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Jeu 18 Sep 2008 | 22:07 |
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Trois petits pas, chuintement des talons sur le sol. Les chevilles frêles bifurquaient entre les rayonnages, d'un pas gracieux empreint d'une prudente pesanteur. Un peu plus loin ils se hissèrent, élevant Pia, son mètre quarante-six et son unique chaussette, jusqu'aux tiers de la hauteur des étagères surchargées. Mais la multitude d'ouvrages curieusement variés ne sembla pas la satisfaire : sur son nez, les tâches de rousseur s'étirèrent en une moue boudeuse. Et les oiseaux osseux reprirent leur laborieuse promenade dans la rotonde.
Le jour se levait. Clarté pâle comme un bouquet d'aubépine. Pia frotta ses paupières lourdes. Elle avait passé la nuit à chercher un ouvrage dont elle avait le souvenir de l'avoir aimé sans être certaine de l'avoir jamais lu ; une œuvre scientifique au sujet des papillons, de cette beauté écartelée méticuleusement entre les lignes d'un savant poète… Mais la fatigue eut raison de sa résignation, et elle était un peu étourdie d'avoir trotté ainsi dans la bibliothèque comme dans un fascinant cabinet des curiosités. Elle se laissa choir sur l'un des rares sièges de la pièce en soupirant. Ses pieds ne touchaient pas le sol mais battaient l'air ; seules ses jambes cireuses dépassaient de l'immense chandail masculin dans lequel flottait sa petite silhouette androgyne. La courte chevelure tombant en coton rêche sur ses pommettes lui donnait l'air ensommeillé.
A sa droite, sur une petite table, un vieux gramophone cuivré se couvrait de poussière à côté d'une tasse de porcelaine où infusait du thé chaud. Sans même un regard, elle enclencha machinalement l'outil, dont le maniement lui semblait tout naturel malgré sa vétusté. Une musique agréable, au rythme de berceuse, emplit la pièce avec la même neutralité sereine que la lumière matinale. Attrapant délicatement la tasse, Pia en dispersa d'un souffle la fumée odorante puis la porta à ses lèvres ; la gorgée de thé dégustée, elle sourit et reposa la porcelaine tiède sur la tête du nourrisson qui dormait contre sa poitrine naissante, blotti sous son large pull. Le nouveau-né, dont n'était visible que le crâne souple et duveteux, émit dans son sommeil un soupir de contentement. _____________ Plus nous ouvrons les yeux, plus la nuit est profonde.
Dieu n'est qu'un mot rêvé pour expliquer le monde. Un plus obscur abîme où l'esprit s'est lancé... |
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Pia Autiste

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Ven 26 Sep 2008 | 19:55 |
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Fleurageant les rhododendroves
J'y lirai et j'y gamblais dans les vabes
Pour frimer vers les pétunioves
Et les mome raths en grabe
La mélodie délicate de notre si délicate Pia avait fallacieusement glissé, que dis-je, dérapé vers cette comptine aux vers effilochés. Mais la soie de ces vers avait fort heureusement rendu la transition discrète, si bien qu'en n'y prenant garde, on eût aisément pu les manquer.
Comme c'eût été dommage ! Le Chat n'aimait manquer à personne, aussi fit-il lestement son apparition inopinée et bien moins discrète sur une pile déjà bancale de livres poussiéreux, d'abord la tête, pour changer, puis une patte, en équilibre sur la précédente tête, puis le corps, en équilibre sur la précédente patte, enfin un bras, j'ai dit bras ? disons patte, plutôt, disons même deux autres pattes, bref, un périlleux numéro d'équilibriste qui acheva de faire sombrer la pile… Pas si vite ! La pile se tendit comme un élastique et, dans un bruit de ressort cartoonesque (boooing), se releva bien droite, envoyant voler pattes, tête et corps qui retombèrent miraculeusement sur leur pile préférée, cette fois, dans l'ordre correct, et en position couchée s'il-vous-plaît. (Sage !)
