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Mar 26 Aoû 2008 | 20:30 |
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Fermement agrippé à une large poutre métallique, Angus se pencha dans le vide, et observa l'Abîme insondable. Quelle détermination inhumaine pouvait bien bâtir une tel édifice? Quelle volonté de s'élever jusqu'aux cieux pouvait bien animer l'esprit fou qui avait conçu les plans de cette immense entrelacs de poutres et de câbles, ce squelette métallique d'une quelconque bête gargantuesque?
L'Ecossais jeta un regard à la fois outré et dédaigneux à ce précipice sans fond, avant de revenir en arrière et retrouver un équilibre normal sur la plateforme où il avait atterrit. Cela faisait bien une demi-heure qu'il cherchait son chemin au milieu de cet univers métallique et mécanique, ne croisant que ces étranges petites… "Choses". Des sortes de petites pieuvres mécaniques, courant sur toute la surface de l'édifice, travaillant sans relâche à sa consolidation, même si elle devaient se retrouver la tête en bas, ce qui ne semblaient pas les déranger d'ailleurs. La majorité, pas plus grandes qu'un poing fermé, arboraient d'agréables reflets cuivrés, elles émettaient de petits bips presque attendrissants, tandis que d'autres, aux reflets platines, de la taille d'une tête, ronronnaient tranquillement, et s'occupaient apparemment des gros oeuvres. Angus en avait vu quatres d'entre elles éléver une poutre immense dans les airs, grimpant vers les niveaux supérieurs et le sommet encore invisible de la structure.
Rajustant son haut de forme, Angus prit appui sur sa canne et continua son exploration, revenant vers le centre de la tour, là où il avait cru apercevoir un ascenseur, alors qu'il cherchait son chemin. Curieux de nature, il n'avait pas résisté à l'envie d'entrer dans la chambre quand il avait par hasard ouvert la porte. Celle-ci s'était refermée derrière lui, et alors qu'il s'acharnait sur la poignée, le pan de mur avait basculé dans le vide, manquant de l'entraîner dans sa chute. Légèrement contrarié, le gentleman ne s'était pas laissé démonté et s'était résolu à trouver une autre sortie. Pour l'heure, il n'avait pas vu l'ombre d'une porte, tout ici n'était qu'élévateurs et ascenseurs, parfois, ici et là, une échelle pour un pont de planches plus ou moins branlant, mais pas la moindre poignée, ni même le moindre mur.
— Je m'ennuie…
Angus fronça les sourcils, sont double démoniaque semblaient visiblement trouver le temps long, car il était rare qu'il lui adresse la parole autrement que pour l'insulter ou se moquer. Mais ce n'était pas ce qui dérangeait l'Ecossais, mais plutôt le fait que la voix ne venait pas de sa tête, elle semblait se répercuter en échos sur les poutres metalliques. Si d'ordinaire la voix du Croquemitaine n'avait rien d'agréable, cette impression d'omniprésence la rendait encore plus inquiétante. N'étant pas certain que son double l'entendrait s'il répondait par la pensée, et certainement pour se rassurer un peu, il répondit à haute voix.
— Ce n'est pas le moment de s'ennuyer, je dois sortir d'ici, et toi avec…
Sa voix n'eut pas d'écho, ce qui lui fit retenir un soupir de soulagement, le Croquemitaine profitait des propriétés de la chambre pour lui faire peur. Il ne risquait pas de le voir surgir de derrière un pylone, ou d'un trou dans le sol. Car aussi étrange que cela puisse paraître, Angus avait une peur bleue de son jumeau, même si son flegme britannique lui permettait de garder tout contrôle sur lui-même, il aurait réellement détester se retrouver en présence de cette face de cauchemar qui ne cessait d'hanter ses pas. C'était une des raisons pour lesquels il n'utilisait jamais son pouvoir, se retrouver face à un clone aux traits démoniaques le terrifiait beaucoup trop.
