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Sur les bords du Nil

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Message Mer 20 Aoû 2008 | 10:10  Répondre en citant

Traitre…
La marche délicate, le pas léger,… La porte. Ouvrir la porte…

Néneksou !
Elle l'avait crié si fort…
Le sang à la salive mêlé sous la langue,
les pores de la peau creusés par le froid,
les tympans troués par le silence,
Siraya ouvrit les yeux.

Noir, tout était noir ;
rien à voir.

De l'eau, l'odeur de l'eau… Le Nil. C'était le Nil. Elle en était sûre. Combien de fois elle avait puisé l'eau argileuse du fleuve?
Si elle parvenait à ramper jusqu'à la berge…

Siraya se mit brutalement sur le ventre. Elle enfonça ses ongles dans la terre molle et tira de ses bras le poids du corps ankylosé grâce à une force invisible. Elle ne voulut pas tout de suite se préoccuper de ce qu'elle sentait pendre entre ses jambes. Au prix d'un effort de volonté surnaturel, elle parvint à toucher l'eau. Elle porta le visage à la surface du fleuve et but de tout son saoul.

Désaltérée, elle voulut s'asseoir. Mais quelle était cette chose poisseuse suintant le long de ses cuisses ?

Néneksou ?

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Tout craint le temps, mais le temps craint les pyramides. (Proverbe)
Siraya Nébetit
Hystérique


Message Mer 20 Aoû 2008 | 11:32  Répondre en citant

C'était à n'y rien comprendre.

Elle se souvenait parfaitement avoir émergé près de l'étang ! A quoi bon dresser une carte des caves si elle ne comportait même pas d'entrées fiables ? Sophie tournait et virait entre les arbres, son découragement et sa hargne se renvoyant joyeusement la balle — son cœur était un jokari sous ecsta. Elle devait bien être quelque part, cette sortie !

Sophie s'assit, six cent six saucisses, panier piano, tant va la cruche à l'eau (de pluie, Sophie-la-pluie), Sophie s'assit et tenta de retrouver son calme, de visualiser précisément l'endroit où elle avait émergé dans sa précipitation. Les couloirs sombres des caves, l'enfant derrière elle, gauche, droite, tout droit, droite, gauche, droite, droite, gauche, de la lumière, peut pas faire demi-tour, se jette dans une volée de marches et atterrit entre deux arbres. Pile entre deux arbres, ça, elle s'en souvenait parfaitement ! Mais lesquels ? Elle aurait dû les marquer, quelle nulle, mais quelle nulle ! Le découragement commençait à avoir raison d'elle, hirondelle, chanterelle, farfadelle.

Debout, Sophie-ben-oui ! Tu as une carte à dresser, des caves à dompter, on y retourne, et plus vite que ça ! N'est-ce pas ce qu'on t'a dit ? Reviens avec une carte des caves. Oui, c'est ce qu'on t'a dit, et c'est comme ça qu'on te l'a dit, tombe-la pluie, songe-la nuit, compte-tes doigts, crie sur les toits. Allez, deb…

Néneksou !

Statufication. Sophie n'est pas un lapin prisonnier des phares d'une voiture, Sophie n'est pas une athlète sur les starting-blocks, Sophie est une gigantesque oreille. Avec des cheveux. Mais rien… Alors l'oreille acheva de se redresser et, à pas chassés, trouva le réconfort d'un tronc épais. L'oreille glissa un œil… deux… Et entr'aperçut une forme imprécise. Un peu brillante. La pluie ? Voyons, il ne pleuvait pas. Etait-elle mouillée ? Elle était trop loin pour le dire. Mais… ça rampait par terre ?

Méfiance.

Zip, sa main rejoignit la clé à molette. Sophie attendait. Tout ça n'avait pas l'air très net.

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La mort est le plus profond souvenir.
Ernst Jünger
Sophie Lefèbvre
Mélancolique


Message Jeu 21 Aoû 2008 | 9:48  Répondre en citant

Le contact d'une main tiède sur l'épaule…
Je me retourne, il est là, il me sourit.
Je t'aime.

Siraya porta les mains à son ventre : ses entrailles étaient vides. Aucune trace de l'enfant. Le kâamata encore chaud pendait sous l'abdomen.

Elle fit comme elle avait toujours vu faire, comme il fallait faire. Siraya prit la poche sanguinolente et la dévora.
Le kâamata les protégerait, elle et l'enfant, de Seth.

