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Message Mar 04 Aoû 2009 | 0:37  Répondre en citant

- J'en suis sûre. Ça ne t'as pas affolé plus que ça le mois dernier, que je sache ?

Fallom la repousse. Le geste lui fait monter le sang au visage comme une claque. Elle répond d'une voix sèche, les bras croisés sur sa poitrine nue, défensive contre le seul qui mérite sa confiance, son abandon, sa... Sincérité. Liquéfiée la moue de gamine moqueuse. Irritée autant par le ton inquisiteur de Fallom que par ses propres questionnements, elle se sent coupable, coupable du mystère qui couve niché au creux de ses reins, niché au creux de son sang.

Depuis quand ses débordements d'humeur ou d'humeurs le perturbent-il autant ? Avait-il deviné, en caressant sa chair pourtant encore inchangée, avait-il pressenti ce courant électrique parcourant sa matrice, parcourant tout son être comme une âme en surplus, une vie en poupée russe ? Et si c'était le cas, serait-il hostile à l'inconnu qui déjà la possédait pleinement sans qu'elle n'ai rien réclamé, le monstre qui de l'intérieur remuait tout en elle ?

Céleste alla se percher sur le rebord du lavabo, renfrognée. L'envie de fumer lui tordait les doigts mais les cigarettes gisaient toujours sur le lit, quelque part entre le désir de partager avec lui cette terrifiante découverte, et la peur panique de ce que cette annonce provoquerait en lui.

- Je sais que tu n'es pas idiot. Ce n'est pas le sang auquel je m'attendais. C'est plutôt un rappel, tu sais, un écho je crois, mais je n'ai plus besoin de saigner maintenant. Je n'ai plus rien à chasser de moi. Au contraire.

Au travers de ses boucles éparses, la jeune femme renfrognée fixe Fallom. Sa silhouette aiguë, familière, désirée. Elle le détaille et le contemple. Et s'il prenait peur ? S'il claquait la porte et la laissait seule, embourbée dans ses sensations contradictoires et ses hormones despotiques ? Le perdre. Inadmissible. Impossible, à présent qu'un peu de son sang palpitait en elle.

- Tu veux pas me passer mes clopes, au lieu de me regarder comme ça ?

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La violence sucrée de l'imaginaire console tant bien que mal de la violence amère du réel.
Céleste
Schizophrène


Message Lun 24 Aoû 2009 | 23:12  Répondre en citant

Oui, oui, bien sûr, il aurait du savoir, y prêter attention les fois précédentes. Mais il ne se souvenait pas non. Il aurait du pourtant, comme toujours, retenir l'élément blessant pour ne pas se laisser atteindre à nouveau.

Cette fois c'était différent, bien sûr. En fait, il ne voulait pas vraiment en parler de peur d'entendre une réponse qui ne lui plairait pas. Une réponse qui rejoindrais les inquiétudes concernant la santé de Celeste. Inquiétudes qu'il avait remisées derrière les mêmes barrières qui maintenaient à distance ces doutes et tous les éléments qui auraient pu troubler les moments agréables qu'il passait avec elle.

Les barrières s'étaient rompues, voilà la différence. Elles se reconstruisaient rapidement, mais ne tenaient pas éternellement.

Et non, il n'avait pas cherché plus d'explication au sang. Juste un réflexe presque habituel après quelques instants de silence. Prendre l'éponge sous le lavabo. Éviter les jambes soudain gênantes et essuyer la flaque rouge.

Et alors qu'il est baissé

Tu sais où elles sont tes clopes non ?

Aucune parole supplémentaire de cette voix tremblante. La suite restait bloquée par une vague d'angoisse.

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Comment ne pas craindre ceux qui nous touchent le plus
Fallom Tenk
Paranoïaque


Message Mar 29 Sep 2009 | 21:46  Répondre en citant

Céleste fixa la masse des cheveux de Fallom plantée entre ses jambes pendantes. Une tête sans corps, comme zombie, animée de desseins obscurs, de ces craintes dont son intelligence primaire ne comprenait les rouages. Comme coincée, piégée entre ses cuisses. Cette vision lui causa un frisson,qu'elle pensa semblable à celui des bêtes juste avant le fracas de la carabine.

