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Evacuation de sombres pensées

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Message Lun 20 Oct 2008 | 23:56  Répondre en citant

Un regard blasé se fixait sur l'entrelacement crasseux formé par le carrelage fendillé dans les interstices duquel poussaient des substances aux couleurs plus ou moins agréablement proches des corolles fluorescentes de certains champignons que nous qualifierons basiquement de non-comestibles à défaut d'entrer dans une classification plus précise. Des miroirs brisés pleuraient lamentablement leurs derniers fragments contre le mur parsemé de longues trainées humides et rouillées.

Ces latrines nécessitaient un brin de nettoyage.



Quel dommage, d'autres affaires requéraient toute l'attention d'un gardien de la mémoire, ainsi qu'une grande discrétion. Longer les portes entrouvertes sur des scènes droites issues de l'imagination fantasmagorique d'un auteur de romans à frissons en évitant de laisser craquer ce genou récalcitrant. Trouver celle qui pourrait accueillir sa noble personne. Ah, enfin, la voici ! Miroir presque étincelant au centre de cet espace en décrépitude. Cultivant une paranoïa des plus contrôlées, notre homme n'y vit nul complot et s'accroupit séance tenante.

Fallait-il voir là un signe de dévotion ? Une soudaine illumination issue des hautes instances de la propreté publique ? Les clapotis qui suivirent ne laissaient rien présager de tel.
Le Bibliothécaire



Message Mar 21 Oct 2008 | 12:28  Répondre en citant

Les jambes du Psychiatre l'avaient porté à la fosse mais sa tête était restée au dernier étage. Le Directeur se faisait discret à l'accoutumée, il était désormais parfaitement introuvable : une chambre était déjà passée aux mains des internés, une seconde était en passe de l'être, sans que le Psychiatre eût pu l'en informer. Le savait-il déjà ? Etait-il à l'instant même en train de prendre les mesures nécessaires ? Le doute transperça brutalement ces conjectures : et si, après tout, l'Hystérique avait réellement été missionée par ses soins ? Impensable. Et pourtant, de nouvelles perspectives affluaient de cette simple hypothèse aberrante : le Directeur avait-il pactisé avec les internés ? Mesurant son impuissance, ou anticipant d'autres incidents peut-être, leur avait-il jeté quelques chambres en pâture pour se les aliéner ? Ce processus était-il entièrement sous contrôle ? Et si tel était le cas, le Directeur pouvait-il se permettre de placer ses Instances dans la confidence sans prendre le risque de voir sa stratégie compromise ?

Pour seule réponse, de faibles clapotements lui parvinrent depuis une des cabines, lui évoquant le ballet nocturne des grenouilles de l'étang et sa symphonie de croassements apaisants. Evidemment, il n'avait jamais eu l'occasion d'y assister, et doutait même que l'étang soit habité par un seul batracien, mais il se plaisait parfois, depuis la chapelle, à imaginer l'entendre… Quel mal y avait-il à cela ? En un certain sens, la folie avait quelque chose de poétique, d'accueillant : voir le monde tel qu'on le souhaiterait, à tout prix, en dépit du bon sens et des évidences. Et quel courage avaient ses patients, d'endurer tant de souffrances au nom de la beauté !

Un nouveau clapotis lui fit abandonner ses rêveries. Un clapotis discret, réprimé, un clapotis digne de ce gros anal de Bibliothécaire, docteur ès rétention, dans tous les domaines. Et puis, le genre batracien lui seyait plutôt bien, lui si court sur pattes… Allons, voilà qu'il devenait mauvaise langue. Mais, par jeu, il paria avec lui-même et nettoya avec une lenteur appliquée les traces de sang sur sa gorge, tout en attendant de voir quel diable contiendrait la boîte de faïence.