Néneksou ?

L'enfant… l'enfant… l'enfant…
Chercher l'enfant. Au hasard, les mains palpent le sol, tâtent la roche, retournent la terre humide.

Puis Siraya saisit un léger froissement, là, tout près ; un infime bruissement d'herbe, tout au plus. Une odeur putride. Un souffle perfide, un râle. Une silhouette démoniaque. Seth.

Il a pris l'enfant et veut l'emmener. Non, elle ne le laissera pas faire. Non, pas Néneksou, l'unique de la lignée de Nefer.

Dans un éclair de fureur, elle sauta à la gorge du malin.

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Siraya Nébetit
Hystérique


Message Jeu 21 Aoû 2008 | 14:05  Répondre en citant

Sophie n'y voyait rien. Dans l'entrelacs du feuillage, le mirage d'une image se frayait un passage jusqu'à son visage où l'œil et l'oreille avaient repris leurs postes habituels. Elle ne percevait plus aucun mouvement de la part de la forme obscure. La clé à molette fermement assurée contre son ventre, son sac calé sous l'autre bras, elle avança à pas mesurés, se rapprochant le plus silencieusement possible de l'orée du bosquet.

Elle en eut pour son argent.

Sophie n'avait jamais vu de film d'horreur, n'avait jamais vu ce passage de L'associé du diable où un petit bébé joue avec des viscères, n'avait jamais vu aucun des accouchements gore d'Alien, n'avait jamais vu aucun des massacres baroques de Scream, n'avait jamais eu l'occasion d'être traumatisée par Il est revenu, n'avait jamais frémi d'angoisse devant cette fillette émergeant d'un puits avec des mouvements saccadés dans The Ring. Non, Sophie avait eu son lot d'horreur, c'était chose certaine, mais n'avait jamais versé une goutte de sang ; cela, on ne pourrait pas le lui enlever.

En l'occurrence, ce à quoi elle assista dépassait son imagination. Le corps à moitié couvert de sang luisant d'un éclat peu naturel, étendue à même la terre, une forme frêle dévorait un reste sanguinolent d'on-ne-savait-quelle carcasse, avec force bruits de succion et de déchirement visqueux. Elle n'eut pas le temps de se demander de quelle espèce d'animal il s'agissait : son estomac rendit sans plus attendre son verdict — et son casse-croûte. Mais elle n'eut pas non plus le temps de reprendre ses esprits que le monstre avait tourné la tête dans sa direction. En un éclair, elle fut sur elle, la renversant sur le dos en lui arrachant un hoquet muet d'effroi, envoyant valser au loin son sac contenant la précieuse ébauche de carte et sa non moins précieuse clé à molette. De près, elle put distinguer un visage humain, celui d'une succube lugubre, déformé par un rictus de rage, pâle comme la lune, les yeux d'une forme étrange et sombres, si sombres… L'odeur capiteuse du sang, le contact des doigts froids d'une force prodigieuse, d'une rigidité cadavérique : Sophie vivait un pur moment d'épouvante.

Sous le choc, elle ne pouvait qu'imaginer le contact des dents de la créature contre sa gorge, lorsqu'elle réalisa qu'il lui restait une botte secrète : en un éclair, le rictus fut immortalisé (clic clac ! c'est Kodak !), les mains griffues immobilisées, les cheveux crêpus rigidifiés, le souffle ténu corrompu suspendu ravalé. Du mieux qu'elle put, Sophie se dégagea de l'étreinte de la créature et tourna trois fois sur elle-même, paniquée, couverte de sang. La clé à molette brillait un peu plus loin dans l'herbe. Elle se précipita et lui fit reprendre sa place préférée, au creux de sa paume. Mais où était son sac, son sac, la carte, la carte, où était la carte, vite ! Elle sentait ses forces s'affaiblir, la sorcière aurait tôt fait de la rattraper, vite, elle devait retrouver son sac !

