; 25 images par seconde qui s'enchaînent inlassablement...
*C'est drôle comme les couleurs de la vie ne semblent vraiment vraies qu'à travers un écran de cinéma.* pensa-t-il.

Une fois qu'il eut fixé la caméra sur le trépied - que seul lui pouvait voir puisqu'elle n'existait que dans sa pauvre tête - il s'apprêtait à crier l'habituel "action" mais quelque chose le coupa. C'était un homme, étendu sur une des tombes du cimetière. Stanley pensa à un mort qui aurait tenté de s'échapper de son propre caveau puis se dit que ce n'était pas du tout rationnel. Il s'approcha de l'homme, ses yeux clignèrent frénétiquement de nervosité mais aussi d'agacement. Il se planta devant lui, le surplombant, puis d'un ton ferme et condescendant lui lança ces quelques mots :

"Hep, vous êtes allongé sur le décor, va falloir bouger de là !"
_____________
"C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous"
Stanley
Schizophrène


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