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Seul qui se perd entier est donné à lui-même
Stefan Zweig
Le Psychiatre



Message Lun 27 Oct 2008 | 0:37  Répondre en citant

Tout à la concentration demandée par son affaire, notre homme n'entendit que trop tard les bruits de pas approchants. Quelques couinements non maîtrisés l'avaient sans doute déjà trahi. Que faire ? Feindre la malformation de tuyauterie ou autre comportement mécanique à l'expression similaire et rester immobile jusqu'à tant que l'intrus disparaisse ? L'affaire semblait risquée devant l'urgence. Lâchons le lest et sortons aussi sereinement que faire se peut.

Un tourbillon glougloutant emportait les dernières preuves lorsqu'il poussa la porte pour se diriger vers les éviers, presque nonchalamment, tentant de reproduire une habitude d'autres. Avouons-le, son penchant à repérer les vides dans les horaires d'occupation l'empêchait de connaître plus que la théorie de la démarche à adopter, mais cela ne devait pas avoir trop d'importance. Il y avait bien là un homme, dont le dos lui faisait face.

Ne pas le regarder, ne pas lui accorder d'importance.

Cette silhouette ne lui disait-elle pas quelque chose ?

Avancer ! Droit devant !

Enfin non, légèrement sur la droite, plus que légèrement même, à l'autre extrémité de cette rangée. Pourquoi l'autre n'occupait-il pas l'évier le plus éloigné, c'était d'un manque de savoir vivre sidérant que de s'installer comme cela au centre de la pièce, attitude presque triomphatrice, dominante tout au moins. Devait-il dire quelque chose pour maintenir l'illusion ? Grand dieu non, il n'y avait là que des fous.

Un fou habillé de blanc…

Quelque chose n'allait pas. Il allait falloir vérifier une fois le délai moyen de rinçage de doigts passé. Ne pas faire ce quart de tour de manière trop guindée tout de même, rester dé—con—tra—cté. Tout se passait bien jusqu'à-ce qu'il aperçût le visage perturbateur.

Oh, c'est vous.
Le Bibliothécaire



Message Lun 27 Oct 2008 | 15:05  Répondre en citant

Loin de la scène poétique qu'il s'était dépeinte, les gémissements étouffés qui parvinrent au Psychiatre depuis la cabine ne purent que renforcer ses soupçons quant à l'identité de leur source. Il continua patiemment ses ablutions, feignant de n'en avoir rien perçu — augmenter le débit du robinet l'aurait trahi et aurait embarrassé l'indisposé. Car malgré leur timbre flûté, le Psychiatre était persuadé que les pépiements étaient ceux d'un mâle.

Dans le même souci de sollicitude mais aussi par jeu, il ne se retourna pas en entendant le loquet cliqueter, mais chercha plutôt qui lui évoquait cette démarche à la fois hésitante et empressée. Les pas s'arrêtèrent un court instant, reprirent, et l'inconnu parvint enfin aux lavabos — du moins, au lavabo le plus éloigné possible, lui exprimant par-là avec une relative précision le déplaisir qu'il avait à se voir privé de sa solitude.

Le Psychiatre se morigéna : ne pouvait-il donc jamais cesser d'analyser les touts et les riens de chaque situation, de chaque individu ? Allons, il était plus que ça. Il se tourna enfin vers le Bibliothécaire (car c'était bien lui !) et accueillit son quart de tour à la souplesse exagérée avec un grand sourire. Ce vieux grigou avait peut-être bien fait disparaître des dossiers compromettants plutôt que ses propres fèces. A la réflexion, les uns valaient bien les autres, d'un certain point de vue.

— Gagné, lui répondit-il tout autant qu'à lui-même.

Il coupa enfin l'eau et se dirigea vers les essuie-mains.

— Je n'aurais pas imaginé vous croiser ici à une heure pareille, ajouta-t-il sur un ton complice. Insomnie ? railla-t-il avec candeur.

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Seul qui se perd entier est donné à lui-même
Stefan Zweig
Le Psychiatre



Message Sam 01 Nov 2008 | 12:24  Répondre en citant

Les épaules retombèrent, le dos se voûta à nouveau légèrement. La souplesse — du moins si ce terme pouvait être adapté aux mouvements du simulateur — disparut après un sursaut de surprise très contenu pour laisser place à un immobilisme observateur rehaussé d'une pointe d'appréhension, légère. Quelle importance de poursuivre la comédie face au Psychiatre. Aucune nécessité ne se présentait de donner des munitions à sa raillerie.

