|
Dim 10 Juin 2007 | 3:59 |
|
|
Non mais comment avait-elle pu faire son compte pour arriver dans un endroit pareil ? Des tombes tout autour d'elle, certaines fendues, d'autres carrément ouvertes, quand elles n'étaient pas renversées… Franchement rien de fun ici. C'était complètement dingue : il y a deux minutes, elle… quoi d'ailleurs ? Bref peu importe, et voilà qu'elle était maintenant au beau milieu de ce cimetière nauséabond où elle voyait à peine à trois mètres. C'était un coup à encore flinguer ses talons.
— Quelle conne, mais quelle conne ! s'invectiva-t'elle à voix haute, pour essayer de se rassurer — et de couvrir les soupirs inquiétants qu'elle croyait entendre au fond de cette poix blanchâtre. Elle secoua la tête, lentement. Son mouvement aurait évoqué pour n'importe-quel observateur un profond sentiment d'incrédulité, mais il n'en était rien : concentrée, elle écoutait ses cheveux lui parler, bruissant délicatement contre ses oreilles. Chaque chemin peut s'emprunter dans les deux sens… Demi-tour, ils en avaient de bonnes ! On voyait bien que ce n'était pas eux qui se coltinaient le sale boulot, autrement, ils auraient moins fait les malins. Ils étaient d'un con, des fois, ses cheveux… aussi cons qu'elle tiens. Et puis franchement, cette manie de tout le temps faire des énigmes et des charades, c'était d'un has been… Fallait toujours qu'ils se donnent un genre, ses cheveux. N'empêche qu'elle allait pas rester plantée là comme une cruche à se faire frissonner toute seule au milieu des cadavres. Il fallait qu'elle sorte de ce trou, et fissa.
Elle fit un tour sur elle-même, essayant de percer la brume jusqu'à s'en faire mal aux yeux. Des tombes à perte de vue, toutes semblables. Elle ne voyait rien, rien d'autre que ces satanées tombes. Elle sentait la panique monter peu à peu, s'imaginait déjà errer ici pour l'éternité, son corps se décomposant petit à petit jusqu'à ce qu'elle devienne un spectre et aille gonfler les rangs de ceux déjà présents… Comme pour lui signifier qu'elle était déjà attendue, un bruit indistinct résonna derrière elle. Ou juste à côté ? Impossible de savoir avec la brume. Ses cheveux se recroquevillèrent contre son cou. Là, c'était la goutte d'eau.
Elle alluma une cigarette. _____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents... Stéphane Mellino |
|
Manara Bergmann Hystérique

|
 |
Dim 10 Juin 2007 | 17:09 |
|
|
Il était terriblement fatigué.
La gorge sèche, les yeux fixes, il errait dans le cimetière, glissait entre les tombes, soupirait auprès des arbres noueux qu'il croisait sur son passage. Le refuge, l'inconfort, le doute : les lieux respiraient cette moiteur lugubre qui était la seule à apaiser son âme, à écraser suffisamment ses troubles violents pour les anéantir un court instant.
Il s'essuya le visage d'une main fébrile. Son costume couvert de poussière absorbait la brume filandreuse qui cherchait à creuser ses joues, à ébouillanter ses paupières, à le ronger tout entier jusqu'à le faire disparaître complètement.
Mais il résistait. Il était trop vivant, trop terrifié par le néant pour se laisser consumer par cette atmosphère épaisse et sourde.
Il entendit très distinctement des mouvements confus, désorientés, des cris d'exaspération. Les sens aux aguets, il abandonna sa torpeur monotone et brûlante qui le menaçait à tout instant, s'avança rapidement, ondula près des monceaux de pierre tel un serpent affolé et s'arrêta net à un mètre de la jeune femme, dans son dos. Valerian était toujours un homme qui s'efforçait d'apparaître dans le dos des autres.
Un panache de fumée, qui paraissait si délicat et si tendre dans cette mare poisseuse de brouillard blanc, auréola un instant l'inconnue. Fasciné, malgré lui, par ce spectacle, il demeura longuement immobile. Sa bouche fébrile laissa échapper, silencieusement, un bouquet de pensées muettes et indicibles. Puis il fit un pas, un pas seulement, qui l'empêchait de reculer car il savait qu'il avait été entendu. Qu'il était sorti de l'ombre. Qu'il ne pourrait plus y retourner avant d'avoir réglé… réglé cette affaire. Cette rencontre. Ce brusque tourment qui le menaçait.
— Vous… Vous êtes perdue ?
Sa voix grave et froide fit vaciller les nuages étouffants qui frissonnaient à la surface des tombes. _____________ La tyrannie est une habitude. |
|
Valerian Pouchkine Paranoïaque

