Un chemin vaut l'autre
De l'autre côté du miroir
L'Asile
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Agnéler la répletion - ni le loup, ni l'agneau

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Message Mer 20 Jan 2010 | 16:07  Répondre en citant

Majestueux dans sa course du printemps, son corps est sculpté par les souffles de vies. Dieu en puissance, renaissance perpétuelle, son élan est la liberté d'aucun et d'aucun ne le considère comme la source de vice la plus moindre qu'elle sera. Il est certain que le cerf est prisonnier des vicissitudes que l'existence impose à tout un chacun mais son aura ne trompe point et que d'elle émane le parfum de la liberté de l'esprit. C'est ainsi, car nul n'oserait concevoir l'esprit à un être animal mis à part un animiste, que cette liberté et donc une liberté de l'essence de son existence, et cela en dépit de son manque de conscience.
C'est donc avec majesté qu'il court les vergés, galope dans les bois - car en voilà de grande forêt dans une petite chambre - et de rien ne se souci car de rien il ne pourrait être coupable et car il s'en voit tout à fait mortel. L'air est percutée par sa rapidité, les feuillages son surpassés par le vecteur de son envol et le sol est piétiné par sa masse. Car c'est en effet ainsi que son faites les choses. Jamais il n'essaye de se rendre en dessous de la terre et jamais il n'essaye de se rendre au dessus des cieux puisque jamais on ne lui a accorder de corps vermiforme ni aucune aile. On lui a sculpté quatre pattes d'une grande puissance et d'une grande élégance et c'est là la fonction de son être. Courir aux coins du monde, flatter le sillage du vent : voilà le dessein du cerf magnifique.
C'est aussi parce que la vie lui a attribuée une couronne arborescente qu'il est un être de beauté. En effet, qu'il court ou qu'il marche l'on peut apercevoir un halo de prestige dressé sur sa tête. Ses bois son l'arbre de vie aussi le cerf porte t-il le berceau fertile de toute la forêt sur son crâne agile et jamais il ne s'arrête de courir car tel est son dessin.
Mais voilà que par-ci sa jambe se fait plus lourde et que par-là celle-ci ne se pose pas à l'endroit ou de la manière dont elle aurait dut le faire. Et voici que son sang bouillonne et que sa tête lui paraît enfermé dans un amas de confusion. Le cerf prend chaud et décide de s'arrêter un temps. Il n'y à pas d'effet sans cause et quelles autres causes s'en pourraient être que de courir pour labourer le sol afin qu'il devienne porteur d'élément de vie comme il était son rôle de le faire ? Pourquoi son sang bouillonnait-il et lui donnait une chaleur éprouvante ? Et pourquoi ses hémisphères lui semblaient-elles si petites et si lointaines ? Bien qu'il réfléchissait, il ne pouvait en dégager la moindre réponse. C'est pour cela qu'il décida de se remettre en route : car là n'était pas sa fonction de réfléchir. Il courut alors. Vite. Plus vite. Et pourtant que l'air lui commençait à faire effet - effet augmenté par la fraîcheur du feuillage et par l'éminence de son buste musclé -, que la vitesse lui prenait toute sa concentration et lui interdisait toute attention à sa douleur cérébrale, que ses sabots massifs martelaient de nouveau le sol et tandis que ce qui l'entourait lui paraissaient mobile et que son corps même lui paraissait inerte, quelque chose d'incompréhensible se produit. Pourquoi donc était-il à présent au sol ? Pourquoi souffrait-il de tout ses muscles, de tout ses membres et de tout son corps ? Pourquoi enfin les cieux étaient la terre et la terre les cieux ?
Le cerf, dans une position ridicule souffre, à terre et immobile. Son être se cambre, se tort : quelque chose se prépare. Ce n'est que quelques minutes plus tard que ce qui n'était du à aucune cause ni à aucun effet se produisit. L'être de majesté fut déchu du messager à la génisse, Icare aurait pâlit. Du néant à la forme, Ruby, elle, prend vie.

