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D'un brumeux et absurde éveil

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Message Lun 04 Aoû 2008 | 15:06  Répondre en citant

La simulatrice frémit au contact du projectile terreux. Une tomate ! Preuve irréfutable de son existence/talent. Qui peut se vanter d'avoir fusillé une illusion ? Comment vaincre un ennemi invisible ? À partir du moment où on la flagellait, on l'acceptait. Quelle importance de recevoir des pierres ou des lauriers ? La banalité n'est que de l'exception prise au second degré.
Lise ne put retenir une larme en se débarbouillant. Elle leva sa carcasse drapée de blanc, avec un léger vertige du à son inactivité prolongée, et repartit revivifiée à l'assaut. Elle ignorait ostensiblement les autres jets.

"Non, tu peux être tranquille de ce côté-là, ma belle, je n'oublie pas nos situations respectives. Je me souviens que tu vis dans un monde hostile peuplé équitablement de simples imbéciles et de salauds finis, alors que moi je suis toute seule dans un trou qui n'appartient qu'à moi. Fait le compte. Enfin, si tu ne peux pas te passer de ton indépendance …"
Lise sourit aimablement à sa parèdre.
"Tu peux toujours arrêter de respirer. Au moins tu cesseras d'être dépendante de l'oxygène. Je préfèrerais d'ailleurs, comme ça tu pourras me raconter comment ça fait d'être véritablement "à l'abri". Tu le feras, dis ?"

Elle réémit une copie conforme de son rire précédent.
"J'aimerais bien entendre ta version."

La manipulatrice d'elle-même semblait totalement ignorer les prémices de son propre enterrement. Curieux, ça. Ce n'était vraiment pas la même personne que tout à l'heure.
_____________
Si je suis
Ce que j'ai fait
De ce que les autres ont fait
De ce que je suis
Alors
Je ne suis pas
Lise Errandi
Hystérique


Message Mer 11 Mar 2009 | 17:05  Répondre en citant

Ann n'avait pas rabattu le caquet de Lise: loin de là. Voilà que le bouffon reprenait de plus belle, sa morgue contredisant sa larme:
Non, tu peux être tranquille de ce côté-là, ma belle, je n'oublie pas nos situations respectives. Je me souviens que tu vis dans un monde hostile peuplé équitablement de simples imbéciles et de salauds finis, alors que moi je suis toute seule dans un trou qui n'appartient qu'à moi. Fait le compte.

Demeurée silencieuse, légèrement essoufflée par ses efforts meurtriers, Ann esquissa un faible sourire.
Oui, de simples imbéciles et des salauds finis, c'est exactement ça… murmura-t-elle, comme songeuse. Elle chassait de son esprit l'impression nouvelle que lui faisait la survoltée. Là, fragile, blanche au fond du trou, à sa merci mais hors de portée, Lise lui faisait l'effet d'un funeste prophète. Un prophète trop provocateur, cependant.

Cela en devenait presque lassant.

Estimant avoir passé suffisamment de temps ici, Ann donna un dernier coup de pied dans la terre - par principe, presque à contrecoeur.
Eh bien, tu devras t'en passer. Je t'abandonne à tes fantômes… Mais je suis sûre que tu sauras tirer profit de ce séjour.
Et puis elle tourna le dos, et s'éloigna vers une muraille de caveau.

Elle s'éloigna, laissant derrière Lise, solitaire.
Lise, dans son tombeau.
Lise, dans son tombeau à la profondeur entamée par sa violence.
Les cinq coups de pieds avaient creusé la terre, meuble et gluante, au bord du gouffre.
S'aidant des déchets de racines, un grand homme eut peut-être pu en sortir.

Mais Ann était déjà partie.
_____________
Il suffit d'Une étincelle... pour que Tout s'embrase.
Ann Strokes
Paranoïaque


Message Sam 21 Mar 2009 | 16:37  Répondre en citant

Mais Lise avait détourné les yeux de son public comme avec mépris, persévérant machinalement dans son rôle. Fatale erreur, quand une réaction plus approprié eut peut-être retenu l'attention une poignée de secondes de plus … peut-être.

"C'est gentil de t'inquiéter pour moi, mais je ne vois pas vraiment comment est-ce que ma situation pourrait s'améliorer, elle est tellement … paisible."

Sur ce dernier mot Lise s'aperçut soudain qu'on l'avait effectivement quitté. Les parois de sa prison n'encadraient plus qu'une brume impénétrable et tournoyante.


Soudaine appréhension.
Le cœur qui vole en éclat.

Lise quitte précipitamment le fond de sa première demeure, avec plus de difficulté qu'attendue ; se dresse le long de la terre verticale mais, ah, dommage, il lui manquerait quelques centimètres pour atteindre une prise, elle est effectivement coincée, et s'exclame avec une surprise incrédule :

"Où tu vas ? Tu crois peut-être trouver mieux ailleurs ?"

Mais elle-même n'y croit pas, celle à qui elle s'adresse est trop loin à présent, invulnérable à tout mégot brûlant que Lise pourrait lui renvoyer naïvement, inexpugnable. Ailleurs, mais où ça ? Lise n'en sait rien, son univers qui venait de s'élargir ne constitue plus à présent qu'un tombeau vide -pourquoi serait-il plein ?

Sinon de peur ?


"Ne t'en vas pas, ne t'en vas pas, il n'y a rien par là, pas sans moi, reviens me chercher REVIENS !!!!!!!"


Panique enfiévrée, coups de griffes frénétiques sur un obstacle cruellement indifférent, peine perdue. Lise ne semble être née dans un tombeau que pour lui faire gagner du temps. Elle le refuse, elle lutte à corps perdu contre un destin obscur, mais qu'importe les cris et les larmes, feintes ou non, nul ne l'entendra, nul ne viendra la tirer du gouffre où elle s'est mise sans savoir comment. Ses gesticulations se font plus fluides, plus rapides, vives jusqu'à une dextérité impossible, jusqu'à ce que la brume tourmentée par tant d'agitation stérile l'engloutisse, absorbant la pâleur exsangue du costume et de son occupante, niant jusqu'à son existence tant les remous qu'elle cause pourraient être aisément attribués au vent.
Un souffle d'air ? Au cimetière ? Eh ! Qui sait, peut-être le dernier râle d'un interné. Mais pas Lise.


Pour les hurlements, cela prend un peu plus de temps, mais eux aussi finissent par disparaître dans le ventre abyssal du brouillard -monstre boulimique mais gourmet, qui savoure chaque bouchée de douleur mais ne laisse finalement que des tombes.


Difficile de dire jusqu'à quel point la métaphore mérite d'être filée : lorsque la brume se retire, dissipée un instant par ce qui semble plus être un caprice qu'autre chose, la paroi de la tombe est creusée de profondes entailles, comme des marques de griffes ; on peut y retrouver quelques traces de sang, comme si lesdites griffes n'y avaient pas toutes survécu.

Mais le fond du tombeau, lui, est rigoureusement vide.


Plus de traces de Lise.
_____________
Si je suis
Ce que j'ai fait
De ce que les autres ont fait
De ce que je suis
Alors
Je ne suis pas
Lise Errandi
Hystérique


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