Un chemin vaut l'autre
De l'autre côté du miroir
L'Asile
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Le solitaire

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Message Mar 25 Jan 2011 | 22:51  Répondre en citant

L'herbe avait étrangement poussée ces derniers temps, comme si le parc n'était plus entretenu depuis quelques temps. Plus loin, l'asile ne semblait pas en meilleur état. Certaines fenêtres semblaient brisées, chose pour le moins inhabituelle. Était-ce vraiment étrange au final ? Après tout, il ne fallait pas s'étonner de voir un endroit peuplé de fous sombrer peu à peu dans la destruction... Ou l'oubli.

Les statues blanches étaient chaotiquement disposées sur la pelouse du parc. L'une d'elles n'en était pas une, puisqu'il s'agissait de White. Il s'amusa de cette pensée lorsqu'il se rendit compte de la situation. Revenant peu à peu à lui-même, il se demanda depuis combien de temps il était figé là, à se prendre pour une statue. Il ôta les herbes folles qui s'étaient emparées de ses jambes, ainsi que l'araignée paisible qui avait gentiment tissé sa toile sur son chapeau haut de forme.

D'un pas décidé, White se dirigea vers l'asile.

Si tout est détruit ici, tout est à moi !
_____________
"C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."
Erasme
White
Autiste


Message Jeu 03 Mar 2011 | 22:04  Répondre en citant

La silhouette pareillement solitaire de Steven glissait doucement vers les grilles du parc. Tandis qu'il s’éloignait du bâtiment, il songeait …


L'Asile n’était plus comme avant. Il avait passé plusieurs heures après sa libération à simplement flâner dans ces lieux (qu'il n'aurait jamais crû pouvoir apprécier, au demeurant), et sa conclusion était sans appel. L'Asile avait changé.
Oh, bien sûr les couloirs ne tournaient plus dans le même sens, et les salles s’étaient mélangées, mais cela n'avait pas d'importance –ça appartenait au domaine du banal dans cet univers malléable. Non, il y avait autre des arabesques lignifiées courent le long des murs déniant la pensée personnelle exploitable rigides chose. Steven le sentait dans ces veines.
Ces images … À présent il voyait sous la peau de l'Asile. Comme un médecin étudiant sans relâche le même patient et pour cause il avait été piégé dans son propre corps il comprenait à présent le fonctionnement sous-jacent des énergies organiques mises en œuvres, sans avoir à inciser la chair avec ses piètres rites. C’était déjà ça de pris. C’était si facile, tellement évident qu'il parvenait difficilement à considérer l’éventualité qu'il soit simplement en train de devenir fou qui ne l’était pas dans ce putain de. Les quelques tests qu'il avait effectué du mieux qu'il pouvait –anticiper la courbure d'une salle, deviner la forme des réseaux étoilés du cosmos tissé dans le plâtre avec soin dans les lieux qui ne devraient jamais avoir la possibilité de changer, semblaient aller dans le sens de sa lucidité. Il savoir toujours jouer avec la frontière des logiques : celle de l'Asile, celle de la Terre.
Et la logique de l'Asile lui disait que … les salles étaient à présent moins nombreuses, plus compactes. Que les Internés se terraient dans des lieux juste en dehors de ses perceptions, comme s'ils craignaient quelque chose.

Il y avait cette immense tour de pierre. Elle n’était pas là la dernière fois. Il en était absolument certain, le … beffroi ne s’était matérialisé que récemment –bien qu'a posteriori sa surrection apparaisse comme parfaitement naturelle et nécessaire à ce qui lui tenait lieu de nouveau sens. Verticalité écrasante, œil dans le ciel d'ivoire, irrégularités saillantes dans les os. Et il l'appelait. Le maillage inverse qui lui tenait lieu de bouche béait, cadenas dévoreur de clefs vivantes. Steven avait jugé plus prudent de s’éloigner. Une telle activité … n’était pas naturelle.