Il faisait noir, c'était effrayant. Mais bien qu'effrayant, le confort de cette tiède matrice embaumait son réseau nerveux d'une onction balsamique. Ruby baignait dans cet univers aqueux à l'humeur confortable. Mais le temps passait qui paraissait de plus en plus long et bientôt son oisiveté s'était changée en désagréable sensation d'étreinte. Et elle se rendit compte que du liquide résidait dans ses poumons et que ses poumons n'avaient en aucun cas la fonction d'être investit de liquide alors elle s'agita fortement et rapidement. Des spasmes parcouraient son corps tandis qu'elle suffoquait. Élançant ses bras en avant, elle força de ses mains lorsqu'elle sentit une résistance, une membrane. Celle-ci tentait tant bien que mal de résister mais Ruby continuait de forcer encore et encore. Bientôt son corps tout entier saisit de panique se retrouva face à cette cloison souple qui lui refusait obstinément accès. Son intérieur brulait d'un feu violent alors que ses doigts la percèrent. Dos à dos, ses mains se séparèrent pour emporter avec eux le voile qui avait rendu ses dernières oppositions. Ce fut ensuite un renversement aussi bien qu'un déversement. Un bruit de mélasse chargea l'élan sonore du mélange de chaire qui tombait au sol en même temps qu'elle. Son corps, détrempé de suc amniotique, retomba brièvement sur les organes mous de son hôte. Pour ainsi dire elle vomit le contenu de ses poumons qui se répandit parmi le reste des substances. Sans force aucune, elle laissa son corps tremper dans les tribulations visqueuses un long moment puis tenta faiblement de se relever, les membres glissants et soulevant une longueur intestinale ou autre morceau de viscère.
Elle titubait dés à présent dans cette forêt, côte d'un cerf, née d'un meurtre.
Ruby
Autiste


Message Mar 18 Jan 2011 | 22:03  Répondre en citant

Elle s'arrêta brusquement, brisant l’élan de sa course d'un fléchissement des pattes arrières qui fit voler quelques feuilles mortes. Elle redressa la tête, aux aguets. Quelque chose la terrifiait, et, sous cette forme, elle n'arrivait pas à comprendre quoi. Péniblement, elle s'astreignit à cesser d’être une entité sans nom, sans esprit, et à n’être que Lise.


Ne l'entourait que le silence de la forêt ; un silence peuplé d'arbres au feuillage bruissant, d'insectes cachés, d'oiseaux. Un silence vivant. Mais un silence auquel manquait une vie : le cerf n’était pas là. Son majestueux regard noir ne s’était jamais appesanti sur Lise depuis les quelques minutes qu'ils se connaissaient. Maintenant, il n’était même plus là.

Comment avait-elle pu le décevoir ? Ne s’était-elle pas imaginée sous ce crâne cornu, partageant la couronne du roi des bois ? N'avait-elle pas oublié jusqu’à son nom pour n’être plus que la quintessence même du cervidé, l'essence d'une fuite infinie et glorieuse ? Elle s’était approchée, spectre blafard de la forêt sans âge, quêtant l'attention de ce seigneur parmi les seigneurs ; il avait détourné la tête et bondi, montrant la voie.
Le reste se perdait dans le flou de la vitesse. Il courait ; elle courait. Ils n’étaient plus qu'une seule entité bifide, séparée d’à peine une dizaine de mètre. Car la liberté ne supporte pas la proximité. Mais si leurs chemins resteraient à jamais parallèles, leurs esprits, eux, se touchaient jusqu’à se confondre ; et pendant une éternité même, perdue dans l'ivresse de sa course, Lise oublia le cerf.

Un instant plus tard il n’était plus là. Il l'avait abandonné.
Et Lise devait de nouveau compter sur Lise pour se protéger de la peur galopante, car rien ne pouvait distancer sa solitude.


Il avait fallu Lise pour convaincre la bête paniquée que le seigneur lui-même n’était peut-être pas responsable de son éloignement, ni elle. Que peut-être une tierce entité, jalouse, l'avait frappé. Que l'espoir était faible, mais qu'il était bien là, et qu'il fallait s'accrocher à lui, de toutes ses forces.
La fille animale revint rapidement sur ses pas, humant l'air.


L'odeur la surprit.
La vision qui jaillit aussitôt agita son corps d'un spasme d'effroi.

Quelque chose … quelqu'un … avait tué le cerf.


… quelqu'un …



Oubliée la liberté éternelle, oubliée la panique : il y avait quelqu'un d'autre qu'elle-même.
Un nouveau masque à composer.