Une expiration plus longue que les précédentes, soudain. Presque un soupir.

Un léger grésillement les accompagnait, laissant percer quelques notes d'une douce musique d'ambiance, aléatoirement. Presque impossible à identifier, pas plus que les exclamations soudaines qui s'échappaient de la bouche de cet homme.

Gagné. Qu'avait-il encore inventé ? Quelle théorie, quelle analyse s'était infiltrée dans son cerveau ? Y avait-il un pari en cours dont il avait oublié l'existence, sur l'un des patients probablement, dont l'échéance serait arrivée à terme ? Non, non, il n'oubliait pas, pas ce genre de choses.

Bonsoir.

Les convenances, oui, reprenons par les bases, un appui salutaire. Un sourire :

A cette heure dites-vous ? Et cela vous étonne. Surprenant. Vous devriez pourtant savoir que j'aime profiter de l'obscurité pour parcourir certaines parties de mes rayonnages. On y découvre les événements sous un autre angle…

Bien évidemment, il se rapprocha pour prononcer ces mots. On ne jette pas ses mots d'un bout à l'autre d'une salle, pas si l'on ne désire attirer d'autres rôdeurs nocturnes.
Le Bibliothécaire



Message Lun 03 Nov 2008 | 11:15  Répondre en citant

Le demi-soupir suivi de politesses obséquieuses étaient des signaux suffisants pour détecter l'agacement que le Psychiatre inspirait à son collègue. Mais c'était là enfoncer une porte ouverte : depuis toujours, ces deux-là entretenaient des rapports électriques. Le Psychiatre ne parvenait pas, de son côté, à se défaire de sa propre exaspération face aux intrigues alambiquées du Bibliothécaire, bien que lui reprocher de donner dans la complexité eût été d'une ironie délectable. Ses petits costumes cintrés, ses airs supérieurs, ses espèces de petites mains manucurées, chaque détail l'exaspérait.

Il lui rendit son bonsoir dans un large sourire hypocrite, avant de s'entendre être pris de haut à son tour. L'éternelle guéguerre de cour de récréation. Mais celle-ci prenait ses racines très profondément, dans les angoisses du Psychiatre, dans celles de son collègue, dans une incompatibilité de nature-même qui interdisait au Psychiatre d'estimer celui qui s'investissait dans un travail dont il désapprouvait jusqu'aux fondements. A la réflexion, le Psychiatre avait peut-être oublié comment perdre la face, le contrôle ; il avait pris l'habitude d'anticiper par trop les réactions et les enjeux de ses interlocuteurs. Ses confrontations régulières avec le Bibliothécaire étaient pour lui une soupape, une sécurité lui permettant de reprendre conscience de sa faillibilité.

Une chance, peut-être, que cette rivalité : jamais, avec aucune autre Instance, il n'avait eu l'occasion de ferrailler de la sorte. Il ne put malgré tout résister à la tentation de se montrer narquois, se défendant finalement de ce que le Bibliothécaire éveillait en lui — mais il aurait le loisir de s'auto-analyser plus tard.

— Ainsi donc, rétorqua-t-il en ouvrant le bras dans un geste théâtral, vous considérez ceci comme vos rayonnages ?

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Seul qui se perd entier est donné à lui-même
Stefan Zweig
Le Psychiatre



Message Lun 03 Nov 2008 | 20:27  Répondre en citant

La taquinerie, les railleries, un défi que son esprit de contradiction ne put s'empêcher de relever, malheureusement à en oublier le reste. Malgré l'agacement de l'habitude, ou peut-être justement par habitude, mais surtout d'un besoin compulsif de remettre les choses à leur place, presque un plaisir jouissif face à l'ordre, il répondit.

La connaissance peut bien entendu se trouver en tout lieu, je croyais vous l'avoir déjà appris.