— Sortir? Pourquoi donc? Ai-je dit que je ne me plaisais pas? Il y a quelque chose dans l'air, tu n'est pas assez corrompu pour le sentir… Un parfum aux senteurs délicieuses pour mes sens… Oui… Un parfum d'Enfer…
Angus aperçut enfin l'ascenseur qu'il cherchait, celui-ci montait. Rien ne semblait plus rassurant qu'un ascenseur qui montait après la déclaration de son jumeau maléfique, car qui disait Enfer, disait forcément descendre. Se rapprocher du ciel ne pouvait être que salvateur au sein de cette oeuvre folle.
— Si l'Enfer est au pied de cette tour, espérons que le paradis sera au sommet… Je ne compte pas te donner satisfaction en me rapprochant du sol… Pour peu qu'il y en ait un.
Un rire etouffé se répercuta dans le vide autour de lui, montant sur le petit élévateur, il actionna le bouton qui le ferait monter à l'étage supérieur, peut-être bien vers la rédemption… _____________ Au-delà du reflet, Il attend son heure, patient et déterminé... |
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Le Croquemitaine Schizophrène

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Mer 27 Aoû 2008 | 18:09 |
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Un étrange et violent courant d'air parcourait les couloirs de l'asile, il alla jusqu'à se permettre de bousculer White qui modifia immédiatement sa trajectoire afin d'éviter la malvenu. La longue et maladroite charogne de l'autiste se retrouve face à une porte close. Près de la poignée se tenait un groom en tenue rouge. Bien que son corps adoptait les proportions humaines, l'homme de service arborait fièrement une énorme tête de carpe, surmontée d'un court chapeau noir.
— La chambre 113 Monsieur White, lâcha l'étrange serviteur en ouvrant la porte. Cette dernière menait à un vide complet, mais pas à un vide sombre comme on pourrait s'y attendre, loin de là ! Il s'agissait d'un ciel clair et totalement dégagé. Seule une poutre métallique, soudée au socle de la porte, se dégageait de la clarté grisâtre de la pièce.
Le squelettique homme masqué réfléchit un moment à l'alléchante proposition. Certes il cherchait toujours le directeur, mais il pouvait bien en profiter pour rencontrer d'autres patients. Jusque là, ceux qu'il avait croisé n'étaient guère bien soignés. L'autiste remédierait à cela très vite. En attendant, autant explorer ces locaux, il était là pour ça.
— Bien, maintenant disparaissez !
L'homme-carpe s'exécuta, explosant dans un nuage de fumée. White passa son corps malingre à travers l'embrasure de la porte qui en profita pour disparaitre entièrement, emportée par un étrange drone aux tentacules métalliques. La poutre sur laquelle se tenait l'autiste donnait directement sur un étrange ascenseur en carlingue. Un homme élégamment habillé venait d'actionner l'interrupteur de la machine qui se mit à monter à une impressionnante vitesse.
White leva son chapeau haut de forme à l'inconnu avant que ce dernier ne disparaisse totalement.
— Je n'aime guère les gens masqués… se dit-il à lui-même.
Une grenouille qui passait par là, en agitant le vide à grand coup de cuisses, s'interrogea sur les paroles de l'autiste.
— Il n'était pourtant pas masqué !
White ne prit même pas la peine de répondre qu'une immense pieuvre avala la pauvre bête. Le masque blanc se fendit d'un imperceptible sourire avant de se figer vers les hauteurs. On pouvait toujours voir l'ascenseur qui rétrécissait à vue d'oeil. Partout dans le ciel évoluaient d'énormes pieuvres grises. Parmi elles, White fut surpris de trouver d'autres créatures… bien réelles celles-ci. Les monstres artificiels dressaient d'étranges poutres en différents métaux et formaient d'improbables structures.
Alors qu'un drone passait par là, White lui ordonna de s'approcher.
— Je veux grimper là-haut. déclara-t-il en montrant l'ascenseur du doigt.
L'animal artificiel se mit de suite au travail, apportant péniblement une poutre. Très vite, d'autres drones, certains plus gros, d'autres plus rapides, s'approchèrent pour l'aider. Ils apportaient, empilaient, soudaient d'immenses poutres entre elles afin de construire une longue passerelle de bric et de broc.
White se mit alors à avancer, et plus vite il avançait, plus vite les créatures travaillaient, créant la passerelle au fur et à mesure de sa marche. Les poutres formaient désormais un immense pont oblique qui se dirigeait fièrement vers la trajectoire de l'ascenseur. D'autres drones s'occupaient des piliers de ce pont, le transformant en un véritable bâtiment.