Dans une attitude ambiguë, elle se mit à fixer l'apparition ensanglantée avec une intensité magnétique, le corps à moitié caché derrière un arbre : sa peur n'avait été qu'un premier réflexe. Elle appartenait encore au domaine sacré des cerfs où l'Homme s'incline devant la Nature ; rien ne pouvait lui arriver.
Elle appartenait déjà au monde inconnu de la meurtrière, dont nul encore ne savait la nature ; tout pouvait lui arriver.
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Lise Errandi
Hystérique


Message Lun 24 Jan 2011 | 22:44  Répondre en citant

Était froid le contact de l'air sur la peau, ou tout du moins sous cette membrane diaphane et gluante qui périclitait hors de sa matrice. Sa peau au blanc de lait, opale de la pureté ou masque du malin ; elle était le vêtement propret et mignon cachant le péché sordide. Elle était la fiction d'une lumière qui éclatait sur le solide ; faiblesse de la beauté, force de la supercherie.

Était vive les rayons d'un jour artificiel. Leur écho aux pointes lucrèciennes agressant des yeux d'un bleu intenses, encore chétifs d'une naissance, encore visqueux d'humeurs intestinales. Leur hésitation évoquent les sauts d'un colibri et le disque bleu qui les couronne rétrécit son empire dans l'albumen de sa sphère. Les rayon pénètres, des données se forment, une transmission apparaît et une fresque s'affiche. Ils sont le solide - globes - qui renferment la clé ; le passage nauséabond vers les mécaniques infernal d'un esprit bâtard, monarque et et débridé ; faiblesse de furtivité, force de dissuasion.

Était intarissable le flot torrentiel continu des opérations de son entendement désastreux ; d'une vitesse hors du commun mais d'une laideur et d'une étrangeté dérangeante. Il n'y avait sans doute rien à redire sur le sensualisme du pauvre corps humain et pourtant. Pourtant un être tel que celui-ci adressait un sourire narquois à Mollyneux pour être autant à contre courant avec la conclusion générale. Ainsi les concepts et les formes se dessinaient par catégories après l'avoir été à l'unité. La profondeur se fixe et par jeu de couleurs et de nuance, elle fait la différence entre ce qui est devant et ce qui est derrière. Il est l'ombre que projette la lumière éclatée sur l'inquiétant solide.

l'Eve d'une espèce décadente se levait. Ou tout du moins elle essayait d'évoluer de la larve au corps verticale. La colonne, qui embrassait le sol, cherchait l'alignement avec la gravité. Aussi bascula t-elle sur elle même, ce trouvant sur le côté ; elle prit appuis de ses mains sur l'herbe corrompue et poussa pour élever sa carcasse. Mais ceux-ci tremblèrent puis cédèrent. Un moment plus tard, elle n'eut de cesse de réessayer, mettant plus de force à l'ouvrage. Prenant conscience que l'opération ne pourrait s'effectuer qu'en plusieurs parties, elle décida de se reposer sur ses genoux et de se contenter de relever son buste. Une partie du voile visqueux glissa à terre parmi les méandres organiques. Elle essuya son visage de ses mains, découvrant un peu plus ses petits yeux, ses fines lèvres roses et jusqu'à son coup sur lequel traîner les algues noires que formaient ses cheveux enlisés. Puis elle se redressa de toute sa taille, devant s'y reprendre à plusieurs fois ; prise dans les titubations de l'enfance hasardeuse et inexpérimentée, nouvelle bipède. La cathédrale de chaire tremblait de sa hauteur et comble de l'angoisse ; plus elle était élevé, plus elle avait peur et envie de l'être encore plus. Son cœur battait à s'en rompre, une sensation qu'elle trouvait des plus exaltantes. En vie et érigée, elle se mit à absorber l'air et le pervertit de ses poumons. Il entrait en la brûlant, il ressortait en la réchauffant. Le monde lui faisait du mal et elle le lui rendait ; une relation synallagmatiquement perfide. Une aura, un halo invisible de vice embaumait à présent sa proximité, de vice et de perversité.