Mais il n'ajouta pas que ce rayonnage-ci n'était pas forcément plus dégoûtant que certaines archives que le Psychiatre tenait. N'assommons pas immédiatement l'adversaire. Il avait noté depuis quelque temps une tendance de son collègue à être troublé par les réactions de certains patients qu'il lui tardait de mettre à l'épreuve, mais l'échauffement ne faisait que commencer. Déjà, les vermines se rapprochaient. Désolé mes jolies, il n'y aura probablement pas de sang ce soir, à moins que… plus tard… un jour… Se préparaient-elles déjà ?

Selon votre propre manière de voir les choses, il se peut que j'aie appris un peu plus à me connaitre moi-même dans ces conditions, n'est ce pas ? Cela vaut bien un rayonnage. Et vous, qu'avez vous découvert ? Vous sembliez jubiler il y a encore quelques secondes.
Le Bibliothécaire



Message Lun 03 Nov 2008 | 21:45  Répondre en citant

— Vous avez tout à fait raison, répondit-il sur un ton narquois, comme dans un réflexe. Et presqu'après avoir prononcé ces paroles, il réalisa à quel point elles étaient vraies, profondément.

— Oui, vous avez tout à fait raison, répéta-t-il donc dans un souci de sincérité. En tout lieu et en toute chose, pour peu que l'on soit prêt à le voir et l'entendre. Et en chacun également, mais vous me connaissez certainement assez pour vous être douté que je préférerais aborder les choses sous cet angle… Je préfère un matériel vivant, réactif, un travail commun, moins dirigé.

Enfin, quel était ce réflexe puéril et narcissique, cette façon de revenir sur lui-même comme pour se réaffirmer ? Le Psychiatre feignait de le découvrir, ils dansaient tous deux la même ronde depuis l'éternité ; il ne s'agissait que se défendre, de faire la différence entre le Bibliothécaire et lui, de se rassurer : non, je ne suis pas lui, il n'est pas moi. Oui, l'agressivité du Psychiatre venait de son angoisse maladive de devenir ce que le Bibliothécaire lui inspirait : un charognard se repaissant des moindres détritus laissés par l'activité des autres, n'abordant les problèmes que de biais, se souciant moins du bonheur de chacun que du respect de l'ordre établi, en somme, un petit administratif véreux et aigri.

Mais, une fois ce sentiment révélé, le Psychiatre se dut de reconnaître que son collègue ne se résumait pas à cette caricature ; preuve en était la finesse avec laquelle il avait décrit sa propre manière de voir les choses et l'intelligence avec laquelle il lui tenait tête sans sombrer dans la chamaillerie. Oui, il fallait accorder à ce vieux vautour une acuité exceptionnelle, qu'il ne devait de plus qu'à ses propres efforts acharnés.

Ce fut donc sur un ton plus apaisé et respectueux qu'il lui répondit cette fois, non sans toutefois une pointe de mutinerie :

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute… Vous avez cerné ma manière de voir les choses avec une exactitude impressionnante. Avec une telle exactitude que je dois vous avouer avoir effectivement tiré quelque chose de riche de notre entretien. Détrompez-vous cependant, je ne faisais que me féliciter d'avoir deviné à qui appartenaient ces râles étouffés.

Il n'avait pas pu s'en empêcher… Presque pour se faire pardonner, il ajouta :

— Et vous, qu'avez vous donc extrait de ces commodités ?

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Seul qui se perd entier est donné à lui-même
Stefan Zweig
Le Psychiatre



Message Jeu 06 Nov 2008 | 23:13  Répondre en citant

Un acquiescement, des râles à deviner, un fromage… Quoi d'autre maintenant ?