Depuis quand ne pouvait-elle lire en lui comme dans un livre ouvert ?

Penchant la tête entre ses cuisses, elle jeta un coup d'œil à Fallom qui épongeait son sang sous le lavabo, consciencieux et visiblement froissé. Elle n'était pourtant pas plus odieuse qu'à son habitude. Et si le secret qui creusait ses tranchées dans son ventre la trahissait, si les prémices de la métamorphose suintaient déjà par ses pores ? Les connexions qu'elle croyait avoir nouées avec Fallom, ces réseaux télépathiques que l'intimité produit, ne suffisaient donc plus à deviner ses états d'âme. Ce qu'elle pensait être de l'angoisse serait alors de la colère, du mépris, de l'agacement... Du rejet ?

Non, le rejet n'était pas envisageable ! Vulnérable, voilà ce qu'elle était, elle se sentait prête à claquer entre ses doigts à tout moment. Parler risquait de tout faire vaciller, mais contrôler la déferlante de peurs et d'inconnus qui se présentait à elle était impossible. Les yeux embués rivés malgré tout sur Fallom comme à une bouée de sauvetage, elle bégaya :

- Je crois... Que nous sommes deux, enfin, trois, quatre, je ne suis pas sûre, s'il te plait ne m'en veux pas, ne prends pas peur, je suis terrifiée aussi, mais je veux dire, je te protège toujours malgré tout, quoi qu'il arrive. Ne nous laisse pas.

Stupide. Écarlate, la tête toujours à l'envers barbouillée de larmes. Pourquoi était-elle incapable de soutenir trois mots face à ce petit homme en qui elle avait pourtant toute confiance, et qui soudain, par sa fragilité, devenait source pour elle d'une angoisse infinie. Qui, alors, pouvait la materner ?

- Tu comprends ce que je dis ?

Jamais elle ne s'était sentie aussi bête, inutile et désemparée. Elle avait tout gâché, elle en était sûre. Il ne comprenait pas, il ne voulait pas savoir, d'ailleurs, sûrement aurait-il voulu qu'elle n'en parle jamais, qu'elle ne laisse rien filtrer, qu'elle se débrouille avec. Elle se sentait coupable de perdre ainsi le contrôle, au moment où il avait besoin de son tact et de sa patience, elle qui n'avait jamais été qu'une boule de rage et de violence. Après tout, il le savait ça, non ? Elle bondit du lavabo en jurant et fonça se planquer quelque part dans la chambre, terrassée par sa fragilité nouvelle dont elle ne savait absolument pas quoi faire.

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Céleste
Schizophrène


Message Lun 05 Oct 2009 | 15:16  Répondre en citant

Plusieurs...

L'éponge reste suspendue dans les airs quelques instants, alors que les images niaises d'une poignée d'enfants courent vers lui avec un large sourire au milieu d'une étendue de fleurs multicolores.

Puis la colère, contre lui-même, de n'avoir su comprendre les premières paroles, les premiers sangs.

Mais quel con ! Quel con quel con quel con quel con !

Ce qu'il a envie de se fracasser la tête dans le carrelage une fois l'idée vraiment imprimée dans son cerveau. Elle est partie, terrorisée, et il n'est pas foutu de lui apporter tout le réconfort qu'elle mériterait parce que... ? Parce qu'il n'est pas foutu d'imaginer que quelque chose de positif puisse arriver ! Se préparer au pire, tout le temps, et être incapable de voir que la douleur pouvait aussi amener des événements positifs.

Son coeur se met à battre violemment dans sa poitrine accompagné d'une soudaine envie de la serrer dans ses bras à l'étouffer.

Les actes ne suivent pas exactement sa pensée, perturbés par la violence du monde physique. Il se relève un peu trop rapidement, et tente de s'élancer sur un sol trop glissant. L'équilibre le perds mais le choc de l'encadrement de la porte contre son épaule ne parvient pas à l'arrêter complètement. Il pirouette dans la chambre, se reprend, vacille quelques instants. A-t-il au moins pu prononcer son nom ? où est-elle ?