Finalement elle observa son entourage ; cette forêt dense dans laquelle elle était, le chant des oiseaux au delà de la bulle de silence asphyxié dans laquelle elle se trouvait. Il y avait cependant quelque chose de différent et de fondamentalement attirant qui se dressait devant sa vue. Un autre. Ça lui ressemblait, c'était là ; et ça l'observait. Son âme était capturée dans un étau. Mais rapidement elle ne put plus comprendre et son être se fit vaporeux, échappant à cet étau. Elle lui rendait son regard, il était vide de sens et dirigeait son invective gratifiante dans ses yeux ceintrés de parure qui lui étaient encore inconnues. Un corps nu et souillé de fange se tenait face au mirage d'un clown, à une apparition fantomatique. Cette chose, cette chose monta du ventre de Ruby et explosa à son visage comme un spectre suicidaire ; elle sourit. Une contraction tout à fait automatique des zygomatiques. Ce qui lui explosa au visage, c'était une dimension entière, une perspective tout à fait nouvelle qui venait d'illuminer son monde d'une horizon bien plus vaste que celle, restreinte qu'elle connaissait déjà. Un autre ; ça décuplait son terrain de jeu, son existence. Un autre ; c'était la zone d'expérimentation de tout ce qu'elle ne pouvait voir par elle même, de tout ce qu'elle ne pouvait observer de l'intérieur. Un autre ; c'était la découverte d'un système, d'interactions qu'il lui fallait étudier. Elle espérait que les combinaisons soit infinies. Elles pourraient l'être virtuellement mais elle n'en savait rien pour l'instant. Que se passait-il si l'on agissait ? Que se passait-il si l'on agissait d'une certaine manière ? Que se passait-il si l'on si l'on agissait d'une certaine manière et selon un contexte donné - et avec cet autre qui n'était pas comme nous ? Que se passait-il si on faisait ça ? Et elle sourit. Ça n'était pas la première réaction instinctive de l'Homme ; tout était affaire de paramètres. Mais pour cette chose qui n'était pas un être humain, avec ses morceau de génisse morte sur le corps, tout était affaire de pur chaos de pensée.
Ruby
Autiste


Message Sam 29 Jan 2011 | 22:16  Répondre en citant

Le sourire fendilla l’écorce de la fille-fantôme.

Un sourire ?!

Comment avait-elle pu ?!

Alors qu'elle n’était encore qu'une demi-bête, une relique d'un moi passé dédié à un cerf mort, passé, inadapté, inintéressant pour qui n'avait jamais vécu dans le sillage tracé par des sabots sans poids … Une demi-chose, moitié vide, qui ne s’était pas encore emplie de l’âme qui lui manquait tellement, une coquille creuse …
Qu'elle n’était encore …

... rien …




Au plus profond d'elle-même, Lise croyait aussi sincèrement qu'elle en était capable, voulait croire à la magie de l'instant ; qu'il était possible, sans hésitation, d'accepter quelqu'un et de lui être redevable de vivre, non pour ce qu'il était, mais juste parce qu'il était. Simplement. Sans désir ni besoin. Pouvoir offrir aux autres des existences dont on n'avait pas le moindre usage.
Lise aurait voulu croire que l'inconnue venait de lui accorder cette grâce : lui sourire, sans calcul ni jugement.

Mais elle savait très bien que ce n’était pas vrai. Rien qu'une illusion de plus. Que cela n'arriverait pas tant qu'elle vivrait, et qu'après il serait trop tard.

Dans l'intervalle il lui faudrait porter son blanc manteau de clown et mimer l'existence, mendier sa vie. Tel était son fardeau, son destin.


Elle était déjà morte.



Elle n'avait pas eu le temps de forger un rôle adapté à la frimousse sanglante, mais elle n'avait pas encore tout à fait ôté celui du cerf ; et ce rôle-là était défiance, instinct animal, panique envers tout ce qui montrait les crocs couvert du sang des siens. Elle s'y réfugia avec fougue, s’écarta d'un pas de son abri provisoire, et renvoya son sourire à l'inconnue : un sourire de menace, un sourire prêt à mordre. Prête à l'attaque. Et un gémissement inquiétant se fraya un chemin entre ses dents serrées.
Et une larme solitaire coula sur son maquillage, second épiderme artificiel et étranger : c’était une douleur qu'elle ne pouvait pas fuir.

Lise devait faire face, ou disparaître … une fois encore, une fois de plus.
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Lise Errandi
Hystérique


Message Sam 05 Fév 2011 | 14:50  Répondre en citant

Une esquisse se forma sur ses lèvres, déjà froissé, déjà étrangère. Alors qu'il est le signifiant d'un accueil, il est le signifié d'un avertissement. Mais cela, Ruby n'en avait pas tout à fait conscience. C'est qu'elle était habitante depuis peu, sortie du ventre protéiforme du créateur, maître de ces lieux ; non pas vêlée d'un esprit mais d'un appétit, elle n'était pas la conséquence d'un imaginaire mais d'une énorme frustration qui s'était écroulée sous son propre poids. Elle ne pouvait donc connaître ses élans de méfiance, ce protocole trop tôt imposé par une vie(triol) mais cela nous le verrons bien assez vite pour ne pas se permettre d'observer plus avant les mouvements que créés ses interrogations.

