
Dispersées dans l'Asile, des spirales de marches discrètes mènent parfois au laboratoire, ouvert à toute heure du jour et de la nuit. Existe-t-il autant de laboratoires que de volées de marches ? Ceci expliquerait qu'il soit si rare d'y trouver la Pharmacienne.
Difficile également de comprendre pourquoi les internés ont baptisé laboratoire cette apothicairerie aux modestes atours : cerné par des murs débordant de pots, fioles, verreries et appareillages en tous genres, le comptoir, sur lequel trône un élégant trébuchet, en est le seul mobilier. Peu se sont risqués à suivre la Pharmacienne de l'autre côté, où d'autres marches mènent à l'infirmerie.
Celle-ci consiste en une enfilade parfaitement régulière de lits impeccables et toujours vides, agrémentés chacun d'un brin de muguet sur leur table de chevet. Au fond, d'élégants rideaux rouges dissimuleraient ce que les internés appellent la "partie immergée de l'iceberg".
Les plus imaginatifs racontent avoir entendu des bruits indistincts s'en échapper, parfois même des cris qui, d'après leurs dires, n'avaient plus d'humain que leur désespoir.