|
 |
Dim 10 Juin 2007 | 20:05 |
|
|
Elle lâcha sa cigarette, qui s'éteignit avant même d'atteindre le sol, enveloppée, étouffée, absorbée par la nappe épaisse qui semblait s'être précipitée sur cette friandise.
— Non mais vous êtes…
Un spectre. Les mots restaient coincés dans sa gorge. Un spectre se tenait devant elle. Emacié, grand, poussiéreux et terne, la moitié de son visage anguleux se perdant des les ombres… c'était un spectre. D'un autre côté, pourquoi ne s'était-il pas jeté sur elle, au lieu de l'interpeller timidement ? Elle secoua la tête, se ressaisissant. Inoffensif, en profita pour lui murmurer sa chevelure. Et qu'est-ce qu'ils en savaient d'abord ? Décontenancée et méfiante, elle n'osait pas reprendre la parole. Elle avait dû passer pour une sacrée gourde, mais chaque seconde d'hésitation supplémentaire ne faisait que renforcer son sentiment. Elle se morigéna. S'il avait été mal intentionné, il serait déjà passé à l'action. D'un autre côté, il n'avait vraiment pas l'air rassurant… ses yeux hagards semblaient la traverser sans la voir, emplis de tourments insondables. Elle commençait surtout à sérieusement dérailler, oui !
— Excusez-moi, mais vous m'avez fichu une de ces trouilles ! C'est carrément glauque ici… Elle se ressaisit. Là n'était pas la question. La panique lui faisait vraiment dire n'importe-quoi. Oui, je suis perdue, complètement perdue. Je ne sais même pas comment je suis arrivée ici. Vous connaissez l'endroit ? Vous êtes le fossoyeur peut-être ?
Encore une sortie pertinente. D'un autre côté, il avait vraiment tout du croque-mort. Elle se retint de frissonner. Qui sait si elle n'allait pas l'avoir vexé ? Ce serait bien sa veine. _____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents... Stéphane Mellino |
|
Manara Bergmann Hystérique

|
 |
Dim 10 Juin 2007 | 23:52 |
|
|
Tous ces êtres ingrats ne pouvaient-ils s'empêcher de babiller fiévreusement, multipliant les incohérences, les paroles inachevées, les pensées mourantes ? Valerian, d'une raideur terrifiante, resta en apparence de marbre. Sans la moindre retenue, son regard noir transperça le visage mobile et mutin de la jeune femme. La brume épaisse qui tourbillonnait dans ce cimetière ajouta à ses prunelles une étrangeté mouvante ; ils parurent ainsi flamboyer d'une sombreur décharnée et décidée.
Il demeura longuement interdit ; était-il profondément exaspéré ? Perturbé ? Apeuré ? Fasciné ? En proie à des désordres grandissants, des voix confuses s'entrechoquèrent dans son esprit, lui soufflant maintes directives contradictoires, toutes plus violentes et plus dérisoires les unes que les autres.
— Je ne suis pas le fossoyeur.
Tel un coup de hache sec et tranchant, sa réponse décapita proprement le silence.
— Je connais l'endroit.
Il s'autorisa un léger soupir, aussi fragile et inquiétant que pouvait l'être le gémissement d'un animal à l'agonie.
— Voulez-vous partir d'ici ?
Etait-ce une question ou un ordre ? _____________ La tyrannie est une habitude. |
|
Valerian Pouchkine Paranoïaque

|
 |
Lun 11 Juin 2007 | 2:37 |
|
|
Ce type n'était pas net. Ce type était carrément atteint. Son regard était si ignoblement pénétrant qu'elle eut, une fraction de seconde, l'impression de s'embraser, de devenir une torche humaine sous l'acuité intolérable de ses yeux pourtant désorientés. Raide comme un lampadaire à l'agonie, il ne cillait pas, ne lui répondait pas. Ses cheveux grelottaient. Il allait la bouffer, c'était certain.
Lorsqu'il reprit la parole, ce fut pour lui répondre sur un ton plus sec qu'une polenta trop cuite. Elle se détendit malgré tout : partir d'ici, elle ne demandait que ça, avec ou sans escorte. Finalement, ses cheveux ne s'étaient pas complètement plantés : il n'était peut-être pas inoffensif, mais il pouvait la faire sortir de cet endroit. Le plus tôt serait le mieux, l'épaisseur du brouillard commençait à devenir étouffante.
— C'est vraiment très gentil de m'accompagner. Je m'appelle Manara (Une hésitation imperceptible) Bergmann. Et vous ?
Plus elle l'observait, et plus son visage perdait son air menaçant, pour devenir presque touchant, presque beau dans sa violence. Son angoisse décrut encore d'un cran. Elle n'avait rien à craindre tant qu'elle restait avec lui. Elle hocha délicatement la tête, et ses cheveux soupirèrent de soulagement. Ragaillardie, elle se risqua à soutirer quelques grains de polenta supplémentaires à son cavalier :
— Je suis nouille, il n'y a pas de fossoyeur ici, sinon j'espère que ce cimetière aurait une autre dégaine ! Comment vous connaissez cet endroit ? Vous y venez souvent ? Vous en avez de drôles d'habitudes ! _____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents... Stéphane Mellino |
|
Manara Bergmann Hystérique