Le fantôme face à la fangeuse, le blanc face à l'immondice. Mais aussitôt qu'elle voit ce sourire qu'elle ne peut interprété que comme l'exacte reproduction du sien - n'étant pas au fait des différentes émotions et douleurs qui peuvent entraînées un sourire - elle semble penser qu'il ne s'agit en fait que d'un simple reflet. Alors l'Autre ne la volerait donc pas ; elle qui n'est observé que par désir de symétrie, d'alignement ? Tel était son raisonnement. Mais plus encore que cette spéculation fausse était toute fraiche, elle eue instantanément le reflex de la rejeter et de lui préférer un peu plus d'expérimentation. Au final, elle pourrait être une personne tout à fait normale si ce mouvement avait était inquiet, porté vers elle même : simple analyse cherchant à se conserver. Mais elle n'en avait tout bonnement pas le sens. Elle ne pouvait même pas le concevoir en son esprit et tout juste le regarder chez les autres, bien qu'elle ne l'ai pas encore constatée.

Une cathédrale de chaire fraîche, magnifique et immonde, s'avance, laissant les filet de sang, la souillure des viscères et de la terre sécher ou tomber de son corps. Ses pieds se mettent en marche. Mouvement dans l'espace. Sujet considéré dans une localisation se rendant à une autre, non déterminée : le sujet accepte son environnement. Terrain de jeu primaire, support au développement du terrain de jeu secondaire, l'Autre. Dire que l'esprit est pur et transcendant à la matière et au temps serait une infamie. Sans espace, l'esprit ne fait aucune rencontre, car il est propre à être - de telle ou de telle manière - et c'est cette différence d'être qui créé les explosions que l'on sait mais sans espace pour que l'un soit porté à l'autre rien ne se fait. De même sans le temps l'esprit serait figé ; il serait mais ne changerait jamais, serait contracté en lui même et pour lui même, dans le vide d'un inutile infini. C'est pourquoi le temps permet ces variations et donc les différences d'états qui conduisent aux évènements. Reste à savoir si l'espace et le temps font parti de l'âme où s'il lui sont étrangers. Comme tout le monde le sait (maintenant tout du moins), l'espace et le temps sont relatifs l'un à l'autre. Comment pourrions nous donc définir leur essence considéré seule si celle-ci est dépendante de l'autre ? Ainsi que la couleur ne peut se définir qu'en rapport aux yeux qui la voient, l'espace et le temps sont défini ensemble et - qui plus est - avec l'esprit qui les conçoit, de manière à ce qu'ils ne forment d'un unique triptyque. Mais si Ruby avait accepté l'âme-espace-temps (pourquoi se soucier de dire âme ou non ?) le plus dur lui restait à faire : elle devait briser le miroir de l'identification et appréhender l'impact avec autrui. C'est cette dimension du jeu qui devait inévitablement être découverte, sans quoi elle ne trouverait jamais la douleur, la jouissance, l'attraction, la répulsion. Et cela était comme son destin. Elle efface son sourire insubstantiel et s'avance vers la lumineuse obscurité, vers le mystère à découvrir. Elle avait soif de découvertes, d'aventures, d'expositions et d'associations des plus simples aux plus alambiquées. Et dans un élan inné, dans un souffle expérimental des plus consistants, des mots s'échappent de sa bouche, au hasard de son labyrinthe animal :
Je suis Ruby ; buvons l'eau et l'absinthe si nous sommes.
Ruby
Autiste


Message Mar 22 Fév 2011 | 22:34  Répondre en citant

Lise fit un pas en arrière. Puis un autre en avant. Il y avait le sang, il y avait les morceaux de cet être qu'elle avait aimé (oublié à présent), il y avait cette calme avancée, plutôt promesse que menace ; mais il était trop tard, bien trop tard pour s'enfuir. Elle n’était plus vraiment une biche à présent, et cette peau d’âne se déchirait de l'intérieur pour laisser place à quelque chose de peut-être plus grand –comme venait de le faire celle de feu le roi des bois.

Avait-elle un jour précisé ce qu'elle était ?...