White se mit soudain à s'impatienter.
— Je ne monte pas assez haut ! Je veux une échelle !
La plupart des drones, fatigués de suivre les ordres, lui lancèrent quelques rayons électriques avant de partir dans des "bips" affolés. Un léger mais désagréable courant traversa l'autiste qui entama une série de gestes désarticulés. Il finit par se rendre compte qu'il était presque seul. Le premier drone avait décidé de rester. Il apporta l'échelle demandée qu'il avait raccordé à une poutre bien plus en hauteur. White commença sa difficile ascension sous les cris du drone qui le suivait en entamant de longs ronds autour de l'échelle. Quelques minutes plus tard, White était en haut, sur une poutrelle qui tenait mystérieusement seule.
A plusieurs dizaines de mètres au dessus de lui, l'ascenseur s'était arrêté sur une nouvelle plate-forme métallique, qui semblait n'en plus finir. White joua le tout pour le tout et plongea dans les airs, bien décidé à rebondir sur quelques pieuvres qui seraient passées par là.
Le drone affolé enserra le corps long et fin de l'autiste avant de le monter péniblement jusqu'à la plate-forme.
Quand il fut arrivé, il délivra à White une série de rayons douloureux avant de partir, furieux. L'homme masqué se leva. Il était à quelques pas désormais de la porte de l'ascenseur. La machine sonna, signe que les portes allaient s'ouvrir… _____________ "C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."
Erasme |
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White Autiste

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Mar 09 Sep 2008 | 22:03 |
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Alors que l'ascenseur s'approchait dangereusement de ce qui ressemblait à une trappe fermée extrêment solide, Angus eut l'idée de sauter, convaincu qu'il allait bientôt n'être plus qu'une bouillie sanguinolente scotchée à ce plafond métallique, une mort bien insatisfaisante pour l'homme de rang qu'il était. Alors qu'il évaluait le résultat d'une chute de cette hauteur, en réalité à peu de choses près le même que celui qui l'attendait, il entendit le rire sardonique et désagréable de son jumeau maléfique, celui-ci ne semblant pas réaliser que la mort d'Angus était aussi sa mort, ou sa condamnation à errer à jamais dans les miroirs. L'Ecossais s'étonna lui-même de son manque de panique dans une situation aussi catastrophique, il allait se retrouver aplatit contre un plafond, et pourtant il restait parfaitement impassible, à la limite de la nonchalance, jouant à faire tournoyer sa canne.
C'eut pourtant été une erreur de croire qu'il attendait patiemment sa fin, sans plus de combativité face à une fatalité décidément bien rosse. Alors qu'il n'était plus qu'à un mètre du plafond, il agit avec une vélocité presque surnaturelle. Posant le pommeau de sa canne sur le rebord de l'élévateur, il la pointa vers le haut, afin d'en faire un étai sommaire. Pourtant, rien ne se passa, aucun choc soudain, pas de douleur intense, pas de bruit d'os brisés ou de chair éclatée, rien que le souffle du vent, et un ralentissement qui, bien que soudain, restait très délicat. La plateforme s'immobilisa, et les rebords furent rapidement déconstruit par une miryades de petites pieuvres couleur bronze, qui les emportèrent au loin pour Dieu savait qu'elle consolidation. De l'élévateur, il ne restait aucun trace, rien qu'un sol uni et solide.
Relevant la tête, l'air légèrement estomaqué, Angus eut la mauvaise surprise de faire face à un visage d'une blancheur angélique, mais au sourire particulièrement malsain. Un masque, comprit-il. Néanmoins, il lui semblait bizarre qu'il n'arrive pas à déterminer à quel moment celui-ci laissait apparaître la peau de la personne cachée derrière.
Etait-il arrivé au Paradis? Etait-ce là un Ange, chargé de lui montrer la voie vers le repos éternel? Peu probable, surtout que la présence du Croquemitaine était toujours aussi forte, et que c'eut été un Ange bien étrange que celui-ci. A cet étage, le vent semblait plus fort, et les quelques pieuvres qu'il voyait passer semblaient plus ballotée qu'autre chose, il en avait même vu une se raccrocher désespéremment à tout ce qui traînait par terre.
