Un chemin vaut l'autre
De l'autre côté du miroir
L'Asile
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Inexpugnable...

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Message Dim 09 Nov 2008 | 16:29  Répondre en citant

Après avoir régnée, omnisciente, sur les dernières heures, la Nuit se retirait enfin. Le ciel s'éclaircissait lentement pour laisser l'obscurité rejoindre ses quartiers. Comme au matin des plus rudes batailles, l'abri de pierre avait tenu bon : le Beffroi se dressait toujours face au levant, attendant l'aube ignée comme une récompense.

A genoux sur une chaise en bois, le nez collé à la fenêtre, une frêle silhouette attendait, elle aussi. Elle serrait contre elle un ourson de chiffon à qui elle marmonnait des moitiés de phrases entrecoupées de longs silences. Son teint pâle et sa robe claire se détachaient dans la pénombre Ses grands yeux sombres fixaient avec une lourde intensité l'horizon naissant.

Il lui fallait attendre encore quelques minutes que la lumière apparaisse, qu'elle révèle les détails du parc qui s'étendrait bientôt sous ses pieds, en contrebas. Avec la lumière, elle verrait toute menace disparaître et pourrait enfin quitter son abri de pierres. Déjà elle apercevait des arbres, de l'eau, un lac peut-être…

Dans le silence de la pièce, un cliquetis retentit. Ysandre se retourna précipitamment, descendit de sa chaise et s'assit dessus en composant l'air innocent d'une enfant sage. Ses yeux, pourtant, demeuraient brulants. De nouveau, silence et immobilisme régnaient en maître sur l'endroit. Le chevalet était toujours là, au centre, et dessus reposait une toile sans sujet qui paraissait étrangement terminée.

La petite fille fronça les sourcils, scruta la pénombre et les ombres mourantes à la recherche d'un changement, même mineur qui aurait pû expliquer ce bruit sec de métal comme…

« Une porte… »

La Porte, celle-là même qui était restée verrouillée tout au long de cette interminable nuit, qui avait résisté à ses cris et ses prières… Elle se rendait avec le départ de la nuit.

« Tu vois Nexus, il semble que si le Maître cède, l'Esclave se plie… »

Prudemment, sans quitter la poignée des yeux, elle se leva et traversa la pièce d'un pas lent mais déterminé. Déverrouillée, entrebâillée, son dernier obstacle venait de céder. Sa liberté n'était plus qu'à quelques centimètres de sa petite main tendue…

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Toujours commencer par le plus difficile...
Ysandre
Paranoïaque


Message Sam 15 Nov 2008 | 21:07  Répondre en citant

Le beffroi était encore plus grand que Noah se l'était imaginé. Après une petite campagne de renseignements auprès des habitants de cet endroit, il avait pu apprendre qu'il se trouvait dans un asile, idée assez vexante en soi et d'autant plus agaçante qu'il était certain de ne pas être fou. Quoiqu'il en soit, nombreux furent les personnes qui lui dirent que les innombrables pièces du beffroi faisaient revivre à celui qui s'y aventurait ses souvenirs les plus douloureux. Qu'ils soient forcément douloureux importait peu, ils restaient des souvenirs et permettraient certainement à Noah de se remémorer les évènements les plus importants de sa vie, ce qu'il cherchait désespérément depuis son arrivée ici.

L'explorateur s'approcha donc du bâtiment, qui ressemblait surtout à un donjon selon lui. Il fallait qu'il y aille : malgré tous les efforts qu'il faisait, il ne pouvait pas s'empêcher de croire aux histoires apparemment stupides qu'on lui avait raconté. Cela ne pouvait pas être vrai, par définition un bâtiment ne pouvait pas changer radicalement de structure en fonction de ses occupants, une telle technologie ne serait pas inventée avant un moment. Et pourtant, il était si désespéré, il voulait tant savoir d'où il venait et qui il était réellement qu'il se rattachait à la moindre lueur d'espoir. Chose particulièrement ironique pour celui qui s'était longtemps interdit d'espérer en raison des inévitables déceptions que ce sentiment aveugle entraînait.

Noah entra calmement dans le bâtiment, pour se retrouver face à un escalier en colimaçon, dont la pierre semblait assez vieille mais encore solide. Sans réfléchir, il commença à monter les marches. Après cinq pénibles minutes, il finit par arriver devant une porte fermée. En bois, tout ce qu'il y avait de plus simple. Il s'en approcha doucement mais, alors qu'il commençait à tendre la main vers la poignée, un petit cliquetis de métal se fit entendre et celle-ci se tourna d'elle-même tandis que la porte s'ouvrait aussi légèrement que possible.

Noah se figea instantanément. Il y avait quelqu'un de l'autre côté qui avait anticipé son arrivée et savait exactement où il était, c'était la seule explication possible. Pendant un long instant, il resta immobile pour peser toutes les possibilités : la première pensée qui lui vint était de fuir. Il détestait ne pas comprendre ce qui se passait, et à ce qu'on lui avait dit cet endroit n'avait par nature rien de rationnel. Et quelqu'un semblait l'attendre, peut-être avec des intentions hostiles. Mais d'un autre côté, pénétrer dans cette salle permettrait de mettre fin à ses doutes et à ses vains espoirs, car il était évidemment impossible que le beffroi soit tel qu'on le lui avait décrit. Et puis, si quelqu'un l'avait attendu il était impoli de partir maintenant…

Finalement, il se décida et poussa doucement la porte. De l'autre côté se trouvait une fillette aux cheveux d'un blond extrêmement clair et qui serrait contre elle une peluche. Noah fut assurément surpris, il s'attendait à tout sauf à ça ; en même temps, il analysait la salle, qui n'avait rien de particulier. En réalité, les seuls éléments remarquables était une chaise en bois placé près d'une fenêtre et un chevalet sur lequel était installé une toile dont le contenu était impossible à voir depuis l'entrée. Peut-être que la petite fille était juste en train de peindre et que, ayant entendu son arrivée, elle était venu voir ce qui se passait.