Là, là, prostrée de l'autre côté du lit

La poitrine de Fallom le brûle soudain, son estomac se noue et les larmes arrivent, ruissèlent le long de ses joues.

Et il avance lentement tout en laissant s'écouler ses remords, son désarroi, jusqu'à se retrouver accroupi la tête posée sur ses genoux, espérant qu'elle l'accepte encore dans ses bras, lui permette de vivre cette expérience, même s'il est en train de lui dire le contraire

Je suis désolé ! Excuses-moi de ne pas toujours te comprendre, ne pas savoir être gentil avec toi quand c'est important. Je... C'est magnifique, mais je ne sais pas si je pourrais t'aider, je ne sais pas si j'en suis capable, je ne sais pas quoi faire, je n'ai pas envie qu'il se retrouve avec un père incapable de l'aimer... De les aimer ? Tu es sûre qu'ils sont plusieurs ? Comment on va faire Celeste ? tu crois qu'on peut le faire ? Tu crois ?

Et dans le fond de son esprit, la nevrose construit ses conflits d'intérêt
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Fallom Tenk
Paranoïaque


Message Dim 27 Déc 2009 | 19:15  Répondre en citant

Prostrée, Céleste observait le mur dénudé par endroit de grands lambeaux de plâtre. Les trous créaient des formes variées, des symboles subjectifs qu'elle ne pouvait s'empêcher d'interpréter. Tentacule. Caverne. Trou béant. Elle tentait d'y projeter ses démons, de prendre du recul sur l’émotion triviale qui la tenaillait. En vain.

Sur le mur, comme un film en diaporama, des visions fusaient, saccadées. Déformation, possession, délivrance, émotion, néant. Seule face à cet évènement, la peur l'immobiliserait, ferait d'elle une incapable ; l'incapable d'aimer qu'elle avait toujours été avant lui. Son ventre gargouilla : elle était toujours à jeun et le tabac nouait son estomac vide. Où peut-être était-ce une tentative de communication du parasite qui y logeait. Cette hypothèse ne lui plaisait pas beaucoup : elle n'avait aucune idée de ses intentions, ni de ce qu'il pouvait bien attendre d'elle ; pourtant il lui faudrait le satisfaire, assouvir ses besoins sans restriction. Elle le sentait. Elle n'avait pas le choix. Habituée à être divisée, voilà qu'elle était assiégée.

Elle réalisa soudain que la tête de Fallom gisait sur ses genoux. Elle pouvait sentir ses doutes et son désir traverser la paroi de son ventre et buter contre une cible dure, le centre de leur attention à tous les deux. Comme un nouveau elle-même. Aussi dur, ingérable et incongru, pensait-elle.

Elle écoutait le petit homme se confondre en excuses. Sa voix était enveloppante malgré l'angoisse, ses mots généreux, amoureux, peut-être. Il ne l'abandonnerait pas. La chaleur de Fallom contre elle lui donnait le sentiment d’être invincible. Elle passait du désespoir au bonheur sans transition. Par son nombril, elle hallucinait une main d'enfant, comme une tentacule. Une main potelée qui caressait les cheveux de Fallom à sa place. Ils vivraient cette transformation ensemble, oui, il était prêt à s'investir. Le plus dur serait de lâcher prise. Se laisser porter, cannibaliser par le monstre qui demeurait en elle, leur monstre.

- Reste avec nous, c'est tout ce qui compte. On va le faire ensemble. Qui, combien, dans combien de temps il sera là… Je n'en sais pas plus que toi. Comment savoir ? On peut juste attendre. Ou en parler... Mais à qui faire confiance ? Il n'y a que toi dans mon monde.

Du bout des lèvres gercées, elle essuie une grosse larme sur la joue de Fallom. Est-ce que ce sont les mêmes yeux inquiets et vifs qui clignent dans son ventre, au moment où elle lui parle ? Dans quelle folie leur descendant choisira-t-il, ou elle, de puiser ses gènes ?

- Tu as bien réussi à m'aimer, moi. Tu seras… Parfait.

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Céleste
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