Sophie n'avait jamais vu ces scènes clichés où une jeune vierge effarouchée oublie dans la panique dans quel sens tourne une poignée de porte et s'escrime sur celle de l'entrée qu'on s'attendrait pourtant à ce qu'elle connaisse si bien durant une angoissante et surtout interminable minute tandis que son meurtrier traverse la pièce sans empressement en posant calmement un pied devant l'autre comme s'il avait la vie devant lui comme si c'était déjà trop tard — un peu comme dans ces rêves tout aussi clichés. Sophie ne pouvait donc s'identifier à une quelconque blondasse d'Hollywood. Peut-être se serait-elle plus volontiers reconnue dans la performance magistrale de Shelley Duval dans le Shining de Kubrick ? Plutôt que de tourner la poignée de porte dans tous les sens imaginables, à l'endroit, à l'envers ou en diagonale, celle-ci, alors que le danger est écarté, oublie d'ouvrir le loquet de la salle de bains et finit par tenter d'actionner la poignée à grands coups de couteau… Il faut la comprendre : son mari avait entrepris de défoncer la-dite porte à coups de hache. Oui, probablement que Sophie aurait aimé Wendy Torrance.

Elle sentit son emprise se défaire du monstre et se retourna, brandissant des deux mains sa clé à molette devant elle, comme une torche pour faire fuir les bêtes sauvages. Elle tremblait comme une feuille.

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Ernst Jünger
Sophie Lefèbvre
Mélancolique


Message Ven 22 Aoû 2008 | 9:58  Répondre en citant

Leurs deux corps mêlés dans une étreinte exaltée, un soupir de plaisir contenu…
Aime-moi, aime-moi encore.

Figée, démunie, impuissante Siraya. La démence d'une mère l'avait amenée à braver l'autorité du divin.

Asfa. Nâorah Néneksou. Asfa, asfa…
Pardonne Siraya. Aide-la à retrouver son fils.

Seth ne pouvait détenir cette magie qui paralyse les sens… Siraya savait les mythes et légendes d'autrefois. Seule une divinité supérieure, plus puissante que Rê lui même, pouvait user de ce sort.

Dans sa bonté infinie, Nîmârak Rê (Rê la vénère) rendit la vie dans le corps de Siraya.
Agenouillée, d'une religiosité somptueuse, elle entonna un chant d'adoration auquel seul faisait écho le silence majestueux de la nuit.

Elle était venue l'aider à retrouver son fils unique. Elle était venue la sauver.

Nâorah Néneksou.

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Siraya Nébetit
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Message Ven 22 Aoû 2008 | 11:21  Répondre en citant

Non non non non non non non.

C'était trop facile ça ! Ça sentait le traquenard à plein nez. Je te saute à la gorge, tu m'échappes, hop, on passe à la manière douce, je me mets à genoux, je t'implore, c'est ce que font les sirènes ! Et ce mot qui revenait sans cesse, qu'elle avait déjà entendu depuis l'orée du bosquet, Ninéksou, ça sentait pas bon ça non plus.

Sophie tilta comme un flipper rouillé : la sorcière était en train de réciter des incantations contre elle ! Dissimulée dans son grand drap noir, le spectre à la peau livide essayait de l'envoûter. Non, ça n'allait pas se passer comme ça !

N'essaye pas de m'avoir avec tes trucs ! lança Sophie, peu convaincue, agitant fébrilement sa clé à molette pour tenir la succube à distance.

Elle se trouva stupide. Elle aurait mieux fait de s'enfuir en courant. La sorcière avait-elle déjà pris le contrôle de ses jambes, ébréché sa volonté ? Elle hésita, tenta de se souvenir des incantations qu'elle avait proférées contre elle — la note de tristesse qui les envahissait la heurta alors. Evidemment, Sophie, qu'elle a l'air malheureuse ! C'est pour mieux t'attendrir, mon enfant. Et quelle gourde, d'essayer de réentendre ses mots ! Elle allait subir l'incantation deux fois en tentant de se la remémorer ! Tes jambes ! File donc, avant qu'il ne soit trop tard !

Un dernier détail vint cependant balayer ces considérations.

SON SAC !

Elle ne pouvait pas partir sans son sac, sans la carte, sans tout ce dont elle avait besoin pour la continuer, elle ne pouvait pas partir sans avoir retrouvé la sortie des caves… Il lui fallait défendre la zone, coûte que coûte. Elle mobilisa tout son courage et fit face à l'abomination, jambes écartées plantées dans l'herbe, les bras toujours tendus devant elle :

Laisse-moi ! Va-t'en !

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Message Mar 26 Aoû 2008 | 10:25  Répondre en citant

Je porterai ton enfant. Je chérirai ton fils unique.
Que ton esprit repose en paix, amour.