Ne pas exploser, ne pas exploser, ne pas exploser, pas tout de suite…

Tout cela ne pouvait être sérieux. Le jeu se poursuivait, sur de belles bases ma foi. L'adversaire n'était pas malhabile pour garder son calme et simuler l'ouverture d'esprit, mais il y avait plus. il y avait toujours plus, pour son plus grand désespoir. Comment voulez-vous trier tout cela lorsque les éléments fluctuaient constamment. Réorganiser, adapter, et quelquefois expulser le superflu. Encore fallait-il pouvoir le discerner, savoir ce qui allait être inutile dans le futur, ne pas se montrer soudain essentiel à une nouvelle manière d'appréhender cet univers, pour s'éviter un énième reclassement dans un contexte aux nuances subtilement décalées. Que c'était fatiguant, que c'était dangereux également de tenter de rester objectif dans ce domaine en s'adaptant aux limitations d'un monde restreint aux perceptions mouvantes de ses habitants.

Ra… râles étouffés !

Sa tête s'abaissa l'index replié devant des lèvres pincées.

Non… Allons, du calme, tu vas lui faire plaisir et lui donner une raison de se méfier en poursuivant…

Extraire ? Les lieux ne se prêtaient pas vraiment à saisir les problèmes à pleine main, et pourtant… Non, pas extraire. Quelque chose de moins direct. L'énervement le titillait encore à imaginer ces éléments qu'il avait eu tant de mal à digérer. Mais ils s'étaient en allés progressivement, par petits bouts.

Voilà, elle se relève, une ou deux secondes plus tard, l'oeil pétillant.

Ce que j'ai pu tirer de cette expérience ? Eh bien… ma foi… Une conviction de plus en plus forte qu'il est de notre devoir d'évacuer les éléments qui nous pèsent pour atteindre le relâchement nécessaire à une perception plus sereine de notre environnement.

Une idée à génération spontanée, à moins qu'elle ne provienne tout simplement de ses nombreuses lectures… Amusante. Oui, il l'aimait bien. Tiens, une autre ?

Et de votre côté ? Je doute que vous ayez fait le trajet pour travailler votre oreille.
Le Bibliothécaire



Message Mar 25 Nov 2008 | 22:41  Répondre en citant

L'un avance, l'autre recule… Cette distance entre eux deux, inextensible, incompressible, n'avait jamais varié d'un iota depuis des temps immémoriaux. Et pour ce petit rat fumant, ça n'était pas peu dire, ricana intérieurement le Psychiatre. Les défenses de l'un ne se baissaient que pour laisser place aux piques du second.

Et il était tout autant à blâmer que celui qui venait de le provoquer encore : son sourire satisfait en réponse au mouvement de panique de son collègue l'avait trahi. Quand donc cesserait-il de se bercer d'illusions ? Le Bibliothécaire et lui n'étaient pas faits pour s'entendre, et il tentait de s'en duper chaque fois qu'ils étaient de nouveau confrontés l'un à l'autre. Ces frictions étaient vivifiantes, il le savait également depuis longtemps. Se montrerait-il un jour capable de s'abandonner vraiment à une situation, sans chercher ni à la comprendre ni à l'influencer ?

Il tenta, en l'occurrence, de ne pas aller plus loin dans l'analyse et répondit sobrement :

— Pour tout vous dire, je suis venu ici sans réellement m'en rendre compte, préoccupé que j'étais par les événements récents au premier étage.

Il se reprit au dernier moment. Le Bibliothécaire avait-il au moins eu vent de la conquête des chambres ? Venait-il de lui dévoiler quelque chose qu'il n'aurait pas dû savoir ? Le Directeur l'en avait-il déjà informé ? Lui avait-il ordonné de garder le silence ? Le Psychiatre connaissait les rumeurs sur la proximité quasi-surnaturelle entre le Bibliothécaire et le Directeur, il n'en avait pourtant jamais pu être le témoin. Jusqu'à quel point était-il impliqué dans les rixes de l'Asile ? Il tenta de se renseigner à la source :

— Etait-ce à cela que vous faisiez référence ? Je paierais cher pour avoir le cœur plus léger.

Le Psychiatre doutait de pouvoir accorder un quelconque crédit à la réponse de son collègue : celui-ci savait dissimuler ses projets ou ses pensées plus facilement qu'un Paranoïaque. Anal un jour…

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Seul qui se perd entier est donné à lui-même
Stefan Zweig
Le Psychiatre



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