|
 |
Lun 11 Juin 2007 | 18:38 |
|
|
— … Val… Valerian.
Plus il parlait, plus il devenait vulnérable.
Plus il restait à ses côtés, plus elle serait armée pour lui nuire…
Mais elle devait partir loin, loin d'ici, le laisser seul, encore parce que… parce qu'il ne pouvait en être autrement. Mieux valait être seul par choix que de finir abandonné…
Elle continua de parler, avec cette prolixité dérangeante comme si tout, en elle, ne vivait qu'à travers ses dires superficiels et déments. Ne pouvait-elle se taire ? Ne pouvait-elle arrêter de le questionner ? Que cherchait-elle ? L'interrogation est l'arme du faible, celle qui permet de collecter des informations, de vampiriser l'autre, pour enfin, un jour… le conquérir et l'annihiler. Il ne répondrait pas. Non, il ne répondrait pas ! Une fureur fulgurante l'aveugla. Un long cri, déchirant et douloureux, émanant du néant de son être, résonna dans son coeur et fit frissonner tous ses membres. Des images confuses noyèrent ses yeux noirs dans un miasme ravageur, qui bouillonna dans ses entrailles et le fit s'interrompre net dans sa marche…
… car il avait marché, oui, et bien malgré lui. Elle était dans son dos. Une terreur glacée glissa le long de son échine jusqu'à enserrer sa poitrine dans un étau visqueux. Il se retourna brutalement, et foudroya la pauvre Manara du regard.
— Dépêchez-vous ! éructa violemment le Paranoïaque en enfournant ses mains tremblantes dans ses poches. _____________ La tyrannie est une habitude. |
|
Valerian Pouchkine Paranoïaque

|
 |
Mar 12 Juin 2007 | 14:42 |
|
|
En temps normal, s'adresser à Manara sur ce ton, c'était se condamner à au moins un quart d'heure de revendications tout en décibels. Etait-ce le lieu et l'angoisse oppressante qu'il lui inspirait, étaient-ce les regards débordants de violence abyssale que Valerian lui assenait, était-ce le personnage et ses réponses décontenancées à des questions aussi simples, cette sorte de timidité hagarde qui attendrissait la jeune femme ? Toujours est-il qu'elle ne broncha pas et trottina prestement vers son passeur, ses cheveux plaqués servilement derrière ses épaules.
Après tout, elle n'avait aucune envie de rester ici, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?
Par une étrange et malsaine alchimie, elle se sentait rassurée auprès de Valerian. Ses réactions furieuses faisaient naître en elle autant de crainte que d'admiration, et elle avait envie de lui parler, de lui poser encore une foule de questions, d'en savoir plus sur cet homme aux yeux de braise (Valerian ? C'est joli comme prénom ! Ça vient d'où ? Excusez-moi, je suis un peu bavarde, mais c'est que je déteste cet endroit. On n'y voit rien ! Comment vous faites pour vous sentir à l'aise ici ?). Mais les questions ne semblaient pas l'intéresser, et Manara en conclut que pour s'attirer ses bonnes grâces, elle devrait mettre le paquet niveau subtilité.
L'ayant rejoint, elle lui prit ingénument le bras : « Par où, maintenant ? » _____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents... Stéphane Mellino |
|
Manara Bergmann Hystérique

