Un chemin vaut l'autre
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Non-retour

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Message Ven 20 Fév 2009 | 3:23  Répondre en citant

Edward avait erré dans les couloirs. Ça rimait. Enfin non, il eût été excessif de parler d'errance. Mais Edward avait-il planifié, choisi son itinéraire ? Avait-il un but, une démarche ? Une démarche, oui, il en avait une : voûtée, souple, la démarche de quelqu'un qui ne sait pas où il va et ne s'en soucie pas. La démarche de quelqu'un qui avait quelque chose à cacher. Edward avait donc quelque chose à cacher ? Non. Pas lui. Ce n'était pas lui, pas lui ! On aurait pu dire qu'Edward se baladait tranquillement, au gré des voix qui lui parvenaient des murs. Car si Edward n'avait pas préparé son itinéraire à l'avance, il ne se promenait pas au hasard non plus : il choisissait avec soin, à chaque intersection, le chemin où on les entendait le moins. Les voix.

Bon. Edward avait erré dans les couloirs, à la recherche d'une paix chimérique. Une porte s'était présentée à lui, une parmi d'autres, qui avait retenu son attention. Pourquoi ? Impossible de le dire. Il avait collé son oreille contre la paroi de bois, n'avait entendu aucune voix, s'était précipité à l'intérieur, miracle, la poignée avait tourné.

Et voilà qu'un verger étrange faisait face à Edward. Pourquoi étrange ? Pour deux raisons. D'une part, la répartition des arbres était parfaitement illogique, en termes d'espace, mais aussi de sols, d'ensoleillement, tout était à refaire. Ensuite, parce qu'un sentiment de malaise diffus avait pénétré Edward dès que, bang, la porte avait claqué derrière lui dans un bruit métallique. Il se retourna : un haut mur de briques rouges s'était dressé silencieusement derrière lui tandis qu'il avait observé les arbres. Au milieu de leur maillage hypnotique, une petite porte d'un métal gris-vert, mate.

Bon. Malais diffus, c'était une chose. Mais la brise inquiétante qui s'était levée alors qu'Edward avait fait un pas vers la porte métallique, et c'était déjà beaucoup étant donné le caractère étrange du phénomène, c'en était une autre. Pourquoi inquiétante ? Parce que derrière le son anodin du vent, fouuuuu…ouuuuu… il y avait des voix. Lointaines, ténues, mais probablement portées par le vent lui-même. Et ces murmures étaient tout sauf diffus, ces murmures, ils ne les connaissait que trop. Ils l'avaient suivi jusqu'ici, l'avaient attendu, précédé peut-être.

Pourquoi Edward, dans la droite lignée de la logique qu'il avait suivie jusqu'à présent, n'avait-il pas aussitôt repassé la porte dans l'autre sens, pour chercher un autre havre de paix ? Il l'imaginait grincer un peu sur ses gonds, résister peut-être au tiers de sa rotation, il voyait sa paume saisir la poignée, en éprouver le froid, son bras forcer l'ouverture. Edward serait le biceps raidi de Jack. Mais voilà, c'est qu'avec les voix lui était parvenue une odeur familière, une odeur de pomme, une odeur de fruit pourri, une odeur de putréfaction, une odeur de purin, l'odeur du jardin de son père.

Et à cette odeur, Edward faisait confiance. Et puis, dans le couloir, les voix étaient plus sonores. Leur menace était plus proche, plus oppressante. Edward avait beau préférer les endroits bien délimités, pas trop exposés, il se sentait rassuré par la présence de l'odeur. Fff, fff, ses pas bruissaient doucement dans l'herbe tandis qu'il approchait du premier arbre.

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Avec l'insomnie, plus rien n'est réel.
Tout devient lointain, tout est une copie d'une copie d'une copie.
Edward Antivirus
Schizophrène


Message Dim 01 Mar 2009 | 14:13  Répondre en citant

Seul, assis en tailleur au centre du verger, Fallom avait tenu dans sa paume un fruit rouge, il y a quelques secondes. Était-ce le même que la fois précédente ? Possible oui, étant donné qu'il avait attiré les mêmes conséquences. Pas moyen d'être tranquille ici !