— Mâdemoiselle, savez-vous qu'il est interdit de goûter dans les rayonnâges ? singea-t-il en clignant pudibondement les yeux.
D'ailleurs, étaient-ce des bigoudis qu'on devinait sous les poils de sa tête (toujours la même) ? |
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Le Chat

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Dim 28 Sep 2008 | 16:14 |
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Pia, toute enrobée de sommeil et de vapeur, eut un instant de latence. Ses petits yeux vides s'étaient écarquillés sous le rideau des cheveux. Quelque chose était en train de se produire. Même paisiblement cloîtrée en son cocon mental, rassurée par le silence enveloppant du lieu, elle ne pouvait y échapper : le balancement de ses jambes avait changé de rythme. Quelques bulles avaient éclaté à la surface du thé. L'atmosphère s'était électrisée d'une présence étrangère ; l'harmonie paisible du matin était rompue. Etait-ce seulement cette musique nouvelle, dont elle ne parlait pas plus le dialecte que celui des notes ? Probablement pas.
Elle parcourut du regard les alentours, et eut un sourire lorsque la tête du félin s'esquissa dans un rai de lumière blanche. Elle lui trouvait un air aimable, et sa mâchoire aux dents curieusement nombreuses éveillait sa curiosité et un certain respect. Mais voilà que, passant de l'aquarelle à l'encrage et bondissant de tout son corps moelleux sur les livres empilés, il venait s'étendre à ses côtés ! Pia se tassa dans son fauteuil. Amusée par les mimiques minaudières de l'animal, nullement effrayée par sa présence. Non, il n'y avait bien que le contact qui aurait pu la rendre craintive. Tant que sa patte ne frôlait pas ses jambes recroquevillées sur le siège, alors…
— Mais je ne goûte pas : je savoure. Souhaitez-vous que je vous offre une tasse ?
Tandis qu'elle parlait d'une toute petite voix, prévenante mais lointaine, elle semblait fixer un point juste derrière le chat comme le font parfois les somnambules lorsqu'ils entrent en conversation. Penchant sa tête ronde sur le côté, elle eut un chuchotement enfantin comme si elle lui confiait un secret savoureux et transgressif :
— Oh, et il y a des biscuits encore tièdes, aussi… _____________ Plus nous ouvrons les yeux, plus la nuit est profonde.
Dieu n'est qu'un mot rêvé pour expliquer le monde. Un plus obscur abîme où l'esprit s'est lancé... |
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Pia Autiste

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Ven 03 Oct 2008 | 21:35 |
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— Du thé ?
La tête du Chat s'évapora ouvrez la parenthèse pouf point d'exclamation fermez la parenthèse dans un nuage de fumée rose virgule d'où ne tardèrent pas à chuter les sus-nommés bigoudis virgule qui en touchant le sol éclatèrent en de minuscules feux d'artifice mauves et roses tiret bien évidemment tiret point-virgule pour réapparaître au-dessus de la sus-nommée tasse et en renifler bruyamment le contenu point.
Ses deux mains suivirent (re-pouf !) et l'une d'entre-elles s'empara d'un biscuit avant d'aider sa comparse à ramener la tête à sa place, sinon attitrée, du moins habituelle, c'est-à-dire à l'autre extrêmité du corps si l'on se place par rapport à la queue.
Cette queue dont nous oubliions tout à l'heure de vanter le panache et le lustre, cette queue qui si gracieusement était venue coiffer l'ensemble du tableau, et qui depuis s'était indolemment balancée en caressant les livres chéris, au risque de faire éternuer la pile et de projeter encore l'ensemble dans les airs !
Tête à son poste STOP biscuit localisé STOP cible identifiée STOP main en mouvement STOP ouverture buccale STOP biscuit en position STOP première bouchée STOP mastication STOP dernière bouchée STOP pas de deuxième bouchée STOP n'en a fait qu'une bouchée STOP époussetage des mimines STOP
— Délicieux ! s'exclama-t-il avec ferveur. Comme tous les plaisirs interdits… ajouta-t-il sur un ton dramatiquement agent-secretesque. Merci, mais je ne bois jamais si tôt, conclut-il, faussement offusqué. Avant de reprendre (j'oubliais !) sur ce même ton agent-secreteur, la main devant la bouche et les oreilles baissées : L'auriez-vous vu rôder dans les parages ?
