A l'instant même, à la seconde près, où les deux compagnons d'infortune à la merci du manège fantasmagorique du pétillant félidé tenaient plus ou moins dans leurs mains pleines de doigts un fruit de leur choix ou presque, le vilain matou — comme aimait l'appeler l'autre dingo encapuchonné — apparut héroïquement à une bonne centaine de mètres de là, sur la branche la plus biscornue d'un arbre décisif.
— Tiens, je sens mon estomac crier famine, gronda discrètement la sincère pelote de fourrure rose, sans pour autant que son attitude astrale en soit royalement perturbée.
« Famine ! » dans un écho étouffé, famélique, semblant venir tout droit d'une cavité organique. Mais laquelle ?
Pour tout dire, ce fauve rustique des temps anciens, armé d'une lime fuselée, s'appliquait à manucurer l'une de ses folles papattes, sur laquelle il louchait prestément. Brusquement, il endigua son activité polaire, niaisement offusqué de son fourvoiement polisson.
— J'AI DIT : JE SENS MON ESTOMAC CRIER FAMINE ! répéta-t-il, jovial, pour que cette fois-ci la dépêche arrivât voracement aux oreilles des deux aliénés.
« FA-MINE ! » dans un écho étranglé, pantagruélique.
Seulement, son ragoûtant feulement fit frémir le jardin fruitier, si bien que le slime rococo, 100% pure cerise — sans colorant ni conservateur, ma p'tite dame — s'aventura dans une tempête déraisonnable — y'a plus de saison, ma bonne dame —, engloutissant sous des vagues de trois ou quatre mètres tout ce qui trouvait à sa modeste portée, comme en l'an de grâce — c'était le bon vieux temps, ma brave dame — dix-huit cent quatre-vingt seize.
— Ousp… minauda le Chat, reprenant avec diplomatie son labeur et un sagace sourire plein de dents virevoltant autour de son museau.