Ici, pas de poutres, rien que le sol, et autour, toujours ces nuages oscillant entre le gris et le gris clair. Angus fut obligé de maintenir le bord de son haut-de-forme pour éviter de le perdre, et dût encombrer cette même main avec sa canne pour tendre l'autre à l'Ange au sourire déplaisant.
Il fit quelque pas, se rapprochant de l'inconnu, il dût hausser la voix pour couvrir le bruit du vent.
— Enchanté, Angus McAllister, du clan McAllister. A qui ai-je l'honneur ? _____________ Au-delà du reflet, Il attend son heure, patient et déterminé... |
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Le Croquemitaine Schizophrène

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Mer 10 Sep 2008 | 20:55 |
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Un nouveau bataillon de drônes venait d'apparaître pour démonter, sans raison apparente, une partie de la plate forme. White eut juste le temps de s'avancer d'un pas avant qu'une pieuvre métallique à l'air menaçant n'enlève le morceau de ferraille sur lequel il se tenait. Un coup d'oeil en arrière et l'autiste remarqua que l'échelle n'était plus là… Il ne se hasarda pas à vérifier plus bas si le reste de la construction qui l'avait mené jusque là existait encore. Un long moment, le jeune homme resta pensif et immobile.
Le vent chuchotait ça et là quelques paroles incompréhensibles, tout en faisant ondoyer le costume de l'autiste, soulignant son allure d'épouvantail. Dans un large mouvement de son bras, qui évoquait quelque peu les pattes avant d'une mante religieuse plus maigre que nature, il posa sa main sur son haut de forme pour ne pas que le vent l'emporte.
Quelle idée de venir si haut ! se dit-il en soupirant.
Soudain, il remarqua les étranges personnages qui lui faisaient face. L'un d'eux semblait l'imiter, en luttant contre le vent, il tendait une main qui semblait forte et ferme. White frissonna à l'idée de devoir la serrer de la sienne. Ses longs doigts osseux ne risquaient-ils pas de se briser dans la poigne de l'inconnu ? L'autre homme, lui, ne faisait pas attention au vent. Etrangement, quelque chose dans son attitude faisait penser aux différents reflets que l'autiste avait rencontré dans la verrière. Mais quelque chose dans son visage semblait plus… démoniaque.
- Cet homme n'est pas réel. Il faudrait être fou pour l'inventer. déclara l'autiste sur un ton neutre.
Puis, il se souvint de l'autre personne. Angus McAllister. Angus… Ange. Il n'avait rien d'un ange. Soudain, White comprit d'où venait l'étrange reflet quand celui-ci vint se fondre dans le corps de Mc Allister. Décidément, cet Asile n'abritait que de biens singuliers personnages.
Le masque vénitien de White se figea sur Angus. La surface plane et polie n'exprimait rien. Les lèvres en céramique n'exprimaient rien. Les deux orbites creuses n'exprimaient rien.
L'autiste se décida soudain à répondre à sa nouvelle connaissance.
- Salut à vous Monsieur Mc Allister. Votre reflet me semble quelque peu dérangé…
La main gantée de blanc de White effleura celle de l'inconnu avant de retourner bien sagement à sa place, le long du torse squelletique de l'autiste.
- Ah… J'oubliais. Je suis White, mais vous devez avoir entendu parler de moi. _____________ "C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."
Erasme |
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White Autiste

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Mer 10 Sep 2008 | 22:07 |
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Mais… quel était ce reflet rose, à peine entrevisible du coin de l'œil, aussitôt évaporé parmi les onctueuses arabesques des ouvriers forcenés ?
Et ce levier affûté, rosissant également, était-il là à l'instant qui précédait celui qui nous intéresse ? Ou même ceux qui le précédaient encore ? Et quel murmure apocryphe aurait ainsi pu l'émotionner pour qu'il rougît tant ?
Enfin, c'était bien une queue éperduement touffue qu'on voyait se déployer sulfureusement depuis le coin de cette poutrelle sans pétales !
Et ce rire plus proche du hoquètement ombrageux que de la chaste mondanité, émanait-il d'un quelconque haut-parleur complice ?