|
 |
Ven 22 Juin 2007 | 22:14 |
|
|
Valerian se raidit.
Un contact humain, un vrai. Un bras qui était venu s'entortiller tel un serpent venimeux et sournois autour du sien. Cela faisait si longtemps.
Elle allait le conduire à sa perte, pour sûr, tôt ou tard. Comme toutes les autres. A moins qu'il ne finisse par l'anéantir, tôt ou tard… comme toutes les autres.
L'homme ne trembla pas. Il ne s'enfuit même pas. L'orgueil et l'humanité tumultueuse qui le rongeaient jusqu'à le rendre fou l'amenaient à considérer cette compagnie comme une brûlure presque agréable… N'en déplaisait à toutes ces voix fantomatiques dans son crâne qui lui hurlaient maintes représailles déchirantes et affreuses…
Non, c'était trop. Il devait se dégager. Mais il s'en trouva alors furieusement incapable. Comment un être aussi médiocre que cette idiote pouvait exercer une influence si puissante, en si peu de temps, sur sa superbe personne ? Il se refusait de l'expliquer clairement même si ses instincts les plus vils parlaient aisément pour lui. Un goût de souffre traînant sur ses lèvres, il déglutit difficilement et s'engagea sur un sentier escarpé, entre deux tombes courbées. Celles-ci parurent s'incliner sur leur passage ; de leurs bouches de pierre, édentées, semblaient bourdonner des ricanements impétueux et discordants. La main du Paranoïaque saisit alors brutalement le bras de Manara, jusqu'à enfoncer ses ongles rongés dans sa chair. Il rejeta la pauvre femme brutalement vers l'avant, et plaqua ensuite ses deux mains moites sur ses tempes battantes.
— Assez ! hurla le pauvre énergumène en perdant subitement conscience de lui-même.
Son cri d'une ire désespérée résonna dans le cimetière tout entier. La brume tourbillonna, paisiblement, roula jusqu'aux pieds de Valerian tel un félin moqueur et méchant, et l'enveloppa complètement.
L'instant d'après, ses muscles se raidirent de nouveau ; comme si la seconde d'avant n'avait jamais existé, il se drapa en un clin d'oeil de cette froideur incompréhensible qui le caractérisait si bien. Mais son regard, tristement posé sur la faible femme qui lui faisait face, révélait la profondeur de son désarroi. _____________ La tyrannie est une habitude. |
|
Valerian Pouchkine Paranoïaque

|
 |
Ven 29 Juin 2007 | 14:31 |
|
|
Manara eut un hoquet de douleur. Elle n'osait pas relever la tête, assomée par le rugissement de Valerian. Elle croyait l'avoir amadoué, ils marchaient calmement vers la sortie, enfin la sortie, et voilà qu'il la secouait comme un prunier en lui beuglant dessus ! Trois cercles bleus commençaient à se former sur son bras. Ah, c'était malin ! Elle était défigurée !
Elle releva la tête avec fureur, ses cheveux décrivant une immense spirale pour se dresser derrière elle tels les serpents de Méduse : « Non mais faut vous calmer ! »
Valerian ne semblait pas l'entendre. Toujours plus droit qu'une baguette trop cuite, il la fixait, parfaitement mortifié, comme si c'était un autre qui lui avait broyé le radius un instant auparavant. Sa colère s'évapora instantanément, et elle posa une main légère sur son épaule, ses cheveux retombant doucement en volutes graciles. Elle prit sa voix la plus doucereuse :
— Ça ne va pas ? Vous voulez vous asseoir ?
Raisonnablement, elle aurait dû prendre ses jambes à son cou. Mais elle avait accepté le défi, et elle irait jusqu'au bout. _____________
Ecoute l'air qui se fredonne, qui va et vient, qui tourbillonne, et se disperse aux quatre vents... Stéphane Mellino |
|
Manara Bergmann Hystérique

|
 |
Sam 30 Juin 2007 | 17:10 |
|
|
— Non.
A peine eut-il éjecté ce mot de sa bouche qu'il s'assit lourdement sur une pierre tombale ébréchée. Il passa une main grêle dans ses cheveux décoiffés, trempés de sueur et de cette brume vermiculaire qui n'avait de cesse de le déranger dans ses raisonnements fébriles. Puis il soupira, sortit une cigarette de sa poche, la rangea finalement et observa Manara, comme s'il la découvrait pour la première fois. Elle était insignifiante sans être misérable, féminine sans être vulgaire, gracieuse sans être légère ; elle était femme, il était homme, il était une vile créature, elle était désespérante, il ne savait plus que faire, il se contentait de la regarder, sans mot dire, les yeux emplis d'une dureté pénible, le coeur entrouvert, la bouche presque fermée, les narines frémissantes et l'âme délabrée.
Il eut envie de la serrer dans ses bras, de demander pardon, de s'agenouiller, de baiser la terre qu'elle avait foulée de ses petits pieds imbéciles, et de ramper jusqu'à s'enterrer vivant sous l'un de ces monuments de pierre.
Mais il se retint. Il se leva, raide et solennel, et laissa son regard s'égarer dans l'horizon pâle et filandreux.
— Désolé.
Il croisa les bras sur sa poitrine. Ses excuses semblaient peu sincères, émanant d'un homme d'un autre âge, aux manières millimétrées, se recroquevillant sous son immense carcan de fierté.
— Manara… Vous êtes seule, Manara ? demanda-t-il brusquement, sa question surgissant de l'ombre tel un félin bondissant sur sa proie. _____________ La tyrannie est une habitude. |
|
Valerian Pouchkine Paranoïaque

|
 |
|