Tout ceci bien évidemment n'avait duré que quelques secondes point final. |
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Le Chat

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Jeu 30 Oct 2008 | 15:22 |
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Comme les pourtours d'une feuille morte, les fluettes épaules de Pia s'étaient repliées sur elles-mêmes à l'approche du chat. Cette promiscuité désinvolte la brusquait. Tandis qu'il chipait l'un des biscuits, elle fixa le plafond, s'éclipsant pour faire cesser son malaise. Gardant prudemment les jambes repliées sur le fauteuil elle osa à nouveau un regard. Ses prunelles vagabondaient autour du chat en pleine dégustation, entre méfiance et candeur distraite. Seuls les rayonnages brouillés de lumière savaient captiver son regard pendant de longues heures avec une précision inégalée… Tout le reste n'était qu'un tressaillement confus, étranger. Et le chat, malgré sa bonhommie sémillante, en faisait partie.
Aussi, l'effervescence dont le félin faisait preuve ne manquait pas d'amuser Pia. Comme une fillette observe un manège sans oser y monter, prise par avance d'un vertige terrassant, se refusant le trivial des jeux d'enfants. Pour ne pas se laisser emporter, d'un geste raisonnable, elle stoppa le vieux gramophone.
— Comme tous les plaisirs interdits…
Une image vint se calquer à la bibliothèque : le souvenir d'une gravure, des femmes sombres et des chats aux dents longues. Quelques prières qui incitent à l'hostilité. Une créature aussi légère et enfantine pouvait-elle s'avérer malsaine, peut-être même malfaisante ? Elle n'en était pas certaine. Mais à qui faire confiance, sinon à une foi opaque et rassurante ? Se penchant sur le nourrisson qui dormait encore contre son sein impubère, elle déroula de son cou minuscule un chapelet dont les perles vinrent rouler doucement entre ses doigts.
— L'auriez-vous vu rôder dans les parages ?
— Oh oui, très certainement… Je suis ici depuis hier soir. Mais je serais incapable de dire quand, ne sachant qui il est.
Le ton de la fillette était pensif mais concis : elle ne souhaitait pas aller plus avant dans la conversation, inquiétée par ses réminiscences religieuses. Elle fixait ses doigts entre lesquels glissaient de méticuleux Ave Marie, auxquels l'enfant enveloppé dans son chandail, comme une extension de sa propre chair, répondait par un petit gémissement endormi. _____________ Plus nous ouvrons les yeux, plus la nuit est profonde.
Dieu n'est qu'un mot rêvé pour expliquer le monde. Un plus obscur abîme où l'esprit s'est lancé... |
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Pia Autiste

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Ven 26 Déc 2008 | 2:34 |
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Tandisse que Pia s'aménageait le temps de lui fournir une réponse digne de ce nom, le Chat s'était détourné d'elle pour extraire un livre de la pile-même sur laquelle il était vautré de tout son poil, au risque encore une fois de faire une chute magistrale. N'allait-il donc pas les laisser en paix, ces pauvres livres ? Après avoir tiré sur un des ouvrages branlants avec un acharnement à s'en allonger les bras comme du caoutchouc, il finit par réussir à l'extirper (plop !) dans un bruit évoquant à s'y méprendre le bondissement guilleret d'un bouton de champagne (CHAMPAGNE !) vers un plafond, un mur, ou l'œil d'une innocente victime.
Mesdames messieurs, bonsoir,
Ce soir, une tragédie sans précédent a secoué l'Asile entier : dans l'émoi d'un instant de fête, une innocente victime, à la suite d'un concours de circonstances plus que malencontreux, s'est vue affublée d'un bouchon de champagne dans l'œil gauche par un joyeux larron au geste trop peu assuré. Notre envoyé spécial s'est rendu sur place afin de recueillir le témoignage du martyr.