Cela, nos amis n'eureut guère le temps de le découvrir : les reflets comme les échos s'étaient déjà dissipés bien loin au-delà de leurs chères têtes. |
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Le Chat

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Dim 14 Sep 2008 | 16:21 |
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Décidément, cette pièce était bien étrange. White n'en avait d'ailleurs jamais entendu parler. Ainsi, la rumeur était vraie : le directeur s'amusait à générer de lui-même quelques aberrations, se moquant totalement des plans d'origine. White devait absolument avoir une entrevue avec le directeur, il fallait que cela cesse ! Mais ce n'était pas encore à l'ordre du jour : pour l'instant il avait à faire !
En effet, cette étrange boule de poils rose ne semblait pas être un patient, contrairement à Angus. En tant que telle, elle devait sans doute connaître l'emplacement de la sortie. L'autiste se décida à essayer de la suivre. Le court instant durant lequel il l'avait entraperçue, la bête semblait vouloir escalader la structure. Après un dernier regard vers Mc Allister, le jeune homme masqué fit une rapide révérence et s'en alla d'un pas pressé, ses longues jambes dévorant le métal de l'étrange structure que formait la chambre 113.
White se dirigeait un peu au hasard, tombant fréquemment nez à nez avec le vide. Il finit par comprendre que les étages n'étaient pas forcément liés entre eux et que, pour grimper, il lui faudrait escalader les poutres verticales qui permettaient à la construction de tenir. Ce qu'il fit sans broncher.
Jamais le masque blanc ne se hasardait à regarder en bas. Non pas que l'autiste avait peur -le ciel blanc comme neige qui s'étendait tout autour de la structure le rassurait plus qu'autre chose- mais il voulait absolument rejoindre la chose qui les avait dérangé Angus et lui.
Les longs bras du jeune dérangé fondaient sur les prises que lui offraient les quelques clous qui dépassaient ça et là. De loin, l'escaladeur ressemblait à une fine araignée dont les membres souples s'étirerait d'un fil à l'autre de sa toile.
Peut-être était-ce le cas d'ailleurs ? Bientôt, l'autiste se mit à apercevoir divers moustiques et libellules aussi gros que lui, voire plus. Les insectes l'observaient d'un oeil apeuré, comme s'il allait se jeter sur eux d'un moment à l'autre.
Soudain, une immense main venue de nulle part, qui tenait fermement un gigantesque aérosol aux airs menaçants, se braqua sur l'autiste. Un jet de produit anti-arachnide pulvérisa le costume du pauvre homme qui en frissonna de déplaisir, sans pour autant lâcher prise. L'autiste continuait à escalader la structure, absolument obsedé par la bête rose qu'il suivait. _____________ "C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."
Erasme |
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White Autiste

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Mer 20 Mai 2009 | 12:23 |
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L'Ange qui se présenta sous le nom de White, Angus aurait parié que ce fut un nom du genre, ne resta pas bien longtemps en place. Tout comme Angus, il avait aperçu, du coin de l'oeil, cette forme aux couleurs roses, et avait vaguement entendu le chant amusé d'une troisième personne. Mais la vision s'était presque immédiatement évaporée dans les nuages qui les dominaient, et qui abritaient surement un autre étage de l'étrange structure, comme semblait l'indiquer les piliers métalliques qui grimpaient toujours plus haut vers les cieux. White avait déjà disparu dans les nuages les plus bas, visiblement à la poursuite de la fugace apparition.
Angus lui se tâtait, il avait cru reconnaître en la silhouette rondouillette et touffue le Chat du Directeur, un animal qui n'était pas vraiment réputé pour sa sincérité et encore moins pour son honnêteté. S'engager à ses trousses pouvaient s'avérer une mauvaise idée. En même temps, Angus n'avait pas vraiment de meilleure idée, et il commençait à s'ennuyer de l'endroit…
Alors qu'il s'approchait du bord de la plateforme, un banc de pieuvres mécaniques passèrent nonchalamment à sa hauteur, voletant avec dédain à quelques mètres de là, au-dessus du vide. Décidé à mettre au travail cette bande de tire-au-flancs, Le Croquemitaine les harangua.
— Vous, là !