Plus de fugue incertaine ; à présent une assurance impérieuse prenait forme. Camper sur ses positions … pour ne pas fuir, certes, mais d'une manière ou d'une autre, être aussi inamovible que le roc. Se tenir comme un arbre face au vent de l'effroi, comme la terre face aux cieux, comme …
Non, il lui fallait quelque chose de vivant … D'agissant, de remuant, de tressautant ; de marquant –mais quoi de compatible avec cette assurance qu'elle se voulait ?... Lise frémit …
… rongeur acculé, bourrasque de feuilles, envol …
… et trouva.


Puisque rien dans la forêt n’était elle, elle serait la forêt.


Indifférente et cruelle, opiniâtre et rusée, elle serait l'incertain qui toujours revient à la charge.
Et maintenant plus rien ne pouvait la blesser. Elle était chez elle.


La forme blanche se redressa …

La prose absurdement poétique et sanglante résonna dans les cavernes tapissées de neurones-miroirs de l'Hystérique …
Je suis Ruby ; buvons l'eau et l'absinthe si nous sommes.
… et revint en bourrasque vers celle qui l'avait énoncée, déformée, transposée à la grandeur majestueuse que Lise se prêtait :


"Je suis le vent dans les rameaux, la terre qui nourrit les racines ; le sang qui coule dans tes veines et sur les crocs des bêtes. Je suis la Lune. Je suis le Soleil. Je suis l’éternelle mélodie de la vie, l'implacable succession des morts.

Quel gibier poursuis-tu en la forêt de Lys ?
"
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Lise Errandi
Hystérique


Message Mer 23 Fév 2011 | 23:59  Répondre en citant

Elle avait parlé. Ou plutôt elle s'était exhalé en un souffle majestueux, comme une harmonie : la beauté d'un tout aux facettes coordonnées. Ruby en était comme transporté ; un orgasme de contemplation face à cette explosion d'émotions. D'émotions, était ce vraiment cela ? Il lui était tellement difficile de faire la part des choses. De toute façon pourquoi chercher à sectionner cette beauté, y coller des étiquettes, y apposer une structure ? Ruby était bien la mauvaise élève des Etants, cela ne lui aurait donc servit à rien d'éclaircir ce qu'elle allait assombrir par l'oubli. Elle prit alors ce souffle pour ce qu'il était ; un souffle grandiose ni plus ni moins.

Elle se dit vent et terre, lune et soleil, vie et mort. Mais elle fut touché par une partie de sa phrase qui l'interpella : le sang qui coule dans tes veines. Pourquoi ? Pourquoi cela l'avait interpellé ? Pourquoi c'était-elle intéressée à cela ? Parce que cela la concernait ? Oui. Oui ; elle, il n'y en avait que pour elle. Il n'y en avait que pour sa langue pendante, pour son estomac hyperphage, pour son avide appétit d'altérité. Mais elle était sous l'animal ; elle était l'échelon le plus bas et le plus immuable de la vie psychologique devant l'inanimé. Toujours est-il qu'Ivory lui murmure (certes d'un murmure massif) qu'elle était elle et qu'elle était elle - et d'ailleurs elle prit bien soin de formuler cette phrase dans sa tête juste pour en constater, avec amusement, le cruel manque de clarté. Elle avait envie de lui demander si elle était le directeur. Elle la toutoucherait de son doigt et serait reine, à moins qu'elle ne soit pas dans un rêve mais bien dans la réalité. Trois secondes s'écoulèrent après l'apophtegme durant lesquelles Ruby se roidit de surprise (et aussi un peu de froid), puis, les yeux rond, la tête engoncée - comme pour recevoir une invective - et le corps droit comme un i, elle répondit à son interlocuteur :
Je poursuis Ruby ; elle a toujours un temps d'avance sur moi - une horizon pourpre qui joue avec ma patience et qui me tire avec des ficelles. Elle s'est réfugié dans la cabane ; une petite cabane en bois, je n'en sais pas plus. Lorsque j'en sortirais, nous serons jumelles bâtardes mais pour l'instant, je suis la seule que rien ne rend solide. Est ce que le Lys se mange ?
Ruby
Autiste


Message Dim 27 Fév 2011 | 15:30  Répondre en citant

Surprise par l'absurde, Lise ne comprit pas. Mais ses pieds avaient désormais des racines. Elle n'avait pas d'autre choix que de poursuivre la mascarade.
De fait, elle ne percevait même pas sa propre hésitation. Unique était la voie à emprunter.