En reportant son regard sur elle, il frissonna en remarquant qu'elle le dévisageait avec insistance. Noah détestait par-dessus tout être analysé de cette façon : cette petite personne, comme toutes les autres, était sûrement en train de former des préjugés à son égard, préjugés qu'il n'avait aucun moyen de démanteler car ils n'étaient même pas exprimés. Ainsi, oubliant toute forme de politesse, Noah se contenta de demander d'un ton qu'il ne voulait tout de même pas trop dur :

Qui es-tu ?

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N'est que divertissement tout ce qui ne contribue pas à la recherche de la vérité
Noah
Mélancolique


Message Dim 16 Nov 2008 | 4:29  Répondre en citant

Aussi glacial que fut le courant d'air qui entra dans la pièce, il n'aurait su préparer l'enfant à son visiteur : elle venait d'échapper à la Noirceur Nocturne et voici que son Ambassadeur se présentait devant elle… ultime assaut d'une bataille qu'elle espérait terminée. Mais l'Ennemi devait être sensiblement affaibli, car son Champion avait bien triste allure pour un guerrier. Alors qu'elle n'en finissait pas de l'observer, le coup fut surprenant mais non moins rude.

Que cette Créature lui demande de s'identifier n'était que pur affront : n'avaient-ils pas tout deux combattus ces dernières heures ? Sa stratégie consistait donc à l'affaiblir en niant son existence même ? Pourtant, en cet instant, la faiblesse apparente du Personnage était terriblement convaincante… Un dernier salut avant de se retirer peut-être.

Relevant le menton dans une attitude qu'elle voulait fière, Ysandre leva son bras frêle et désigna le tableau qui trônait toujours, imperturbable. Les premiers rayons du soleil apparurent enfin et frappèrent la toile qui se révéla :

Une fenêtre, un mur de pierre, une chaise vide.

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Toujours commencer par le plus difficile...
Ysandre
Paranoïaque


Message Lun 17 Nov 2008 | 21:53  Répondre en citant

Les réponses que Noah recevait de la part des internés étaient parfois perturbantes, mais ça valait toujours mieux que pas de réponse du tout. La fille s'était contenté de pointer du doigt le tableau, et la fierté non contenue avec laquelle elle le fit semblait indiquait qu'il s'agissait de sa création. Peut-être répondait-elle à sa façon, ce qui signifiait que ce tableau devait donner une quelconque indication quant à son identité. Ou alors, s'émerveillant devant ses propres créations comme tout enfant de son âge, elle exigeait des compliments avant de daigner lui parler un peu d'elle. Noah s'approcha du tableau tout en gardant un œil sur la fillette ; il était triste d'en arriver à se méfier des enfants, mais dans un endroit comme l'Asile, mieux valait se méfier de tout.

Le tableau en lui-même était relativement bien peint, surtout pour l'âge de son auteur présumé, mais le fond était totalement inintéressant. Il s'agissait simplement de la reproduction d'une partie de cette pièce froide ; comme il s'y était attendu, elle en était encore au stade primaire de l'art : elle n'avait pas encore assez d'imagination pour créer une scène de toute pièce mais, esclave de sa passion, elle ne pouvait pas attendre sa maturité artistique et devait donc se contenter de reproduire tant bien que mal le réel. Il est triste de se dire que certaines personnes, durant toute leur vie, ne peuvent pas voir au-delà du réel et en restent ainsi à ce stade, subissant leur passion sans rien pouvoir en faire, sans pouvoir l'exploiter en tant que véritable pouvoir de création. Ainsi, on pourra admirer chez cet artiste le talent avec lequel il arrive à reproduire le réel mais, passé le stade de la surprise, ses œuvres n'auront aucun intérêt car elles ne pourront jamais capter à la perfection la réalité. Mais ces peintres sont bien souvent aveugles, incapables de saisir la futilité de leur action et de leurs "créations" factices, et resteront donc de simples archivistes quand ils auraient pu être des inventeurs.

Mais en l'occurrence, le peintre de ceci n'était qu'un enfant, et non seulement elle ne comprendrait pas ses explications, mais en plus, vexée, elle persisterait dans son mutisme et Noah perdrait alors tout espoir d'en connaître un peu plus sur elle. Il fallait mieux l'amadouer, c'était la solution la plus sûre. Ainsi, le scientifique se saisit du tableau et commença à faire mine de l'analyser, de l'apprécier ; il remarqua au passage qu'il n'y avait pas d'instruments de peinture aux alentours, il se demandait bien où elle avait pu les ranger.

C'est toi qui a fait ça ? C'est très joli… tu es très doué pour ton âge.

L'avantage avait les enfants était que, dans le cas général, les procédés les plus simples fonctionnaient à merveille. Il était toujours plus facile de s'attirer leurs faveurs, et ils pouvaient parfois servir de terrain d'entraînement pour tester de nouvelles techniques de manipulation ou en peaufiner d'autres. Ainsi, sans lâcher le tableau, Noah tourna la tête vers la fillette avant de lui dire en souriant, sur un ton doux mais pas trop condescendant :

Il me plait bien, j'aimerais bien pouvoir le garder, tu apprécierais de me le donner, ou au moins de me le prêter ? Et dis-moi, tu ne m'a toujours pas dit ton nom…

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Noah
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