La bestiole à rayures ne s'était fort heureusement pour la petite Pia pas donné la peine de retransmettre cette dépêche via le gramophone, non pas qu'elle n'y eût pas discerné d'utilité, l'utilité ne faisait pas tout à fait partie de ses problématiques, la notion-même de problématique ne faisait à vrai dire pas tout à fait partie de son fonctionnement, le concept-même de fonctionnement ne se laissait d'ailleurs appliquer qu'avec difficulté à l'objet de notre présente étude, non pas donc qu'elle n'y eût pas discerné d'utilité (à retransmettre cette dépêche via le gramophone, je ne vais pas tout répéter ! Et on se réjouit pour la petite Pia, merci !), mais bien plutôt du fait de sa concentration extrême : le matou feuilletait les pages avec une frénésie méticuleuse, à la recherche d'une citation, d'un épisode précis, d'une tirade ou d'un vers peut-être, comment savoir ? Puisque cette maudite Pia l'interrompit au beau milieu de ses investigations pour lui délivrer une information qui pouvait tout et rien dire, à savoir qu'elle aurait pu détenir la réponse à ce que l'on lui avait demandé mais selon elle cela dépendait de la question, alors quoi, ce n'était pas assez clair ? On faisait sa maligne ?
— Mais il est tâââbsolument tin-ter-dît de dormir dans les rayonnâââges, mademoiselle ! s'entendit répondre la provocatrice avec une emphase péremptoire.
Papillotant des yeux derrière d'énormes lunettes aux montures kitschissimes qu'il ne portait pas un instant plus tôt (non, vous n'êtes pas fous, rassurez-vous !) comme s'il venait seulement de lever les yeux de son bouquin, il ajouta avec une candeur offusquée :
— Qui ça, "il" ? |
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Le Chat

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Mer 22 Avr 2009 | 19:58 |
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Les yeux de Pia, deux prunes luisantes précieusement retranchées au fond d'orbites trop larges, s'étaient fermés. Un bruit inattendu avait provoqué cette réaction automatique, un bruit sourd et rond, rouge comme un avertissement, comme quelque chose qui fuse d'on ne sait où dans un champ de vision restreint, ou encore, comme une douleur au front, que quelque chose vient de frapper.
Mais elle était intacte, et pas du tout inquiète, car c'était pur automatisme. Les liens qui communément se créent entre les sens et les conséquences n'étaient chez elle que de pâles ébauches, tout juste bonnes à préserver son intégrité physique et morale; ce qui, chez Pia, n'était pas rien.
Ses yeux étaient donc clos. Derrière ses paupières frémissantes jonglaient des boules de lumière mauves et roses, trop floues pour être assimilées à la silhouette du chat; et cette vision abstraite la rassurait. Dans un coin de sa tête, une voix continuait de psalmodier au rythme des petites billes du chapelet, la protégeant ainsi de toute tentative de corruption et des petites diableries auxquelles elle soupçonnait le chat de se livrer, étant de son état et malgré sa sympathie, une créature impure.
— Mais je ne dors pas. Je ne suis pas paresseuse.
Cillant, elle s'aperçut de la proximité soudaine du chat et ouvrit un œil. La présence de verres grossissant sur les yeux de la créature ne semblait pas la perturber : après tout, les choses autour d'elles changeaient sans cesse de forme, de position, de ton. Dans de telles circonstances, le plus raisonnable était sans doute de trouver le recul suffisant pour ne pas se laisser emporter dans cette agitation à laquelle elle ne trouvait aucun sens.
La voix de l'animal chatouilla ses tympans de façon désagréable, et elle en conclut que la question ne lui plaisait pas. Par ailleurs, son petit manège, ne lui inspirait pas confiance, elle ne voyait pas ce qu'il pouvait bien lui vouloir et songeait qu'elle se sentait bien mieux lorsqu'elle était seule, en compagnie du silence poussiéreux et matinal de la bibliothèque.