Siraya attendait le châtiment.
Dans la nuit, elle vit poindre l'ombre d'un sceptre argenté. Par son arrogance, elle avait éveillé le courroux divin et allait endurer sa vengeance.

Docile petite porteuse d'eau, l'échine courbée sous la puissance du ciel…

Le ciel…

Siraya vit Rhân apparaître par-delà l'horizon.
La déesse invoquait l'instrument de sa force. Telle serait la punition infligée par la grande Nimârak Rê.

Les chairs du visage et des mains de Siraya prirent feu. Chaque pore incandescent de sa peau lui fit subir une douleur inouïe.
Le crépitement de la carcasse qui crisse et qui craque,
la puanteur graisseuse de la couenne calcinée…
Le couperet du destin s'acharnait sur la jeune égyptienne.

Pour pénétrer les portes de l'au delà, elle devait rendre son dernier souffle sur la rive ouest du fleuve sacré de Hâpy.
Alors, dans un ultime sursaut de vie, elle roula vers le rivage et entra dans le Nil.

L'eau apaisa d'abord ses chairs brûlantes.

Mais bientôt, le poids de sa robe l'entraîna vers les profondeurs et Siraya battait des bras et des jambes pour échapper à la noyade.

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Message Jeu 28 Aoû 2008 | 22:32  Répondre en citant

Fixité. Inimitié, mixité, obésité, billevesées, mais qu'est-ce qu'elle foutait ?

Sophie gardait la pose, se sentant de plus en plus nouille, se disant, que, peut-être, tout ceci n'était qu'une méprise, un canular, une mésentente, un quiproquo, mets le turbo, rototo. Etait-il possible, dans le noir… Mais l'éclat blêmissant de la lune, les ombres étirées jusqu'à plonger le buste dans l'étang, s'abreuvant d'effroi à la source, le silence surtout, ce silence qu'aucune formule n'eût su chasser, qu'aucun mot n'eût pu entamer, ce silence qui pesait sur ses membres, ce silence entêtant qui semblait guider son immobilité d'un tempo d'éternité, ce silence que déchirèrent tout à coup les cris de son agresseuse — Sophie ne sursauta pas, elle bondit littéralement sur place, le sceptre, enfin la clé, menaçant de s'envoler d'entre ses doigts.

Concentrée qu'elle avait été à noter tout ce que la situation avait d'angoissant, elle n'avait pas vu la lueur obtuse du soleil se faufiler entre l'horizon et entamer de tirer leurs ombres hors de l'eau. Voilà que la sorcière se roulait par terre dans des piaillements désespérés ! Sophie n'en croyait pas ses mirettes : un miracle la sauvait du danger ? Un nouveau pouvoir lui avait-il échu ? De mémoire de Mélancolique, on n'avait jamais vu ça. Toujours indécise, Sophie se perdit dans l'étude de l'étrange chorégraphie du démon. Faisait-elle un caprice après avoir vu échouer ses tentatives ? Pleurait-elle son repentir pour avoir ignoblement tenté de l'écorcher vive ? De quoi souffrait-elle au juste, pour pousser de tels cris ? Rien ne l'avait touchée, que les rayons du jour naissant… Dans ses convulsions, elle ne put voir que des cheveux mats dépasser de l'ample vêtement noir.

SON SAC !

Sophie-trop-cuit, ramasse tes affaires et déguerpis, profite de cette aubaine au lieu de fixer cette macarena diabolique ! Mais voilà, le sac de Sophie était, contrairement à sa propriétaire, doté d'un peu de bon sens : il avait pris ses petites jambes à son cou et s'était carapaté loin d'ici ! Sinon, comment expliquer le fait qu'il demeurait impossible de mettre la main dessus, ni vu ni connu, turlututu, mais où es-tu ? Sophie tournait sur elle-même comme une girouette prise dans un typhon, incapable de distinguer un quelconque indice dans la lumière voilée de l'aurore. Dans sa panique, elle n'entendit même pas un "plouf" cartoonesque, suivi du raffut reconnaissable entre mille d'une noyade en bonne et due forme.

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Ernst Jünger
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Message Lun 01 Sep 2008 | 8:56  Répondre en citant

— Père!
Le bateau prenait l'eau.
Que Rê protège les orphelins.

