Remercié ? On peut toujours rêver. Valéria fronça encore un peu les sourcils en le voyant pleurer, se demandant s'il le faisait exprès pour tenter de l'amadouer ou s'il était juste une larve. Finalement, elle choisit les deux solutions. L'une n'empêche pas l'autre et le doute profite à l'accusateur.
— Calme-toi, tu vas te déshydrater et je ne te porterai pas.
Que le lecteur se détrompe : Valéria ne ressentait que très peu de sympathie pour ce malade. En fait, à son ton, on comprenait bien que les sanglots perpétuels de Monsieur l'agaçaient beaucoup. Elle aimait le calme. Le silence. Pas de paroles, pas de questions. Son implication avec ce compagnon de fortune n'avait rien de personnel : elle y trouvait de l'intérêt, voilà tout.
En le suivant, elle se dit que ce soir elle ne dormirait sans doute pas. Ce qui l'entourait était trop méconnu, trop menaçant, trop bizarre et hors de contrôle pour ça. Entre passer une longue nuit à réfléchir dans son lit ou à visiter l'Asile pour justement en étendre sa connaissance, elle avait vite choisi. D'un autre côté, côtoyer la seule âme qui vive dans la zone était sans doute une meilleure solution que de rester seule.
Pensée étonnante pour elle, surtout au vu de ce qu'il avait fait. Non, elle ne lui faisait pas confiance, bien sûr. Elle ne faisait confiance à personne, et c'est pourquoi elle garda les yeux bien ouverts. Son regard détaillait l'architecture, l'itinéraire, les moyens de fuir. En cas de trahison ou de problème quelconque, elle serait prête.
Et des problèmes, par expérience, Valéria pouvait le dire : il y en avait toujours.
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Just because you're paranoid doesn't mean they aren't after you.
Kurt Cobain