Lys hocha la tête et répondit, sentencieusement.


"Le lys est amer lorsque tu ne dois point goûter du fruit du bien et du mal. Intouchable est l'horizon de ciel ; couvre les nuages de bois, enferme-toi dans ta propre cabane à l’échelle de ton monde ; ainsi seulement tu rejoindras Ruby, car toutes deux deviendrez, ensembles, les prisonnières du bois de Lys."


Les secondes mutiques se prolongèrent, martelant avec insistance l'importance de ces mots.

Lise s'aperçut alors que bien que son corps regardât son étrange modèle, elle-même, sur le moment, ne la percevait pas : les incompréhensibles paroles de Lys (ses incompréhensibles paroles) avait sur elle eu un étrange effet. Mais la révélation s'effaça en même temps qu'elle son apparition, emportée par sa conscience d’être Lys ; en Lise s’évapora ces pensées d'un instant.
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Lise Errandi
Hystérique


Message Lun 28 Fév 2011 | 22:45  Répondre en citant

Le Lys ne se mangeait pas, le Lys était nourriture de l'animal politique. Bien/Mal se mouvaient partout hors de cette sphère qu'était Ruby ; la plus pure sphère du chaos, liquide toujours en ébullition, insatiable, que rien ne rendait solide. Est ce là la clé ? Accéder au bien et au mal, devenir solide ? Se poser dans un monde pour être en phase avec ? L'intrus avait maintenant la ferme intention de découvrir ces secrets. Elle avait même la bénédiction de la forêt pour courir dans l'antre. Elle serait dévorée par quelque chose, quelqu'un. Qui ? Le temps seul dira.

Tandis que celui-ci s'écoulait, Ruby eut la sensation tout à fait indescriptible de voir et de ne pas voir la fille en face d'elle. Elle était là, devant c'est yeux mais c'est comme si elle n'était qu'un souvenir visuel, comme si elle tâchait de se rappeler d'elle en y posant des pigments intelligibles. Sinusoïde de présence ; tu me vois, tu me vois pas. Elle la voyait demi transparente, entièrement forêt. Indescriptible revenait souvent ; de terme il se muerait en personne à force d'avoir trop été sollicité.

Elle voulait maintenant courir au devant des prédications de la sibylle et pénétrer le sanctuaire. Mais où était il ? Un fil rouge de sang se dessinait dans son esprit, il se tressait, se tissait s'enroulait toujours sur lui même, ténu et capricieux. Il finit par prendre prise quelque part derrière son encéphale reptilien pour tirer avec insistance. Encore une fois Elle l'appelait. Depuis les limbes incompréhensibles de son chaos Elle avait jeté avec adresse son hameçon et l'avait tiré pour l'y déchoir, pour faire accoucher le directeur. Mais c'était à l'époque ; lorsque celui-ci avait tout juste fait la distinction entre les éventualité de l'alternative, le délire (de plus) qu'était Ruby.

Au début était le verbe - qui s'était déjà conjugué de tant de manières (d'autant qu'il existait d'internés en fait). Puis ce verbe (Lui, le dirlo, appelez le comme vous le voudrez) décida de chercher au plus profond de lui même, interrogations existentielles de la grammaire, et contre toute attente, il sombra dans l'aporie. En résultat une angoisse asymptotique dont il se détourna avec panique/dégoût. Mais il était trop tard, auto phantasia katalêptikê parfaite et irréversible ; se souvenir était dans sa tête. Mais Ruby ne fut pas requise, (E)lle éclot d'(e)lle même. Il ne put supporter cela, aussi décida t-il d'y apposer son fer, de la maîtriser. Ce qui était impression cognitif devait le rester. Mais comment maîtriser l'imaîtrisable, le néant ? Dans tout les efforts de son esprit, il ne réussit qu'à arracher (E)lle en deux et à les maintenir à l'écart, pour éviter que cette asymptote ne la submerge. (E)lle subit donc le schisme en Elle et elle. elle qui était - en puissance - la possibilité de dompter Elle ou de la détruire ; Elle - en acte - scellée dans la boîte à souvenir, mal existentiel ; et Lui - en acte et en puissance - créateur de l'asile et de tout les autres internés. Mais Elle se sauva là où même lui était concaténé dans son propre système : l'Asile. Quand Elle eut coupé le cordon qui la retenait encore à Lui Elle déchut. En bas Elle eut pour projet de le retrouver mais Elle avait besoin d'elle sans quoi il la maîtriserait et la fusion ne serait pas indépendante de sa volonté : il fallait qu'Elle retrouve elle pour devenir entéléchie. C'est seulement à ce moment ci que là confrontation à la question existentielle entre elles et Lui serait parfaite et impartiale. Avec son grappin Elle l'attrapa et la fit déchoir également. Dans sa chute elle prit le nom de Ruby (mais cela n'est pas important ; simple manifestation du hasard) et cherchait maintenant à rejoindre son maître. Alors bien sure, comme le maître avait la connaissance du bien et du mal et qu'elle n'était qu'être primaire, elle devait croquer le fruit. Ce fruit de connaissances, de castration, c'est Elle qui l'avait. La confrontation première était donc nécessaire.