Ses jambes fines, deux coulures de cire blanche, se recroquevillèrent sous ses fesses. Elle était si frêle dans le fauteuil ancien qu'un seul accoudoir lui était accessible à la fois pour se redresser. Son chandail immense glissant sur sa peau dévoilait une chair étoilée de tâches orangées. Ses sourcils translucides se fronçaient sévèrement tandis qu'elle s'évertuait à regarder juste au dessus du chat, comme si son ombre lui eut été plus rassurante.
— Celui que vous cherchez. Ne sachant qui vous êtes, je ne sais qui il est.
Pendant un moment, il aurait été difficile de savoir si le filet de voix s'était échappé de la bouche pincée de la petite Pia où du nourrisson chauve qui semblait s'être réveillé, palpitant à fleur de peau comme un parasite bienheureux. La jeune fille elle-même ne semblait pas certaine. Ni de ses capacités à se dissocier de son acolyte babillard, ni de sa motivation réelle à se retrouver à nouveau seule dans cette grande rotonde si calme, où rien ne venait perturber sa prière léthargique. Ou lui donner une raison d'être. _____________ Plus nous ouvrons les yeux, plus la nuit est profonde.
Dieu n'est qu'un mot rêvé pour expliquer le monde. Un plus obscur abîme où l'esprit s'est lancé... |
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Pia Autiste

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Mar 02 Juin 2009 | 19:25 |
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— Ah ! exulta-t-il.
Qui ça, "il" ?
L'impossible matou voyons ! (Vous aussi, ça vous a fait comme un déjà vu ? Non ? Ça doit être les clapiotes d'à midi qu'étaient pas fraîches…)
Pourquoi ? Lui seul le savait. Pointant du doigt un passage du livre duquel il avait daigné lever les yeux un instant plus tôt, il maintint l'ouvrage de la queue tandis que sa seconde mimine en prélevait la page, avec une précision chirurgicale. En un tournemain, ou plutôt un tournequeue si l'on veut rester-r-exact, la feuille était devenue un-z-avion profilé, qui fusa-t-à travers la bibliothèque, slaloma-t-entre les rayonnages et disparut-tutu par la porte. Etait-ce le même-n-avion que l'on vit repasser (vroooooOOOOOOOaaaaaaaaam (oh tu fais super bien l'effet Doppler)) devant-z-une baie vitrée, fonçant à toute berzingue vers l'infini-t-et au-delà ? Le sillon de fumée rose pâle qu'il laissa derrière lui ne permit pas de l'affirmer-r-avec certitude.
Mesdames, messieurs, rebonjour
Nous sommes actuellement-t-en contact avec notre envoyé spécial, qui s'est rendu à l'infirmerie afin de recueillir le témoignage de la malheureuse victime déjà connue par le public sous le triste sobriquet de "l'As de liège". Jojo, m'entendez-vous ?
Toutafé Thierry didon, eul pov'gars n'té mis dans ch'coma artficieul eul temps d'xtreure eul bouchon d'ch'n'œil didon. Euch'pô pu l'vouère 'vant ni n'avuoar n't'op'nion meud'cale car ch'Pharmacienne n'très p'occupée mais j'reste pô loin n'cazou.
C'est donc dans la plus grande angoisse que nous attendons la suite des événements : la pauvre victime, entre la vie et la mort, aura-t-elle au moins le temps d'exprimer ses dernières volontés ?
Remontant ses montures amandalearesques sur sa tête, le Chat daigna enfin reposer les yeux sur la petite Pia, si frêle et si chétive, oh la pauvre ! Il plissa les yeux de compassion (ou bien à cause du soleil ? dans le doute, il remit ses lunettes, désormais parées de verres fumés) et lui dit avec une stupeur bien trop mal jouée :
— Mais, je ne cherche personne ! Contrairement à d'autres… siffla-t-il pernicieusement après un silence éloquent et avec un regard de-biais-mais-pas-trop-sinon-on-voit-plus-oui-là-c'est-pas-mal-bouge-plus. |
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Le Chat

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