Il s’était éloigné du beffroi. Se posant la question : *Mais qu'est devenu l'Asile ?*, les statues lui répondant dans leur muet langage pétrifiés que seules les conséquences étaient évidentes, jamais les causes (Métaphore. Steven savait pertinemment que les statues ne parlaient pas. Pas sans que quelqu'un ou quelque chose de suffisamment puisant ne leur en donne l'ordre. Celles-ci étaient muettes.) . À un moment un souffle glacial s’était abattu dans son dos : un soupir inhalé et ricanant, bien peu atténué par une distance moins que symbolique. Il ne s’était pas retourné.


Toutefois la sensation persista, distordue, obsédante. Steven lutta brièvement avec lui-même, mais sa curiosité fut la plus forte –juste regarder ne devrait pas lui faire de mal n'est-ce




La tour s'enflamma d'un voile de gaz en ébullition primordiale concentré par des rayons de lumière prodigieux. Un arc-en-ciel aux cinq couleurs primaires de l'Asile s'enroulait à présent autour du champ de bataille en une étreinte fatale lui-même scellé par une rosâtre incandescence. Le déchainement aveugle de pure intention s'imprimait en lettres de feu rémanentes dans les esprits menaçant de leur démantèlement de leur fusion dispersion dans les éléments constitutifs du vide métaphorique incarné de l'Univers …





Steven tomba à genoux devant le spectacle grandiose, plans et réflexions soufflés par l'indicible bourrasque. Sentant sa santé mentale vaciller il commença à exhaler un juron comme dans un dernier souffle, quand une voix le tira de son état cataleptique.

Si tout est détruit ici, tout est à moi !


Steven tourna la tête à temps pour se voir dépasser par
une silhouette décharnée avançant lentement, avec majesté, vers l'apocalypse. Son visage était un masque blanc au regard transpercé par les branches de la manifestation végétale marchant vers Bethléem, le reste de l'Interné était couvert d'un ample manteau noir (comparable au sien, d'une certaine manière) soulignant la maigreur maladive de ses membres. Au vu de son aura comparable à celle du bois mort, ce devait être un Schizophrène (ou du moins un Autiste) –qu'importe, c’était un être humain.


Le magicien déchu se releva et courut pour rattraper l'apparition providentielle, l'attrapa par une épaule et lui murmura avec angoisse :

"Vous l'avez vu aussi ?"

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Until you have the courage to lose sight of the shore, you will not know the terror of being forever lost at sea.
Steven Latrea
Paranoïaque


Message Ven 08 Avr 2011 | 11:07  Répondre en citant

La surprise. White n'était pas habitué à la surprise, même dans un endroit si étrange que l'asile. L'espace d'un instant, il crut avoir lui-même parlé. Il n'était pas rare que ses propres paroles le surprennent, voire le réveillent en pleine nuit.

- Vous l'avez vu aussi ?

Bien entendu, il l'avait vu. Enfin... Il avait vu quelque chose, une fois, sans doute. Pour le moment non, il n'avait rien vu de particulier. A moins que cet étrange personnage qui lui faisait face ne se désigne lui-même. Mais dans ce cas de figure, sa phrase tenait tout bonnement de l'absurdité, ou de l'arrogance. Un être humble aurait dit "Vous m'avez vu ?", et un être sain d'esprit aurait tout simplement dit "Bonjour". Le long bras rachitique de White alla se poser sur son masque blanc. Il posa sa main gantée contre les deux yeux vides creusés dans la céramique de son faux visage. Quelques instants plus tard, il ôta cette entrave et sursauta de nouveau : l'étranger était bien là ! Ce n'était donc pas une imagination de son esprit fertile.

- Vous êtes fou mon ami ! Lança White. Et vous n'avez rien à faire ici !

Un fou n'avait en effet rien à faire dans un tel asile, d'autant plus que cet asile devait lui appartenir. C'était devenu son cadeau, il avait été le seul à fréquenter encore cet endroit qu'il soupçonnait encore être un délire de son imagination. Le visage blanc de White se posa lentement sur son épaule. Le tissu noir de son manteau était légèrement froissé là où l'inconnu l'avait saisi.

- Vous m'avez touché ? Vous devez donc être réel. Mes excuses ! Je me présente : le Directeur, soyez le bienvenu dans mon asile ! Ou tout du moins, dans un asile...