Le vent était dominant et majestueux mais lorsqu'elle ferma les yeux elle sentit ça douceur. Contentement. Et fit dos à la forêt pour faire fasse à la cabane. Celle-ci trônait là où sa porte gisait. La tête du cerf ornait l'entrée. Une manière comme un autre de muter se dit-elle. Il n'avait pas fini de lui rendre service, bienheureux roi de la forêt.
Elle ouvrit la porte qui grinça. Les effluvent de bois et de mort flottaient, indifférentes. Lorsque celle-ci se referma derrière elle, elle sentit sa présence avec autant de clarté que la sienne. Languissante sur un divan rouge vétuste, Elle la regardait, attendait - dans sa légère robe de lin blanc. Ruby se dirigea vers Elle, devant laquelle elle s'agenouilla puis prit la pomme qu'Elle avait dans la main. Un coup de dents et les saveurs se succédèrent comme une procession royale. Tandis qu'elle mâchait la chaire et jouait de sa langue Bien et Mal entrèrent dans sa gorge, se frayant un passage - chacun cherchant à arriver en premier - puis s'emparèrent de son appétit. Il donnèrent tant de coups dans la pierre philosophale, ils cherchaient à resquiller le maléfique ovule pour y croître. Mais, lorsqu'ils arrivèrent à l'intérieur, rien ne se fit ; leurs germes ne prirent pas et ils moribondèrent, se faisant lentement digérer.

Rendant les armes, Ruby comprit que son issus resterait animale ; jamais elle ne deviendrait un être humain. Le corps fangeux s'en remit alors d'un amour ataraxié à Elle qui le humait, le caressait pour enfin de compte porter ses lèvres à son coup dans un dernier baiser avant d'y planter ses dents et d'en arracher la délicieuse chaire. Et comme dans un monde matériel, la réalité était toujours plus... liquide ; le sang qui abonda telle une fontaine de jouvence de son coup colora le délicat chaperon ainsi que ses lèvre affamées de rouge. Déposant le corps sur le divan, Elle reprit sa dégustation. Ainsi le coup fut l'entrée en matière, Elle manga ensuite la bouche puis les joues et le reste du visage, passa à la langue puis dévora ses seins avant de s'en prendre aux épaules. Elle se délecta des bras qu'Elle embrassait tout autant qu'Elle dévorait tandis que la rougeur du divan semblait reprendre de sa superbe. Elle croqua ensuite goulument dans le ventre qui était bien tendre et consomma les organes internes avec luxe. Quand enfin Elle avait assez enfoncée sa tête pour engloutir le dos, il ne restait là plus que quelques os qu'Elle prit soin de casser avant d'avaler. Les cheveux quand à eux étaient assez secs et Elle dut avaler les dents d'un coup (les mâcher aurait était vain). Elle porta sa bouche à son sexe et dévora - pour ainsi dire - une seconde fois ses lèvres. De l'intérieur des cuisses, Elle descendit jusqu'aux mollets pour lesquels Elle prit son temps. Puis, enfin, de l'extérieur des cuisses jusqu'aux talons pour finir par les pieds et les vêtements. Elle était elle. Tout est accomplit. Ruby, la vrai, rouge, la jambe de bois, l'autre de chaire sortit de la cabane. Un grondement des plus incompréhensibles ondula dans toute la surface de l'univers ; le cerf gémit du râle de la génisse une seconde fois. Ruby vomit un mixtion sanguinaire sous le pas de la porte : Bien et Mal agonisaient dans l'herbe.
Ruby
Autiste


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