Une force insoupçonnée battait à tout rompre dans les veines de Siraya. Son corps tout entier obéissait à la violence du désespoir.
Sa course s'accélérait.
Seule la vivacité incroyable de ses bras et jambes la maintenait à la surface de l'eau.

Elle atteignit le milieu du fleuve, le souffle court.

Déjà son corps succombait à un épuisement soudain et le fond l'attirait à nouveau. Un élancement intolérable parcourait ses jambes.

Dès lors, rejoindre la rive était impensable.

Ahakniâ Siraya ! Ahakniâ…
Aide la pauvre Siraya, aide…

Qui était elle pour implorer la clémence de la divinité vengeresse ?
Une misérable orpheline qui porte l'eau, rien de plus.

L'eau… L'eau qui entre dans le nez, dans la bouche, les oreilles, par les yeux…
Elle s'en allait rejoindre père et mère. Et Nefer, le père de l'enfant, le bien aimé.

Rê Jhomîa Henékta Néneksou !
Que dans sa grandeur protège Néneksou.

C'est alors qu'elle distingua, au plus profond des eaux, un trou béant…

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Message Mar 02 Sep 2008 | 11:54  Répondre en citant

Son sac, son sac, mais où était-il, qui était-il, d'où venait-il, que voulait-il ? Sophie-la-pluie, active-toi et retrouve ta précieuse carte, ton bon pour la rédemption (crois-tu), cherche, Sophie, trouve, Sophie, tue, Sophie ! Mais Sophie était distraite, pirouette, cacahuette : le vacarme que faisait la sorcière prenait des proportions proprement démentes. Elle jeta un oeil vers l'étang et n'y trouva tout d'abord plus trace de la succube : et pour cause ! Celle-ci s'était éloignée de la rive et continuait de s'agiter comme une perdue, avec tant de vigueur que ses mouvements perdaient en netteté.

Sophie-ben-oui émit enfin une hypothèse plausible : on aurait dit une Hystérique, se dit-elle à elle-même si vite que sa pensée lui glissa presque des neurones. Mais alors, c'était une internée ? Cette voix si jeune, ces cris si désespérés, tout ceci n'était donc pas feint ? Elle se ravisa. Comment expliquer alors le sang, la dévoration, l'agression, la succubation ?

Tandis qu'elle hésitait, une tache bleue s'imprima sur sa rétine, excita quelques cônes qui eux-mêmes transmirent l'information au nerf optique qui la répéta au cortex qui la confronta aux souvenirs qui confirmèrent ses soupçons : SON SAC ! Le voilà qui pendait à une branche par une bretelle ; le galopin avait tenté de s'envoler pour se mettre à l'abri plutôt que de se cacher derrière une souche ! Sophie ignora le numéro de Siraya et se précipita vers la branche en question et tira de toutes ses forces. Mais le sac refusait de lâcher prise, il avait eu bien trop peur, non non non, il restait agrippé à son rameau comme une veuve à son orphelin ! Le lecteur aura une nouvelle pensée émue pour Shelley Duvall, toujours dans Shining, tentant d'ouvrir la porte de la réserve pour y enfermer son mari et s'acharnant sans succès sur la poignée avant de comprendre qu'il fallait en ôter le loquet (tire la bobinette et la chevillette chéra). Décidément, les verrous ne sont pas le fort de Wendy Torrance.

En définitive, Sophie tira si fort que le sac emporta la branche avec lui dans un élan désespéré. Mais qu'en était-il de la succube Hystérique, se demanda-t-elle soudain ? Se retournant, elle n'aperçut qu'une vague ombre au milieu de la surface de l'étang. Etait-ce sa tête qui dépassait encore de l'eau, ou ne voyait-elle que ce qu'elle voulait voir ? Sophie devait-elle risquer sa propre peau pour sauver celle qui avait tenté de l'égorger sans préavis, toute internée qu'elle eût pu être ? Devait-elle abandonner une nouvelle fois ses affaires pour se jeter dans un étang opaque à la recherche d'une inconnue ?

Sophie décida que son salut ne passait pas par une voie unique. Elle mobilisa ce qu'elle avait recouvré de forces et tenta d'immobiliser ce qu'elle pensait être la sorcière, ou l'Hystérique, ou la succube, ou le rubik's cube, peu importait. Elle rassembla ses affaires et les dissimula dans les fourrés avant de se diriger du mieux qu'elle pouvait en direction du monstre du Loch Ness.

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