Ce n'était pourtant pas le même homme, celui qui pensait tout savoir. Celui à la face duquel Fallom avait envie de balancer qu'il se plantait sur toute la ligne, qu'il n'était pas aussi incapable de nouer une relation que cela en lui donnant Céleste à digérer. Non, celui-ci ne ressemblait pas à l'arrogance d'une blouse blanche.

Nul besoin de préciser que la disparition de Fallom s'était faite spontanément au premier signe de grincement de la porte d'entrée. Quelques doutes toujours présents sur l'efficacité de cette technique ne l'empêchaient pas d'y avoir recours, cependant il s'était également dissimulé derrière le tronc d'un cerisier, se félicitant au passage d'être si frêle.

Alors il observa la crainte monter progressivement dans son être tandis que l'inconnu approchait.

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Comment ne pas craindre ceux qui nous touchent le plus
Fallom Tenk
Paranoïaque


Message Mar 21 Avr 2009 | 23:37  Répondre en citant

[Je suis totalement honteux de te répondre avec un tel délai !!!]

Que faire ? Edward avait passé la porte, la porte avait claqué dans son dos, bang, la porte l'avait emprisonné ici, les murs, les arbres lui avaient tendu un piège, lui avaient fait entrevoir une oasis silencieuse, et désormais, désormais, les voix revenaient, oh, pas bien fortes, pas bien vives, mais le vent, le vent semblait les porter comme les arômes des fruits putrescents, les entremêlant dans un tourbillon de sensations insoutenable.

Que faire ? Edward avait atteint le premier arbre. Bon. Celui-ci semblait sec, mort, desséché, comme s'il avait depuis longtemps laisser choir les fruits qui pourtant en jonchaient le pourtour, encore écarlates. Paf paf, répondit l'arbre aux mains d'Edward, inquisitrices. Inutile de tenter de lui arracher des aveux, l'arbre, il le connaissait bien, resterait inflexible. Comment ne l'avait-il pas reconnu plus tôt ? C'était l'arbre qui se penchait d'ordinaire au-dessus de la cabane de son père, le cerisier dont il avait cueilli les maigres fruits, enfant. Le cerisier sous lequel reposait sa mère.

Edward, comme de par le passé, s'allongea au pied de l'arbre, les bras écartés, cherchant, à travers la terre, à entrer en communion avec sa maman.

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Avec l'insomnie, plus rien n'est réel.
Tout devient lointain, tout est une copie d'une copie d'une copie.
Edward Antivirus
Schizophrène


Message Dim 26 Avr 2009 | 12:01  Répondre en citant

Et bien sûr, l'homme se dirigea droit sur lui, jusqu'à disparaitre derrière le tronc ridé, hors de vue mais pas de son écoute. Car ce tronc n'était pas si épais, il entendait les mouvements de l'autre côté. Il n'avait pas osé bouger, espérant encore que personne ne l'ait vu, malgré l'espace qui s'ouvrait derrière lui. Et son cœur envoyait un grognement lent et sourd à ses oreilles de crainte de ne voir apparaitre un visage à l'origine de son champ de vision.

A nouveau le silence.

Plus le moindre frottement de tissu, pas un souffle de respiration ne lui parvenait. Il attendait encore, priant qu'on ne le voie pas. La même prière qu'il avait faite au moment de l'agression dans la verrière, alors que les éclats d'un miroir tombaient au sol sous les paroles menaçantes de leur nouveau tyran. La même prière qu'aux premiers instants de sa rencontre avec Céleste.

Il en espérait les mêmes effets, se faufiler, totalement invisible, et savoir enfin ce qu'il se passait, et s'arrêta ainsi devant une étrange étreinte de la terre.

La surprise lui fit lâcher le bout de bois qu'il serrait convulsivement.

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Fallom Tenk
Paranoïaque


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