Les pieuvres se tournèrent vers lui, se stoppant net et continuant à flotter dans le vide. Il avait toute leur attention.
— J'aimerais grimper, pourriez-vous m'indiquer le plus court chemin? Ou au moins m'indiquer un autre chemin qu'une escalade fastidieuse ?
Les pieuvres semblèrent hésiter un moment, plusieurs se regardèrent entre elles. Elles étaient cuivrés, et chacune d'entre elle pouvait tenir dans la paume de l'Ecossais, mais elles au nombre d'une bonne vingtaine. Avec docilité elle se rapprochèrent d'Angus et se glissèrent doucement derrière lui, le poussant gentiment, et le forçant à s'allonger dans le vide, elles virent se placer à quelques une au creux de ses reins, d'autres derrières ses genoux et sous ses aisselles, et une dernière vint lui soutenir la nuque. Il était étrangement confortablement installé dans ce fauteuil peu banal, et les petites pieuvres prirent de l'altitude, tournoyant doucement sur elles-mêmes. Bientôt, ils percèrent les nuages et arrivèrent en vue de la plateforme supérieure, où semblait régner beaucoup d'activité, d'après les bruits, il devait y avoir des centaines, peut-être des milliers de drones s'activant à la tâche. Mais Angus s'élevait toujours.
Jusqu'au moment où une patrouille de drone bien plus gros, couleur platine, surgirent des nuages et foncèrent à toute allure vers Angus et les petites pieuvres qui le soutenait. Il sentit la catastrophe venir, alors que les petits drones cuivrés s'agitaient furieusement dans son dos, manquant de lui faire perdre l'équilibre et de le précipiter dans le vide. Les drones de platine, qu'Angus suspecta de protéger les travailleurs cuivrés, ne tardèrent pas à rattraper le convoi, et alors que les petites pieuvres s'envolaient en tous sens pour éviter le courroux des gardiens, laissant Angus seul avec la gravité, l'un d'eux le percuta violemment à l'abdomen.
Le Croquemitaine eut juste assez de présence d'esprit pour s'agripper de toutes ses forces à l'imposant engin, qui devait bien faire au moins cinq ou six fois la taille des drones cuivrés et tenta de ne pas lâcher prise. Pourtant le gardien se débattait, virevoltait en tous sens pour tenter de le désarçonner. Pire, les autres drones de la patrouilles se mirent à voler tout prêt d'Angus, tentant de lui asséner des coups violents. Alors qu'il regardait autour de lui essayant de prévoir le prochain coup de butoir des sentinelles, il s'aperçut qu'ils avaient dépassé la plateforme, et qu'ils n'en étaient plus très loin. Il ne réfléchit pas et lâcha prise.
La chute fut heureusement de seulement quelques mètres, et Angus atterrit lourdement sur un tas de drones cuivrés qui amortir, plus ou moins, sa chute. Le sol de la plateforme était recouvert de petites pieuvres s'agitant en tous sens, un véritable tapis mécanique. Angus n'eut même pas le temps de se relever que tel une marée, les pieuvres lui grimpèrent dessus et l'ensevelir, toutes à leur tâche, sans même remarquer sa présence. C'était une sensation étrange, entre le chatouillis et le picotement. Il prenait soin de garder les mains devant son visage pour éviter tout accident, mais les pieuvres cuivrés ne semblaient nourrir aucune hostilité à son endroit. Entre les formes mouvantes qui lui cachait la lumière à intervalles plus ou moins régulier, il put distinguer les drones platines observant la plateforme, visiblement à sa recherche. Au bout de quelques longues minutes, ils abandonnèrent et disparurent au loin.
Angus attendit encore un peu, afin d'être sûr que les sentinelles n'étaient plus dans le coin, et il se releva, emportant avec lui une nuée de pieuvres mécaniques, qui reprirent leur travail une fois leur équilibre retrouvé. Assis sur un premier tapis de drones, ses jambes disparaissaient sous un second, tandis que seul son buste dépassait de la marée mécanique.
— Eh bien, j'aurais préféré un voyage un peu moins turbulent… _____________ Au-delà du reflet, Il attend son heure, patient et déterminé... |
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Le Croquemitaine Schizophrène

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