Mer 26 Nov 2008 | 21:11 |
|
|
Une mince silhouette pénétra dans le fouillis de fioles diverses, variées et colorées. Le vieil homme embrasa la salle déserte du regard, foudroyant chaque tas de tubes ou de bruleurs à gaz entassés comme s'il espérait les faire disparaître par la force de son regard.
S'agissait-il vraiment d'un honorable ancêtre ? Ah non… Bien que sa chevelure d'une blancheur presque éclatante put préter à confusion, c'est bien d'un jeune homme fringuant plein de bonne humeur à qui nous avons affaire… Plein de bonne humeur ? Ah non…
Sa bonne humeur, Neo Bâle l'avait perdue en se levant ce matin après avoir remarquer ce qu'il lui manquait, mais passer la journée à farfouiller dans des salles poussiéreuses ne pouvait que faire sombrer un être humain normalement constitué dans un minimum de morosité de toutes façons.
En plus il avait faim. Il avait passer une splendide journée ensoleillée à courir après l'objet de sa recherche. Le soleil se couchait et il avait faim. Et en plus il n'avait personne à qui parler, et il détestait ça. Oh, ça lui arrivait de se parler à lui même mais à quoi bon ? Il savait à l'avance ce qu'il allait dire et entendre, aucun intérêt donc pour combler sa sollitude.
— Bon sang, mais où est-elle ? maugréa à voix haute Neo Bâle aux étagères pleines de fouillis et à la poussière. Elle est forcément là !
Le jeune homme bazané jeta un oeil dans de petits tiroirs puis se mit à genoux et entreprit la fouille de quelques vieux livres qui trainaient dans le coin en prenant tout de même garde à ne pas les abimer.
Des livres…
— A quoi bon des livres s'ils ne peuvent parler ! grogna-t-il
Il en profita pour ranger les ouvrages en pile, ce n'est pas qu'il soit maniaque mais si quelqu'un devrait aussi un jour faire des recherches dans cette pièce, il aura moins de difficultés que lui aujourd'hui. On ne sait jamais…
— J'ai faim… _____________ Une parole adéquatement maniée est aussi efficace qu'une lame en plein coeur.
Laisse moi te parler. |
|
Neo Bâle Schizophrène
|
Mar 28 Juil 2009 | 12:25 |
|
|
Quatre heures déjà que Lewis Mazzini planchait sur la conception d'une énième drogue, qu'il savait indispensable à sa quête d'apaisement ... Les vapeurs du produit inachevé lui firent découvrir les préludes de ses effets. Plongé dans une transe rythmée par l'ébullition et les murmures de gaz, le décor, les fioles, les alambics, les innombrables notes, se déformèrent alors en immenses masques extatiques emprisonnant la perception de l'espace. Dans ses oreilles, une contrebasse anesthésiée tapotait gravement ses tympans, ses glandes salivaires gonflèrent, et sa bave muta en un tapis d'Orient sur lequel les vices de Lewis purent s'effectuer au pays des rêves.
Les minutes passèrent, et le coma délicieux cessa brusquement au moyen d'une chute vers les réalités. Quand Lewis émergea, l'addiction lui frappa les tempes et il sentit des kilos de neurones flétrir dans sa boîte à pensées. Un cri intérieur le plongea dans un flash-back lucide qui le conduit vers l'évidence qu'il ne pouvait continuer ses recherches sans se protéger des vapeurs, et qu'il devrait subir sa dépendance en attendant la libération mentale. Lewis plongea donc son nez dans un chiffon et continua ses travaux ...
"Lewis, ce n'est plus supportable, injecte-nous un substitut, et reviens plus tard concevoir cette merveille ... il me faut quelque chose ... notre cerveau est fissuré ..."
"Tais-toi, Quasimoto ! Je ne lâcherai pas mon génie, j'ai tout en tête ! Apaise toi en contemplant le travail de mes mains sacrées ! Plus que quelques heures et nous auront là une drogue parfaite."
Du fond de la pièce émanait un murmure perdu manifestant quelque intérêt urgent pour la nourriture. Lewis avait habitué son oreille à cette rengaine qu'il associait maintenant à l'ambiance de la pièce. Alors que son esprit manipulait les formules chimiques et jonglait malgré la souffrance, la rengaine stoppa net. Cet incident perturba Lewis qui se retourna brusquement et aperçut, au loin, un individu à la présence récente, responsable du silence de l'affamé. Notons qu'il ne semblait pas apprécier la présence et la conception de produits illicites dans le laboratoire ... |
|
Lewis d'Ascoyne-Mazzini Schizophrène

|