White tendit la main, restant aussi immobile qu'à son habitude. Il était redevenu tel une statue de cire, n'attendant que la réaction de l'autre pour se mouvoir à nouveau. Observant d'un œil curieux l'inconnu, White se demanda depuis combien de temps il errait ici. Peut-être était-ce même l'un de ces mystérieux gérants de l'asile. Si c'était le cas, sa mascarade serait très vite mise à jour. Sa main restait immobile, à quelques centimètres du torse de l'autre petient. Cette improbable scène aurait pu se fixer dans l'immobilité des années durant.
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"C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."
Erasme
White
Autiste


Message Mar 28 Juin 2011 | 23:42  Répondre en citant

L'immobilité du sorcier fit écho à celle de l'inconnu, deux phrases d'une importance cruciale résonnant en boucle sous son crâne :

Vous êtes fou mon ami ! Et vous n'avez rien à faire ici !



En arrière-plan la Singularité se tut : la rétine astrale de Latrea avait été brûlée, son troisième s’était fermé, préservant son pouvoir. Steven, ébloui, peinait à retrouver son équilibre.



Lui, fou ? Comment osait-il ? Avait-il traversé ce qu'il avait vécu ?

D'abord la perte de tout ce qu'il connaissait au profit d'un dédale de couloir et de chambres extravagants ; sa rapide adaptation à cet univers absurde, certes, mais sensé. Sa progression enivrante dans les arcanes. Sa maîtrise grandissante de la réalité. L'emprise qu'il estimait avoir acquise sur l'esprit de ses contemporains –sur les portes de l'Asile même.
Puis sa chute. Son abandon éternel dans un océan de démence, hors de portée, peut-être, du Directeur lui-même. Ses hurlements de terreur qui se liquéfiaient dans sa gorge. Sa perte qu'il croyait définitive, son abandon sans repère dans l'océan démonté du subconscient de l'Asile. Sa punition pour avoir cru possible l'escapade.

Comment cet imbécile osait-il juger un être qui le surpassait tant en expérience, qui avait enduré des tourments que son faible jugement pouvait à peine imaginer ?!?
Comment osait-il avoir, peut-être, raison ?...


Steven savait que cette remarque, comme ces pitoyables attentes de se faire passer pour le Directeur, n’étaient que la marque innocente d'un esprit malade, rien que la révélation d'une banale nature détraquée. Autant s’énerver contre une pierre pour être rigide, cela n'avait pas de sens ; mais Steven éprouvait l'impulsion de corriger l'impudent, d'user de sa supériorité pour lui montrer les mille et une facettes des souffrances qu'il avait endurées.
Mais il savait pertinemment que prouver sa bonne santé mentale de cette manière ne reviendrait qu’à la nier dans son esprit ; et, plus important que son ressentiment personnel et mesquin, il se devait de comprendre l'Asile du présent.


"Rien à faire ici ?..."


L’écho s’échappa de ses lèvres serrées tandis qu'il contrôlait ses pulsions ; entre sa peau et son crâne palpitèrent ses veines, gonflées de pensées antagonistes.
Finalement ses nerfs se relâchèrent, et l'air s’échappa de ses poumons sous forme d'un petit rire sans joie.


"Tout au contraire, « Monsieur le Directeur », tout au contraire …"


Steven scruta les deux enclaves de vie dans le visage de céramique de l'interné, sondant ses émotions, mais en vain. Cette incapacité à reprendre contact avec la psychologie du premier être humain rencontré depuis bien longtemps remua les cendres de son agacement juste éteint.


"Il est grand-temps que quelqu'un vous montre les failles de votre œuvre. Ne la voyez-vous pas qui s'affaisse ?"


Il espérait encore tirer quelque chose de l'irritant étranger : tant qu'il n'aurait pas arraché la vérité à quelqu'un, il ne pourrait jamais se sentir là où il se devait d’être.
En terrain familier.

En sécurité.
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Until you have the courage to lose sight of the shore, you will not know the terror of being forever lost at sea.
Steven Latrea
Paranoïaque


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